C'est à Aurélien Demaison que je dois cette magnifique
découverte !
GERARDO BOZA vit et travaille au Pérou. Ces œuvres visionnaires oscillent
"entre la violence de l’hyper modernité, et la folle douceur des ambiances
des contes et des mythes".
Ce sont des tableaux complexes et luxuriants. GERARDO BOZA crée
ses propres villes ou bien revisite des villes existantes.
Il travaille à l'encre de chine avec concentration et ... passion.
Pour accompagner des photos trouvées sur le site de l'artiste, une
interview réalisée en novembre 2014 par Aurélien Demaison.
Gerardo BOZA
Gerardo,
quelle est votre histoire en tant qu’artiste ? Depuis combien de temps
dessinez-vous ?
Je
dessine depuis que j’ai 6 ou 7 ans. Mon enfance n’a pas vraiment été heureuse
et j’ai souvent ressenti le besoin de m’échapper de la maison. Seulement en
tant qu’enfant on ne peut aller nulle part sans le consentement de ses
parents…mon refuge ne pouvait qu’être un endroit imaginaire.
J’ai dessiné pour la première fois avec le
bout de mon doigt sur ma jambe pendant que j’attendais de me faire battre, pour
me concentrer sur la douleur qui allait venir. Ensuite j’ai commencé à utiliser
les pages de mes cahiers d’école (ce qui m’a coûté de nombreux coups), ma
famille ne pouvait pas m’offrir des carnets de dessins et elle n’appréciait pas
le fait que je « perde mon temps avec ces ridicules et inutiles
dessins », j’ai donc appris à dessiner par moi-même, mon père savait
dessiner et peindre mais il ne m’a jamais appris…mes professeurs étaient les
seuls à me soutenir.
J’aimais particulièrement dessiner des
soldats (je voulais en être un) qui étaient très présents dans mon pays. En
effet, dans les années 70, le Pérou avait un gouvernement militaire. C’est la
raison pour laquelle j’ai commencé à dessiner aussi des machines militaires car
j’en voyais souvent…en quelque sorte, ce sont elles qui m’ont enseigné le
dessin.
D’où
vous vient votre inspiration ? Sauriez-vous définir votre art ?
Comment
travaillez-vous ? À
partir de photographies, d’images dans les
magazines ou seulement de votre imagination ?
Mon art est ma vie…littéralement. Tous ces
immeubles, machines villes…ils ont tous un sens crypté pour moi et je peux
ainsi parfaitement décrire ma vie. Parfois je raconte des histoires entières
qui n’ont rien à voir avec moi mais il y a toujours un élément personnel. Cela
peut être un petit chat dans le fond, si petit que personne ne le remarque…sauf
moi.
Si je dessine de grands immeubles, c’est
sans doute parce que c’est comme ça que je les ressens mais selon moi un
immeuble peut signifier beaucoup de choses. Pour résumer, mon art est mon
langage (je sais que c’est un cliché, beaucoup de gens disent ça, mais pour moi
ça a du sens), mon inspiration vient de l’intérieur, mais j’ai aussi besoin
d’improviser si je vois quelque chose que ce soit une ombre, une machine, un
immeuble…quelque chose qui «capture » mon attention ; je deviens
ainsi hypnotisé, continue à y penser et très souvent je l’inclue dans ma
prochaine image. Mais depuis que ma mémoire et mon imagination sont mes principales
sources d’inspiration, l’objet que je garde dans mon esprit n’est pas le même
quand je le dessine : il souffre de transformations, d’une métamorphose et
j’ai tendance à améliorer ou recréer l’objet avec un aspect qui me plaît un peu
plus…ou qui ne me plaît pas si je ne suis pas de bonne humeur.
J’imagine donc des photos, des
images…j'entends parfois une histoire et je la visualise. Si elle
m’impressionne, je peux la "voir" dans mon esprit (en fait, je pense que cela arrive à tout le monde)
aussi longtemps que cela me touche et laisse ainsi une marque au fond de
moi : j’en fais ainsi un élément d’une sorte de "répertoire"
mais dans lequel je ne me rappelle pas d’images en particulier.
Vous êtes un
excellent dessinateur qui utilise avec une grande maîtrise le noir et blanc
mais vous pouvez tout aussi bien apposez des couleurs lumineuses dans vos
compositions. Y a-t-il des artistes qui vous ont inspirés dans ces deux
approches ?
J'ai découvert, plus tard dans ma vie, les œuvres d’artistes très différents…mais ce que j'aime, c’est découvrir ceux qui n’ont pas le même style que moi.
Je me souviens quand j'avais 16 ou 17 ans, j’avais découvert une gravure de Gustave Doré qui m’avait vraiment marquée, c’était la seule que je vis à l’époque…évidemment par rapport à maintenant, vous n'aviez pas le même débordement d'informations.
Quand je repense à ma jeunesse, je devais trouver l'inspiration d'où je pouvais…et c’était la plupart du temps une seule image que je que je trouvais dans un livre, sur une affiche publicitaire ou quelque chose dans le genre.
Maintenant, c’est différent, j'ai accès aux images par les livres d’art que j'achète ou sur l’Internet (je n’ai pas pu aller dans des musées ou des galeries ces derniers temps pour des raisons liées à mon travail : j’ai vécu au milieu de la jungle péruvienne…j’espère pouvoir y retourner maintenant que je suis revenu à Lima)
Des
machines de guerre, des avions, de grandes villes avec d’immenses immeubles ou
encore des corridas…vous avez un univers vraiment singulier. Pourquoi ces
sujets ?
Ces éléments ont tous une part symbolique dans ma vie,
ils pourraient être
à la fois ce qu'ils sont ou ce
qu'ils représentent. Par exemple, pour moi un tank
n’est pas seulement une machine
de guerre, c’est aussi une entité autosuffisante presque impossible
de détruire ou alors une cachette
en plein milieu de la guerre…un
endroit où j’aurais voulu me cacher
quand j’étais un petit garçon et que mes
parents me fouettaient ou me battaient, et que
je n’avais nulle part où aller. Je suppose que c’est
donc une séquelle de mon enfance.
Je ne représente donc pas le tank comme un instrument de mort, c’est tout simplement un objet; ce sont les gens qui tuent, pas les tanks parce qu’ils sont inanimés. Vous pouvez le constater si vous avez déjà vu un monument commémorant une bataille ou une guerre.
Ce que je veux dire, c’est que ce que vous voyez dans mes dessins est symbolique et signifie quelque chose de mon passé : les corridas, les bâtiments, etc…
Je ne représente donc pas le tank comme un instrument de mort, c’est tout simplement un objet; ce sont les gens qui tuent, pas les tanks parce qu’ils sont inanimés. Vous pouvez le constater si vous avez déjà vu un monument commémorant une bataille ou une guerre.
Ce que je veux dire, c’est que ce que vous voyez dans mes dessins est symbolique et signifie quelque chose de mon passé : les corridas, les bâtiments, etc…
Je suis un chrétien évangélique maintenant : j’en suis devenu un il y a quelques années. Vous voyez peut-être
qu’il y a une différence entre ce
que je faisais avant que je sois chrétien et maintenant que je le suis devenu.
Je n’ai pas beaucoup de photos de ce dont je voulais parler à portée de main car pour le moment, c’est difficile pour moi d’illustrer le changement dont je parle…cependant, mon art est devenu plus coloré, moins sombre…le tank habituel sera toujours être là, car j'aime reprendre certaines choses ; un artiste est toujours en constante transformation, particulièrement dans ces circonstances.
Et ça sera toujours le cas en ce qui concerne les détails, mais maintenant, je dois vous dire que je peux voir la couleur et la lumière.
Merci pour votre temps et pour votre intérêt.
Dieu vous bénisse et les vôtres.
Je n’ai pas beaucoup de photos de ce dont je voulais parler à portée de main car pour le moment, c’est difficile pour moi d’illustrer le changement dont je parle…cependant, mon art est devenu plus coloré, moins sombre…le tank habituel sera toujours être là, car j'aime reprendre certaines choses ; un artiste est toujours en constante transformation, particulièrement dans ces circonstances.
Et ça sera toujours le cas en ce qui concerne les détails, mais maintenant, je dois vous dire que je peux voir la couleur et la lumière.
Merci pour votre temps et pour votre intérêt.
Dieu vous bénisse et les vôtres.
GERARDO BOZA EXPOSE EN FRANCE A LA GALERIE SONIA MONTI
" La galerie Sonia Monti accueille l’artiste Péruvien Gerardo Boza.
Gerardo Boza est un artiste autodidacte de nationalité Péruvienne,
qui exprime sa vision du monde à travers ses dessins en noir et blanc.
Sa forme particulière de voir le monde, se voit réfléchie à moitié par
l’encre de Chine avec laquelle il crée ses peintures. Dessiner un grand
escalier, pratiquement noir et blanc, c’est un but.
En plus d’un aspect, le manque de couleur limite les possibilités
créatrices, puisque les couleurs sont des outils pour exprimer des
sentiments et de la profondeur.
Cependant, pour Gerardo Boza, le manque de couleur
ne suppose pas un obstacle, ses toiles montrent le talent pur et les
perspectives, détail minutieux, car ils transmettent un message profond
cryptée dans les images qu’il nous offre. Remplir une grande surface
avec la pointe d’un crayon, représente un processus très complet, qui
requiert un maximum de concentration et surtout de la passion. Sa
passion pour l’art est l’élément central de ses œuvres, c’est ce qui
l’a accompagné durant tout le processus créatif et l’aide à compléter
les dessins sans perdre la perspective ni l’inspiration, quand l’aspect
technique de dessiner des ouvres si détaillées s’empare du dessin.
Les structures de Gerardo Boza reflètent des
qualités humaines dans le fond toute structure n’est pas plus que le
reflet des personnes pour lesquelles il fut en charge de leur
construction ou bien de ce qu’elles étaient habitées. Pour cette raison,
ses structures reflètent l’ambition, la simplicité, la complexité de la
conception, exubérance, le luxe et l’opulence.
Il aime l’histoire et il la voit se refléter dans ses structures, il
existe une histoire particulière dans chaque édifice, anciens et
nouveaux, et il les dessine à son goût. Il préfère créer ses propres
villes ou bien ré-arranger des villes existantes, à sa propre volonté.
De la même manière que si quelqu’un créait ses propres phrases dans une
langue secrète que Gerardo Boza nous offre à travers des images qu’il dessine."
(cliquer sur les liens )
GALERIE SONIA MONTI
6 avenue delcassé
75008 paris
Tel : 01 45 61 45 56
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