Vous avez jusqu'au 2 avril pour visiter la très belle exposition de la Galerie " D'UN LIVRE L'AUTRE".
Carte blanche a été donnée à Christine Magne et elle a choisi de présenter un artiste dont elle suit le travail depuis longtemps JEAN KIBOI .
Découvrez ce si particulier univers "kibuesque" , l'univers de celui que Denys-Louis Colaux décrit comme " un hors-la loi", "un hors-la-norme" , " un paquet de foudre expulsé du ciel et une lave furieusement détersive jaillie du sol" .
Dans un très beau texte écrit pour lui on peut lire :"C’est quoi Kiboi ? C’est l’ébriété sous une forme picturale ou sculpturale. Du vin pictural ! Ebriété, extase du vin, ivresse, nausée, dégueulis, c’est tout ça, en majesté et en raide déglutition, en restitution inopinée, des fois. Le truc en version intégrale, sans censure, sans coupure, sans pudique ellipse, sans voile, sans hypocrisie. C’est de la volonté en joie, en force, un faune en force, Kiboi. Et du tout mauve dépit ! C’est quoi Kiboi ? Des trucs qui décapent la tuyauterie, qui foutent le feu aux viscères, aux boyaux des yeux, aux stores et aux paupières, aux muscles et à la viande des mains !"
" Kiboi, c’est un type qui semble à tout instant, par tous les moyens d’art dont il dispose, avec tous les matériaux qu’il recueille ou invente, s’arracher à l’inertie, à la résignation, à l’obéissance. Kiboi, c’est l’artiste-tumulte, le réfractaire, l’insoumis. Oui, ça aussi, sans doute, un point de rencontre original, phénoménal, dynamique, efficace entre l’intelligence et l’instinct. "
Denys-Louis Colaux
( Photos Christine Magne, Agnés Brami, Frédérique Magnier )
Et pour accompagner ces photos un texte d'Emile Brami, propriétaire de la Galerie :
"Pour définir son travail, Jean Kiboi parle d’univers «Kibuesque », sa façon de dire que le monde qu’il essaie de traduire à travers sa création est celui du Père Ubu : grossier, cruel, injuste, intéressé, dur aux faibles, complaisant avec les puissants. À travers le choc que l’on ressent d’abord en regardant ces corps tordus, torturés, ces gueules cassées, ces fous hurlant leur détresse, ces personnages emprisonnés dans des boites trop petites pour eux, Jack l’éventreur sa feuille de boucher ensanglantée à la main, on ne peut que se rendre à l’évidence : ce monde est bien le nôtre.
Mais il faut prendre le temps de mieux voir. Aller au-delà de cette première impression dévastatrice, pour comprendre que le regard de Jean Kiboi est toujours compatissant, toujours empreint d’une humanité profonde. Que l’artiste se place résolument du côté des victimes, de ceux que l’on prive à tout jamais de parole et à qui il prête sa voix tonitruante. Tout se transforme alors et l’horreur de la vie et son absurdité sont magnifiées par la seule chose qui peut les rendre supportables : la poésie.
Et l’on s’aperçoit que, comme Rimbaud, Kiboi pourrait écrire : « Il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète ». Car il s’agit bien de cela, à travers ses dessins, ses totems en matériaux de récupération, ses peintures à l’incroyable puissance d’évocation, Jean Kiboi qui aime Rimbaud, Baudelaire, Queneau et bien d’autres, qui considère Calligrammes d’Apollinaire comme un chef-d’œuvre absolu, est, d’abord et avant tout, un poète. Un poète des formes comme d’autres le sont des mots. Et, s’il en fallait une preuve, il suffit de se laisser emporter et de rêver éveillé en regardant son merveilleux et si onirique Pêcheur de lunes, aussi « léger et soluble dans l’air » qu’un vers de Paul Verlaine."
2, rue Borda, 75003 Paris
LE SITE DE LA GALERIE
JEAN KIBOI ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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