Elles se sont rencontrées en 2014, de cette rencontre sont nés un texte " De l'ombre au soleil" et un poème " Végétales".
Voici aujourd'hui IZABELLA ORTIZ VUE PAR CENDRINE LECAPLAIN :
Végétales
Ondes
féroces
Caressées embrassées par la nuit
Gémissements
sourds
hahannés par les roches sombres
qui sommeillent en deçà
Le vent convoque les épousailles
au sabbat sacré des éléments
La sorcière tisse
les chants du monde
au fil des lucioles dont les constellations hagardes
engendrent l'éveil au cœur de minuit
Sœur
Sœur
Chevauchée inlassée
de nos espoirs aux paupières lourdes
Allons semer des rêves
au cœur des hommes
que leurs portes et leurs femmes ne protègent pas
de nos rires évanouis dans le miroir des ondes
de l'appel des forêts
De l'ombre au soleil
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IZABELLA ET LES GRIGRIS
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Izabella est aussi photographe ...
Voici aujourd'hui IZABELLA ORTIZ VUE PAR CENDRINE LECAPLAIN :
Végétales
Ondes
féroces
Caressées embrassées par la nuit
Gémissements
sourds
hahannés par les roches sombres
qui sommeillent en deçà
Le vent convoque les épousailles
au sabbat sacré des éléments
La sorcière tisse
les chants du monde
au fil des lucioles dont les constellations hagardes
engendrent l'éveil au cœur de minuit
Sœur
Sœur
Chevauchée inlassée
de nos espoirs aux paupières lourdes
Allons semer des rêves
au cœur des hommes
que leurs portes et leurs femmes ne protègent pas
de nos rires évanouis dans le miroir des ondes
de l'appel des forêts
De l'ombre au soleil
Je
n'attendais rien, en entrant dans la petite église de René - pire,
j'attendais peu, comme si un village de Sarthe, en automne, n'avait rien
eu à m'offrir qu'une potentielle désillusion.
Je
me suis arrêtée au seuil du bleu percé d'or d'un triptyque dont je ne
me souviens plus des détails, mais dont je me souviens que j'ai pensé à
Van Gogh, à la nuit étoilée et aux tournesols qui s'élancent comme des
galaxies esseulées, réinventant l'espace à fleur de vase.
Le
travail du peintre me touche quand, quels que soient les moyens qu'il
s'est choisi, il ouvre une porte vers une dimension que j'ai toujours
pressentie mais que, sans lui, je n'aurais jamais abordée d'une façon si
frontale. Il ne s'agit donc pas de contempler, mais d'entrer.
En
cette église, d'un coup j'ai senti la nuit du chamane, la parole des
morts, des esprits, de ce qui bruit dans l'ombre en attendant d'être
décapsulé pour entrer dans la sphère des rêves et par là, des vivants.
J'ai
pensé au Mexique, aux couleurs comme tatouées sur les choses pour en
crever la peau et révéler comme le monde nous regarde, nous qui croyons
le regarder.
Les
tableaux d'Izabella Ortiz ressemblent à des incantations proférées au
carrefour du rêve et - me semble-t-il - souvent, de l'eau : créatures
déliées, jamais solides, toujours prêtes à s'enlacer les unes aux
autres, à s'infiltrer, à s'enrouler et se déployer - telles des algues
dont le léger mouvement est pourtant ici imprimé par l'espace d'une
danse, d'une pulsation à la fois intensément vivante et menaçante comme
la nuit,
pour ceux qui la craignent.
Cette
fête païenne m'a semblé admirablement à sa place dans cette église,
comme si le grondement d'un tambour, le chevauchement des loas
trouvaient à s'inviter dans la lumière tranquille des prières des
statues, qui ont l'air sage mais n'en portent pas moins la foudre - car
où est l'esprit, est le feu.
Ainsi
suis-je restée à rêver dans le chant doux et âpre de ces tableaux qui
me parvient encore aujourd'hui comme une embrasée fugace mais
éveillante, belle et dérangeante, spirituelle sans confession rapportée.
L'art au détour d'une arche, si près.
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