mercredi 7 septembre 2016

MARC NUCERA SCULPTEUR































Et pour accompagner mes photos aujourd'hui le texte que Monique Chabaud a écrit pour la venue de MARC NUCERA au Musée Auguste Chabaud ...

Marc Nucera

La force du travail.
La maitrise du geste.

En cette fin d’année 2016, le musée Auguste Chabaud, pour donner suite à la belle rencontre avec le sculpteur Michel Pozetto et ses figures sacrées, ouvre ses portes à un nouvel artiste de talent, Marc Nucera, sculpteur dans l’âme, enclin lui aussi, à rendre hommage au grand fauve, autour d’un dialogue sensible, avec la présentation de ses œuvres monumentales d’une étonnante modernité.
Marc Nucera est sculpteur d’arbres. Son approche totalement instinctive et intuitive mais d’une grande maitrise, est celle d’un « homme -chaman ».
Empreint de spiritualité, il possède le sens de la magie, et de ses mains fait naître l’improbable, nous révélant des œuvres d’approche totémique, figures de vénération, contemplatives et méditatives, possédant certains pouvoirs. L’artiste est à l’écoute de la nature, de ses bruits et de ses murmures, à l’écoute des arbres, du vent qui bruisse dans les feuilles, sensible aux vibrations, au fluide de la sève ruisselant dans leur veine, à leur dialogue dont il semble connaître les signes et percer le mystère.
Il module avec habileté leur ossature, leur carcasse, leur excroissance osseuse, suit la trame de leur corps, creuse leur courbe pour les mettre en révérence, en contorsion, en flexion, comme en prière, exprimant ainsi le mouvement par ses ondulations graphiques. Il les fige parfois dans une statique et monumentale immobilité, dans un parfait équilibre, oscillant entre force et fragilité.
Il donne sacralité à sa tronçonneuse, objet du quotidien, outil de son travail, qu’il manie avec aisance, dans une chorégraphie gestuelle et corporelle, à l’instar du violoniste jouant avec son archet, ou le danseur dans une grâce animale, avec sa partenaire.
Ses sculptures d’une humble grandeur, agencées dans son immense jardin, celui digne d’un conte de fée ou d’un paradis rêvé, conversent « des choses de l’éternité », de l’immensité de ce monde, nous élevant du terrestre pour rejoindre la grâce et la plénitude des espaces célestes.
Un dialogue silencieux s’établit entre le ciel, les étoiles, la lune, le soleil et le cosmos.
Au fil du temps, elles sommeillent sous les rayons du soleil ou les gouttes de pluie, captent la lumière à travers leurs interstices, porteuses enfin d’immortalité et vouées ainsi à l’éternité.
Ses « cœurs d’arbre » selon l’expression de l’artiste, de forme cubique, continuent de battre, gardant ainsi l’âme de ses arbres défunts.
Cette communion avec la nature et ses éléments avait également été le choix de Chabaud, exposant de son plein gré, ses sculptures de pierre dans son jardin, avec le désir de les voir se modeler et se façonner, dans un but esthétique, sous la douce érosion et la patine du temps, leur donnant ainsi une charge émotionnelle supplémentaire, celle du vécu, de la sagesse et de la pérennité.
Les femmes de Nucera, déesses de la fécondité, figures monumentales, pleine de force et d’allégresse nous révèlent une grande humanité. Elles sont généreuses et nourricières comme les baigneuses de Chabaud, dévoilées à cette occasion, peintes sur une large toile dans un trio puissant. La rencontre s’annonce extraordinaire entre les deux artistes, évoquant la femme maternelle aux courbes enrobées, porteuses de vie, à l’origine du monde, suggérant ainsi, cette année encore à la veille de Noel, le thème de la nativité et de la vie éternellement recommencée.
Quand aux provençales en méditation sur la colline de Chabaud, Parques perchées dominant le monde d’un regard généreux, elles vont se retrouver face à face avec celles du sculpteur, nées de l’arbre, déesses provençales en position hiératique, cariatides totalement mystiques, en sage et silencieuse contemplation devant Dame Nature qui s’offre à elles. La statique et sublime monumentalité de l’œuvre des deux artistes se rejoint.
La sculpture de Nucera , nous révèle son empreinte graphique faites de stries, de traits et de courbes dynamiques dans une palette de craies sanguines, couleurs chaudes de la terre , reflets bruns de terre brulée exprimant mouvance et dynamisme avec virtuosité. Quelques dessins de l’artiste viendront illustrer cette approche du dessin essentiel dans son travail de sculpteur.
L’œuvre de Marc Nucera est sculpturale mais également graphique et picturale tant sont riches et surprenants les abords nuancés de sa matière boisée.
La modernité de cette œuvre empreinte des grands courants de l’art du XXème siècle, expressionisme, art brut, cubisme, futurisme et abstraction est d’une contemporanéité révolutionnaire par sa monumentalité et sa singularité, et digne des grands noms du Land Art.
Marc Nucera demeure malgré tout un artiste libre, on va dire marginal et qui ne se soucie plus du regard des autres. Il se situe hors du système de l’art avec la volonté de créer mais sans nécessairement le souhait de s’inscrire dans un champ artistique avec la reconnaissance qui va avec.
Détaché de toute contraintes esthétisantes, et de toute forme de normalité, seule la raison du cœur l’emporte. Amour, passion, volupté, fulgurance génèrent sa virtuosité.
Cette liberté est synonyme de richesse car elle rend l’œuvre de l’artiste unique et lui insuffle une force d’une extrême vigueur.
La communion étroite avec la nature reste le lien fondamental qui unit les deux artistes. Marc Nucera aurait très bien pu citer à l’instar de Chabaud :
« je suis en communion avec la nature qui m’entoure, je ne veux être l’esclave que de la nature et de mon cœur, et puiser, sans intermédiaire, à même la vie ». ou encore, « Mes œuvres prennent toute leurs sources dans la nature, seule base inflexible sur laquelle échafauder une œuvre d’art, et hors de laquelle tout est folie » et de conclure « Les maîtres admirables qui ont laissé leur trace indélébile dans l’histoire de l’Art, ces maîtres que les Joseph Prudhomme de l’Art invoque contre nous, j’ai la prétention de ne pas les trahir. Je les vénère avec ferveur, avec reconnaissance, avec attendrissement. Mais j’estime que la seule façon de les honorer, c’est de ne pas être leur esclave ».
Le sculpteur, qui , à l’instar de Chabaud, est aussi un penseur, ne rajoute t’il pas en parlant de son travail, « Une révolte pour vouloir croire en une humanité. Car le langage du cœur démontre l’existence d’un monde parallèle, indissociable de notre réel ».
Il nous déclame aussi en tant que poète, « vouloir croire que la poésie, ce sont des actes sacrés, que les Arts vrais sont l’avenir ».

Un face à face puissant avec le Maître qui risque de faire « vibrer » les murs du musée Auguste Chabaud en cette fin d’année 2016.



LE SITE DE MARC NUCERA

MARC NUCERA A CHAUMONT SUR LOIRE

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UNE VIDÉO

"Nucera, à fleur de bois", un film de quarante-cinq minutes de François Manceaux a été
réalisé sur l'artiste

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