vendredi 21 octobre 2016

VINCENT CORDEBARD : CHAIR-MERE

 J'avais été fascinée par la violence paisible des "Conversations faites à un enfant mort" 


 


 VINCENT CORDEBARD  donne à voir aujourd'hui " Chair-Mère" ...

"Et cette petite histoire si compliquée qui fut la sienne: histoire faite de folles espérances, de fêtes fabuleuses, de douleurs insondables, de terribles secrets, de noms oubliés ou longtemps interdits, c'est au fond la chair-mère de mes langages"

 







 













 

 




 

Moi, Artaud, ma mère et Photoshop 

 Trente sept mille trois cent quatre-vingt treize! Pour moi, l'affaire aurait pu s'arrêter rapidement si autour des vingt mille, à quatre jours près - très précisément 54 ans 8 mois et 4 jours- ma chair , après de multiples abandons ou séparations douloureuses, ne s'était heureusement enrichie d'une "autre" dont, depuis cinq mille deux cent quatre-vingt quinze jours à l'heure où je commence ce texte, je suis l'hôte reconnaissant ; hôte fragile et douloureux mais redevable "à vie" d'autres douleurs plus grandes, lointaines et anonymes. Trente sept mille trois cent quatre-vingt treize ? Ce fut le temps d'une vie qui vient de s'éteindre, il y a peu. Un corps simple. "Un corps simple peut avoir une figure très compliquée." C'est ainsi que commence, portant la date du 3 février 1947, le cahier d'écolier - couverture marron claire, vingt pages, papier réglé -, premier cahier des Cahiers d'Ivry dont la "chair" m'accompagne depuis quatre ans. A cette époque - février 1947- , Antonin Artaud commence à écrire " Van Gogh, le suicidé de la société". A Ivry, donc, où il vit , libre après 9 ans d'enfermement psychiatrique à Rodez, Artaud écrit, dessine , gribouille pour " incarner son corps". 3 Février 1947, c'est à peu près la date où je chassais mon Besson pour naître seul quatre mois plus tard. Trente sept mille trois cent quatre-vingt treize, donc; dont vingt cinq mille cent soixante-dix sept pendant lesquels mère et moi avons habité la même Terre et traversé la même Histoire commune; mais si difficilement nos petites histoires réciproques. Ce que j'ai su d'elle ne m'est arrivé comme un fleuve que dans ses derniers mois. De moi, en échange, elle n'aura pas su grand chose. Un corps simple, disions-nous, peut avoir une figure très compliquée. Et cette petite histoire si compliquée qui fut la sienne: histoire faite de folles espérances, de fêtes fabuleuses, de douleurs insondables, de terribles secrets, de noms oubliés ou longtemps interdits, c'est au fond la chair-mère de mes langages . " Nous sommes ce qui nous somme." Sans doute, cette phrase inscrite un jour sur le mur de mon atelier, trouve-t-elle aujourd'hui plus de sens; atelier, où les forces me manquent pour redescendre. Alors je photo-choque, sur mon écran, dans une économie infiniment paisible, deux corps simples, " car ils en ont trop dit en naissant pour ne pas renaître " . Photoshop donc pour " la rencontre de la tour de Babel avec la tour de Pise". " te ema aman ta ema ema natar" " merde !"



CONVERSATIONS FAITES A UN ENFANT MORT


 LE SITE DE VINCENT CORDEBARD

VINCENT CORDEBARD ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

(cliquer sur les liens)



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire