jeudi 17 novembre 2016

MARC NUCERA AU MUSEE AUGUSTE CHABAUD A GRAVESON

Septembre 2016 nouvel arrêt chez MARC NUCERA ....












 Et pour accompagner mes photos un texte d'Annick Tarbouriech :

La tronçonneuse de Marc
 
    " Mon amie s’installe sur le banc, et moi, à l’autre bout ; il est vrillé en son milieu, comme griffé, je le caresse, oh! un petit fragment à peine plus gros qu’une écharde a sauté, son encoche dévoile le cœur sombre du bois. Lapsus, je viens d’écrire : du moi. Oui, l’œuvre d’autrui nous révèle à nous-mêmes. Monique et moi, plongeons toutes deux notre nez à fleur de tronc, reniflant, avides de parfum, ne parvenant pas à en reconnaître l’essence. Dans ses rainures se sont glissées des brindilles de cyprès. « C’est du cyprès », dira Marc.
   Petite halte, nous bavardons presque sans bruit, tendant l’oreille l’une vers l’autre ; des gens sortent du mas de la Dame, au pied des Baux-de-Provence, en plein été. Derrière nous se dresse une œuvre du sculpteur dont un très beau film vient de nous révéler le travail. Et ce simple geste de m’assoir sur ce banc, me ramène à mes racines : me voilà aux côtés de mon grand-père Joseph, sur un tronc posé devant sa remise ayant abrité un cheval puis un tracteur, où chaque jour je l’entends bavarder avec d’autres vignerons aux mains brunes et noueuses comme les siennes. J’ai oublié les visages (pas le sien) et les mots en patois - on ne parlait pas alors d’occitan - les mots légers, rigolards, enflammés, profonds, banals, criés ou murmurés autour du tronc silencieux. De quel arbre ?
   Dans la fournaise de l’après-midi, Marc nous a offert un thé brûlant, sous sa tonnelle entourée d’herbes folles, jaunies, qu’il aime ainsi « hautes », et dont émergent quelques unes de ses sculptures, le long d’une haie de cyprès, il me semble. Encore des cyprès. Choc de ses œuvres aux formes longues ou rondes, semblant partager parfois l’arbre en deux comme des jumeaux reliés dans le ventre maternel. Formes aérées, aériennes ou lovées sur elles-mêmes, généreuses, puissantes comme des pachydermes. Courte visite. Mystère de cet homme dans la solitude et le bruit assourdissant de sa tronçonneuse. « Il faut s’y mettre », annonce-t-il souriant dans le film. Hésitation, doute, vision de l’effort à venir. Création. « Cela fait trois heures », conclut-il transpirant. Trois heures de maniement de tronçonneuse, muscles saillants. La tronçonneuse, Marc me la fait voir d’un autre œil. Cet outil aux dents acérées, appelant un geste brutal, court, il le manie longuement, alliant force et douceur. Maîtrise. La lame s’anime, entaille, s’enfonce, plonge au cœur de l’arbre, ressort, effleure la surface s’immobilisant presque, la lisse, la marque à nouveau, suivant les veines, le dessin tracé au préalable sur le tronc, repris graphiquement en noir sur du papier blanc, évoluant au rythme de l’œuvre, des vibrations de la tronçonneuse, véritable archet de ce sculpteur. Scie musicale.
   Les arbres, Marc Nucera les connaît bien, comme mon grand-père autrefois ses pieds de vigne."

LE VERNISSAGE AURA LIEU LE 25 NOVEMBRE A 18 H  !
AU MUSÉE AUGUSTE CHABAUD A GRAVESON




LE SITE DE MARC NUCERA

MARC NUCERA A CHAUMONT SUR LOIRE

D'AUTRES PHOTOS

UN LIEN

UN AUTRE LIEN

UNE VIDÉO

"Nucera, à fleur de bois", un film de quarante-cinq minutes de François Manceaux a été
réalisé sur l'artiste

(cliquer)


Et quelques dessins au mur de l'Atelier













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