Il y a 7 ans nous partions visiter l'église de FLINES-LEZ-RACHES ...( ICI)
Les années ont passé ....
LA FRESQUE DE PHILIPPE AINI est toujours cachée ...
Alors espérons pour cette année la restauration et LA RÉHABILITATION de cette oeuvre importante. Nul n'est prophète en son pays on le sait bien, PHILIPPE AINI est connu dans le monde entier et ce qui s'est passé à FLINES-LEZ-RACHES est édifiant .
Alors que FLINES-LEZ-RACHES fasse de cette fresque un atout et une raison de venir .
A l'heure où l'Art Brut a le vent en poupe et où les visites insolites passionnent les visiteurs il est grand temps d'agir !
DIX ANS DEJA !
INQUISITION : ART, RELIGION ET...
BIGOTERIES
ou
LE LONG MARTYRE DE PHILIPPE AÏNI.
"Une fresque n'est pas une oeuvre de fiction :
cela vit, respire, c'est avec nous, c'est en nous, aujourd'hui, c'est un don
!"(P. A. )
Voici une douzaine d'années, Philippe Aïni, résidant
alors en Normandie, était contacté par des gens de la petite commune de Flines-Lez-Raches,
près de Douai. Ils disaient "aimer son travail" : l'église
Saint-Michel était dans un état déplorable ; une association s'était créée
pour rénover le bâtiment ; une exposition était programmée, visant à drainer
vers ce lieu sacré, une foule de touristes : les organisateurs souhaitaient
son aide. Lors de la réunion de mise en projet qui eut lieu à la mairie,
Philippe Aïni proposa de créer une fresque, à condition qu'elle "reste
définitivement en place", c'est-à-dire, indépendamment des limites
temporelles de l'exposition. L'idée fut adoptée.
L'artiste qui pénétra dans l'église pour repérer les
lieux ne pressentait ni le coup de foudre qu'il allait ressentir, ni les
soucis et les angoisses qui allaient bouleverser sa vie. Tout de suite, il sut
avec certitude que l'Endroit où il placerait sa fresque était une abside à
cinq pans, au fond de laquelle se trouvait un confessionnal. "Laissez le
confessionnal, je travaillerai autour", dit-il. Des mois durant, il
travailla. Dans son style tellement personnel, hors des sentiers battus, il
conçut une oeuvre très forte, de pur respect. Lui qui n'avait jamais été
croyant, offrait "au Dieu du village, une fresque construite avec toute
son âme" : un travail de 13 mètres de long sur 7 mètres de hauteur, comprenant
90 personnages. Une oeuvre pour laquelle l'artiste s'engagea financièrement
sans jamais demander le moindre centime à la commune. Pendant tout ce temps,
son seul contact avec l'extérieur fut la visite du curé et les villageois
venus commenter son travail et sa progression, et lui apporter café et
cigarettes.
L'inauguration eut lieu le 21 juin 1990, en présence de
six cents personnes, parmi lesquelles le maire qui fit un beau discours, le
Conseil Municipal, les Membres de l'Association de sauvegarde de l'église et
des responsables des Monuments Historiques ; Georges Ages, Vice-président de
l'Assemblée Nationale, des journalistes, etc.
Tout allait bien, pour Philippe Aïni. Bien ? A quelques
jours de là, des appels téléphoniques anonymes le menaçant de mort,
alertèrent l'artiste. Le livre d'or disparut de l'église. Des bombages
insultants parurent sur les murs autour de la fresque. "Quelqu'un"
cassa des doigts des personnages. "On" jeta de l'acide sur les
sculptures. "On" mutila Adam et Eve. "On" versa du gros
sel dans les orifices ainsi pratiqués. Pourquoi du gros sel ? Pour conjurer
le mauvais sort, bien sûr ! Sommes-nous donc au Moyen-Age ? Hélas, il semble
bien que oui ! Car rares sont les religions où, aujourd'hui encore, bigots et
intégristes ne sévissent pas ! Cette fresque "gênait" à l'évidence
ceux qui, quelle que soit l'époque, feront "toujours" partie des
censeurs ; et dont la culture sera toujours plus proche des saint-sulpiceries
que de la création originale !
Des élections approchant, la panique s'abattit sur le
village. Le maire essaya de convaincre Aïni que "parce que les gens
disaient que..." (eux qui
l'avaient si amicalement accompagné dans la gestation de son oeuvre !), il
pourrait peut-être... ? Les "supporters", face aux chantages, se firent
de plus en plus rares... Les brebis galeuses devaient avoir le bras long ou
la lâcheté activiste, car un jour parvint à l'artiste une lettre officielle
du maire de Flines-Lez-Raches, le sommant de retirer sa fresque !
Immédiatement alertées, la presse locale, FR3-Nord,
TF1... soutinrent le sculpteur, au nom du "respect de la création
artistique". Un avocat rouennais intervint. Sous l'impulsion de
Mirabelle Dors et Jeanine Rivais, les artistes du salon Figuration Critique
alors à son apogée envoyèrent à la mairie une lettre de protestation. La
fresque resta en l'état...
Mais les pressions souterraines, le chantage
continuèrent. Des employés de la mairie furent menacés de renvoi ; le curé,
tancé par l'Archevêché, fut nommé ailleurs. Son remplaçant pense "comme
il faut". Après une accalmie sans doute due à l'émotion médiatique
nationale et au nombre de pétions arrivant de partout, les sommations
officielles reprirent. La tension faillit tuer Philippe Aïni qui fit
plusieurs infarctus !
Dix ans après, où en est la fresque ? Toujours en
place, ce qui est tout de même une victoire ! Mais en piteux état ! Et le
visiteur qui fera un jour un pèlerinage vers cette oeuvre violente et
originale, forte et spontanée, s'entendra dire, en allant chercher la clef
chez ce curé qui "pense" si bien : "Vous avez fait tant de
chemin pour venir voir "ça" !"
Il faut pourtant continuer d'y aller, comme l'on va à
la fontaine un jour de grand soleil ! Pour le caractère sacré dont rayonne cette oeuvre, malgré les avanies et
la pénombre ; et puis pour soutenir dans sa résistance, un créateur devenu
symbole de ceux qui, trop souvent, de par le monde, sont crucifiés à cause de
leur insoumission !
Jeanine Rivais.
LA FRESQUE DE PHILIPPE AINI
PHILIPPE AINI ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
ET ICI
CHEZ JEANINE RIVAIS
(cliquer)
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