dimanche 17 septembre 2017

OU IL EST QUESTION DE DEMIN ...

"Quelques mots font osciller la doxa : « Détrompez-vous, les anges ont un sexe et ils ne pensent qu'à ça ». Dans  l'espace à peine éclairé, des créatures, en attente, en tension, en position vous invite à franchir le seuil. Les pas s'avancent dans la césure et savent déjà qu'ils pénètrent un lieu intermédiaire, un purgatoire dissident,  porteur de lumière ou de résurrection. Il s'agit ici de quitter les illusions : détrompez-vous ! Car les anges ont un sexe et les anges de Demin ont un sexe exhumé du néant.
L'artiste façonne des pièces uniques - parfois par série - en s'appuyant sur un savoir-faire de plasticien aguerri, conjuguant matériaux et textures dans une élaboration attentive à l'esthétisme. Les matières sont subtilement choisies afin de leur insuffler une densité ésotérique et sensitive : bois, terre, cordages, bronze deviennent dans les mains du créateur des ouvrages intemporels dont la cohérence fait œuvre.

Les anges en céramique clament des béances hypertrophiées, perforent des bouches de silences, patinent des peaux d'ocre archaïque, désarticulent des corps en pâture, étirent des cordes crucifiées, corsètent des folies d'effroi, perforent des yeux hébétés, exhortent des seins en saillie. L'émergence sidérée frappe aux portes muettes, elle n'annonce ni chimère, ni lamento. Par leur juste présence,  la fulgurance crie la chair pétrifiée de l'âme et se loge dans la déviance des regards, anémiés par la nuit allégorique de toutes les cavernes. Puisque les anges sont aux côtés des outragés, ils n'existeront donc qu'à travers eux dans le regard de chacun. La psyché entame des dialogues et sonde l'être sur son chemin compassionnel.

 Unificateur,  les « Reliants » se dressent entre terre et ciel pour faire un pont entre les mondes du subconscient, de la terre et de l’air, de l’espace et de l’infini. Les dizaines de pièces,  sont réunies en une installation processionnaire. Érectiles et phalliques, leur lustre suggestif jaillit avec élégance dans une clairière, là où des êtres totémiques s'enveloppent de lumière propice à l'élévation.

Sur le chemin du purgatoire, les sculptures en bronze parviennent au sanctuaire. Elles gorgent les verges d'audace, érigent des vulves offertes, enlacent des chœurs de fessiers, embrassent des dentelles végétales, distillent des ailes pourléchées, s'animent dans l'ivresse dionysiaque d'unions proliférantes. Sur les colonnes d'un temple où les deux genres fusionnent dans une mosaïque corallienne, des êtres dansent une ascension primordiale jusqu'au vertige de chapiteaux organiques faisant office de paroles.
Dans un cycle de renaissances, Demin génère un cortège de créatures, inspiré des tréfonds humains recueillis lors de son activité de psychanalyste qu'il exerce en Ardèche. Ses œuvres, qui ne choisissent aucun confort visuel ou moral, sont exposées dans des salons, des galeries ou musée étranger. L'effervescence de l'artiste le met perpétuellement au défi : il crée sans cesse,  se nourrissant  du cœur de la psyché et de l'altruisme. L'œuvre de Demin s'installe avec ferveur dans l'espace artistique en explorant peut-être de manière ontologique le mythe des âges de l'Humanité."
J.m.d














 (photos Google)

 LE SITE DE L'ARTISTE

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