"Quelques mots
font osciller la doxa : « Détrompez-vous, les anges ont un
sexe et ils ne pensent qu'à ça ». Dans l'espace à peine éclairé,
des créatures, en attente, en tension, en position vous invite
à franchir le seuil. Les pas s'avancent dans la césure et
savent déjà qu'ils pénètrent un lieu intermédiaire, un
purgatoire dissident, porteur
de lumière ou de résurrection. Il s'agit ici de quitter les
illusions : détrompez-vous ! Car les anges ont un sexe et les
anges de Demin ont un sexe exhumé du néant.
L'artiste
façonne des pièces uniques - parfois par série - en s'appuyant
sur un savoir-faire de plasticien aguerri, conjuguant
matériaux et textures dans une élaboration attentive à
l'esthétisme. Les matières sont subtilement choisies afin de
leur insuffler une densité ésotérique et sensitive : bois,
terre, cordages, bronze deviennent dans les mains du créateur
des ouvrages intemporels dont la cohérence fait œuvre.
Les anges en céramique clament des béances hypertrophiées,
perforent des bouches de silences, patinent des peaux d'ocre
archaïque, désarticulent des corps en pâture, étirent des
cordes crucifiées, corsètent des folies d'effroi, perforent
des yeux hébétés, exhortent des seins en saillie. L'émergence
sidérée frappe aux portes muettes, elle n'annonce ni chimère,
ni lamento. Par leur juste présence, la fulgurance crie la
chair pétrifiée de l'âme et se loge dans la déviance des
regards, anémiés par la nuit allégorique de toutes les
cavernes. Puisque les anges sont aux côtés des outragés, ils
n'existeront donc qu'à travers eux dans le regard de chacun.
La psyché entame des dialogues et sonde l'être sur son chemin
compassionnel.
Unificateur, les « Reliants » se
dressent entre terre et ciel pour faire un pont entre les
mondes du subconscient, de la terre et de l’air, de l’espace
et de l’infini. Les dizaines de pièces, sont réunies en une
installation processionnaire. Érectiles et phalliques, leur
lustre suggestif jaillit avec élégance dans une clairière, là
où des êtres totémiques s'enveloppent de lumière propice à
l'élévation.
Sur le chemin
du purgatoire, les sculptures
en bronze parviennent au sanctuaire. Elles gorgent les
verges d'audace, érigent des vulves offertes, enlacent des
chœurs de fessiers, embrassent des dentelles végétales,
distillent des ailes pourléchées, s'animent dans l'ivresse
dionysiaque d'unions proliférantes. Sur les colonnes d'un
temple où les deux genres fusionnent dans une mosaïque
corallienne, des êtres dansent une ascension primordiale
jusqu'au vertige de chapiteaux organiques faisant office de
paroles.
Dans un cycle
de renaissances, Demin génère un cortège de créatures, inspiré
des tréfonds humains recueillis lors de son activité de
psychanalyste qu'il exerce en Ardèche. Ses œuvres, qui ne
choisissent aucun confort visuel ou moral, sont exposées dans
des salons, des galeries ou musée étranger. L'effervescence de
l'artiste le met perpétuellement au défi : il crée sans cesse,
se nourrissant du cœur de la psyché et
de l'altruisme. L'œuvre de Demin s'installe avec ferveur dans
l'espace artistique en explorant peut-être de manière
ontologique le mythe des âges de l'Humanité."
J.m.d
J.m.d
(photos Google)
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