dimanche 5 novembre 2017

SERGE PAILLARD VU PAR PATRICE REPUSSEAU

 PATRICE REPUSSEAU est poète, il écrit aussi sur SERGE PAILLARD des textes magnifiques


"Dans la Mayenne aux dehors verdoyants, dont il goûte tant le spectacle, Serge Paillard est avant tout un homme du dedans. Sous la peau du tangible, il aime à débusquer des paysages de fantaisie qui n'ont rien de chimères, mais participent de la poésie, du "réel indéniable".
Artiste discret, Serge Paillard poursuit son chemin silencieux à l'écart des modes. C'est d'ailleurs plutôt son chemin qui le poursuit car, comme tous les êtres inspirés, il est agi plus qu'il ne fait lui-même.
Serge Paillard avait déjà peint des légumes en 1996, mais, à l'automne 2002, il entama un cycle de dessins noirs et blancs réalisés à l'encre et consacrés aux pommes de terre.
Pour l'artiste, ces représentations sont des icônes, des images sacrées.
Sous un aspect humble et même souvent cocasse, elles figurent toutes un monde qui les déborde, en même temps qu'elles transportent le spectateur au pays des merveilles. Ce sont autant de petites stations sur un chemin de poésie, car Serge Paillard est poète. Sous des dehors volontiers drôles, inattendus, il nous parle du dedans, du mystère, c'est-à-dire du monde réel, et ce, avec raffinement."







Essentiellement des pommes de terre



Serge Paillard avait déjà peint des légumes en 1996, mais, à l’automne 2002, il entama un cycle de dessins noirs et blancs réalisés à l’encre et consacrés aux pommes de terre.
La première de la série s’intitule « Pomme de terre du 15 septembre 2002 ». Il s’agit d’un portrait de pomme de terre à gros nez (mais pas agronome) que Serge Paillard a dessinée sous toutes les coutures : de profil, dite « Pomme de terre à groin », et de dos, « Pomme de terre du lundi 22 octobre ».
Dans certaines peintures de 1997, Serge Paillard présentait déjà des légumes à l’aura aussi lumineuse que des ampoules électriques, et ces pommes de terre sont également auréolées d’un nimbe, comme si, à leur façon, elles rayonnaient toutes de la source de vie.
Pour l’artiste, ces représentations sont des icônes, des images sacrées. Sous un aspect humble et même souvent cocasse, elles figurent toutes un monde qui les déborde, en même temps qu’elles transportent le spectateur au pays des merveilles.
Ce sont autant de petites stations sur un chemin de poésie, car Serge Paillard est poète. Sous des dehors volontiers drôles, inattendus, il nous parle du dedans, du mystère, c’est-à-dire du monde réel, et ce, avec raffinement.
Ces pommes de terre, maintenant au nombre d’environ trois cents, nous emmènent souvent en pays inconnu : « Terra Incognita », « Pomme de terre en Patatonie (cartographie) », « Pomme des terres lointaines ».
En effet ces pommes peuvent être d’« éther », des espaces célestes : « Pommes de terre / pommes du ciel / pas deux discours / pas de discorde ! » Mais elles peuvent aussi susciter toutes sortes d’autres climats, comme l’indiquent assez leurs titres savoureux :
« Pomme de terre en île brumeuse », « Cœur germant », « Pomme de terre ne germant que d’un œil », « Peut-être est-ce un très vieil oiseau ? », « D’une pomme de terre dont on dit : “Elle en a tant vu” », « Pomme de terre en cinq », « Celle d’un ange déchu », « L’illuminée », « Celle au karma délicieux », « C’est écrit sur elle », « D’une qui fut une seule », « Pomme de terre en pluie », « Pomme de terre en déesse dite “regardante” », « Pomme de terre en éclipse », « Pomme de terre défunte ».
Serge Paillard a plus d’un titre dans son sac à malice : « Pomme de terre en arbre-graine », « Premier souvenir de Patatonie : émergence du visage », « Pomme de terre en vieilles montagnes », « Pomme de terre encristallisée de grésil », et l’ambivalente « Terra diurna-nocturna ».
« Pomme de terre accompagnée d’un poisson », « Pomme de terre “serpentante” », « Pomme de terre de la Sainte Germination sans doute travestie en insecte », « Pomme de terre en terrier s’endormant », « Pomme de terre en ruisseau », « Pomme de terre mystique », « Pomme de terre de la Toussaint » et, pour conclure ce menu – mais la liste est loin d’être close – l’ensemble des « Trois Grâces » annonçant avec plus de dix ans d’avance la très singulière « Vénus en pomme de terre » .

écrit le 11.11.2004 et revu le 13.04.2015







Et voici la très fameuse " Vénus en pomme de terre"


" On sourit sur-le-champ devant ce dessin drôle, inattendu, insolite et cocasse, en même temps que malicieux sans malice. Un corps de femme dans une pomme de terre ! Voilà qui est bien improbable . C'est pourtant la réalité que découvrent nos yeux . Comme souvent dans l'univers de Serge Paillard, la fantaisie est de rigueur.
(...)
Cette Vénus est dépourvue de tête et pourtant ce corps nu que vous regardez, vous regarde droit dans les yeux . Car le corps nu est le visage . Les mamelons en figurent les yeux, et l'ombilic la bouche . Ce corps très innocent n'en est pas moins sexué; deux petits germes au bas du ventre pointent à la place des lèvres . Les protubérances des tubercules ont plus d'un tour dans leur sac ! "
(...)

Vous retrouverez la totalité de ce texte dans l'ouvrage à paraitre sur SERGE PAILLARD ....



Deux recueils de Patrice Repusseau




SERGE PAILLARD ET LES GRIGRIS DE SOPHIE 

(cliquer sur le lien)


ET CADEAUX DU JOUR ... Les 3 dernières pommes de terre de SERGE ...






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