PATRICE REPUSSEAU est poète, il écrit aussi sur SERGE PAILLARD des textes magnifiques
"Dans la Mayenne aux dehors verdoyants, dont il goûte tant le spectacle, Serge Paillard est avant tout un homme du dedans. Sous la peau du tangible, il aime à débusquer des paysages de fantaisie qui n'ont rien de chimères, mais participent de la poésie, du "réel indéniable".
"Dans la Mayenne aux dehors verdoyants, dont il goûte tant le spectacle, Serge Paillard est avant tout un homme du dedans. Sous la peau du tangible, il aime à débusquer des paysages de fantaisie qui n'ont rien de chimères, mais participent de la poésie, du "réel indéniable".
Artiste
discret, Serge Paillard poursuit son chemin silencieux à l'écart des
modes. C'est d'ailleurs plutôt son chemin qui le poursuit car, comme
tous les êtres inspirés, il est agi plus qu'il ne fait lui-même.
Serge
Paillard avait déjà peint des légumes en 1996, mais, à l'automne 2002,
il entama un cycle de dessins noirs et blancs réalisés à l'encre et
consacrés aux pommes de terre.
Pour l'artiste, ces représentations sont des icônes, des images sacrées.
Sous
un aspect humble et même souvent cocasse, elles figurent toutes un
monde qui les déborde, en même temps qu'elles transportent le spectateur
au pays des merveilles. Ce sont autant de petites stations sur un
chemin de poésie, car Serge Paillard est poète. Sous des dehors
volontiers drôles, inattendus, il nous parle du dedans, du mystère,
c'est-à-dire du monde réel, et ce, avec raffinement."
Essentiellement
des pommes de terre
Serge
Paillard avait déjà peint des légumes en 1996, mais, à l’automne
2002, il entama un cycle de dessins noirs et blancs réalisés à
l’encre et consacrés aux pommes de terre.
La première
de la série s’intitule « Pomme de terre du 15 septembre
2002 ». Il s’agit d’un portrait de pomme de terre à gros
nez (mais pas agronome) que Serge Paillard a dessinée sous toutes
les coutures : de profil, dite « Pomme de terre à
groin », et de dos, « Pomme de terre du lundi 22
octobre ».
Dans
certaines peintures de 1997, Serge Paillard présentait déjà des
légumes à l’aura aussi lumineuse que des ampoules électriques,
et ces pommes de terre sont également auréolées d’un nimbe,
comme si, à leur façon, elles rayonnaient toutes de la source de
vie.
Pour
l’artiste, ces représentations sont des icônes, des images
sacrées. Sous un aspect humble et même souvent cocasse, elles
figurent toutes un monde qui les déborde, en même temps qu’elles
transportent le spectateur au pays des merveilles.
Ce sont
autant de petites stations sur un chemin de poésie, car Serge
Paillard est poète. Sous des dehors volontiers drôles, inattendus,
il nous parle du dedans, du mystère, c’est-à-dire du monde réel,
et ce, avec raffinement.
Ces pommes
de terre, maintenant au nombre d’environ trois cents, nous emmènent
souvent en pays inconnu : « Terra Incognita »,
« Pomme de terre en Patatonie (cartographie) »,
« Pomme des terres lointaines ».
En effet
ces pommes peuvent être d’« éther », des espaces
célestes : « Pommes de terre / pommes du ciel / pas deux
discours / pas de discorde ! » Mais elles peuvent aussi
susciter toutes sortes d’autres climats, comme l’indiquent assez
leurs titres savoureux :
« Pomme
de terre en île brumeuse », « Cœur germant »,
« Pomme de terre ne germant que d’un œil »,
« Peut-être est-ce un très vieil oiseau ? »,
« D’une pomme de terre dont on dit : “Elle en a tant
vu” », « Pomme de terre en cinq », « Celle
d’un ange déchu », « L’illuminée », « Celle
au karma délicieux », « C’est écrit sur elle »,
« D’une qui fut une seule », « Pomme de terre en
pluie », « Pomme de terre en déesse dite “regardante” »,
« Pomme de terre en éclipse », « Pomme de terre
défunte ».
Serge
Paillard a plus d’un titre dans son sac à malice : « Pomme
de terre en arbre-graine », « Premier souvenir de
Patatonie : émergence du visage », « Pomme de terre
en vieilles montagnes », « Pomme de terre encristallisée
de grésil », et l’ambivalente « Terra
diurna-nocturna ».
« Pomme
de terre accompagnée d’un poisson », « Pomme de terre
“serpentante” », « Pomme de terre de la Sainte
Germination sans doute travestie en insecte », « Pomme de
terre en terrier s’endormant », « Pomme de terre en
ruisseau », « Pomme de terre mystique », « Pomme
de terre de la Toussaint » et, pour conclure ce menu – mais
la liste est loin d’être close – l’ensemble des « Trois
Grâces » annonçant avec plus de dix ans d’avance la très
singulière « Vénus en pomme de terre » .
écrit le 11.11.2004 et revu le 13.04.2015
écrit le 11.11.2004 et revu le 13.04.2015
Et voici la très fameuse " Vénus en pomme de terre"
" On sourit sur-le-champ devant ce dessin drôle, inattendu, insolite et cocasse, en même temps que malicieux sans malice. Un corps de femme dans une pomme de terre ! Voilà qui est bien improbable . C'est pourtant la réalité que découvrent nos yeux . Comme souvent dans l'univers de Serge Paillard, la fantaisie est de rigueur.
(...)
Cette Vénus est dépourvue de tête et pourtant ce corps nu que vous regardez, vous regarde droit dans les yeux . Car le corps nu est le visage . Les mamelons en figurent les yeux, et l'ombilic la bouche . Ce corps très innocent n'en est pas moins sexué; deux petits germes au bas du ventre pointent à la place des lèvres . Les protubérances des tubercules ont plus d'un tour dans leur sac ! "
(...)
Vous retrouverez la totalité de ce texte dans l'ouvrage à paraitre sur SERGE PAILLARD ....
Deux recueils de Patrice Repusseau
SERGE PAILLARD ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(cliquer sur le lien)
ET CADEAUX DU JOUR ... Les 3 dernières pommes de terre de SERGE ...
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