mardi 16 janvier 2018

RICHARD DADD ET ARTIPS


 Voici une étonnante découverte que je dois à mon amie Isabelle abonnée à ARTIPS

Bienvenue au pays des fées ! Au milieu des herbes et des pâquerettes, de curieux petits personnages s’agitent autour d’un bûcheron.
Cette peinture anglaise de la moitié du XIXe siècle pourrait passer pour une jolie illustration de contes pour enfants. Elle vient en réalité d’un asile...

Le peintre, Richard Dadd, débute sa carrière artistique tout à fait normalement. Mais après un voyage en Orient, il sombre peu à peu dans la folie.


 



 Au point de devenir complètement incontrôlable : victime de pulsions meurtrières, il assassine son propre père !

Dadd est donc immédiatement enfermé dans un asile. À cette époque, ce type de lieu ressemble davantage à une prison où les "fous" n’ont pas vraiment de soins.
Il a cependant l'autorisation de continuer à peindre. C’est là où, pendant près d’une dizaine d’années, il va notamment travailler à cette toile énigmatique…




 La composition est plutôt sombre, embrouillée, étouffante, et fourmille de petits détails. Pour les spécialistes de son œuvre, il n’y a pas de doute : la composition grouillante et la manie obsessionnelle du détail reflètent son état psychiatrique.

 



 Effrayé par l'idée même du vide, Dadd passe et repasse des dizaines de couches de peinture pour chaque petite figure sortie de son imagination. Résultat : à certains endroits, la peinture est quasiment en relief !

Sa production en tant que "peintre aliéné" est connue du public de l’époque. La presse salue son talent extraordinaire, et l'Art Journal, ironiquement, lui reconnaît une "capacité à l’imagination indemne" ! De son côté, depuis sa cellule, Dadd continuera à créer jusqu’à la fin de ses jours.






 Pour en savoir plus :

Sur Richard Dadd

Sur la représentation de la folie dans l'art

Sur les liens entre pathologies mentales et créativité






 UN EXTRAIT DE L'ARTICLE DE LIBÉRATION :


" Souvent rapproché de William Blake, ayant passé pratiquement toute sa vie d’adulte en asile à la suite de regrettables incidents, Richard Dadd (1817-1886) fut un remarquable artiste, qui aurait mérité une place de choix dans la récente exposition d’Orsay, «Crime et Châtiment». Il a malheureusement été relégué dans une injuste pénombre. Son œuvre, éparpillée, est trop déconcertante. Encore aujourd’hui, la Tate londonienne ne sait trop où accrocher ses tableaux, entre le sublime de Turner et le revival médiéval des préraphaélites. Ses compositions compliquées, mais dépourvues de propos narratifs, forment un «ensemble difficile à clarifier», reconnaît Alison Smith, conservatrice au musée. La volumineuse publication de la Tate sur l’histoire de l’art britannique ne lui accorde aucune place. «La peinture de Dadd est un fascinant mystère, souligne Nicholas Tromans, historien qui va publier sa biographie l’année prochaine. Il entretenait un univers mental clos, aux références culturelles inattendues, dont le sens reste toujours incertain.» Ajoutez à cela qu’une documentaliste de l’asile où il finit ses jours s’est arrogé la recherche quarante ans durant, et vous avez un cocktail suffisant pour effrayer n’importe quel historien de l’art. Il est encore moins connu en France, qui a notoirement une difficulté à reconnaître l’existence d’une grande peinture hors de ses frontières. Une de ses œuvres fantastiques a cependant été achetée par le Louvre en 1997. Elle représente le sommeil enchanté de Titania, encerclée d’une spirale de lutins et encadrée de chauves-souris, tiré du Songe d’une nuit d’été. Dans ses notes, que vient de publier Hélène Klemenz dans le Burlington Magazine, le médecin français attribue le délire de l’interné (qui le prend pour le Christ) à «l’excès de travail [souvent aux dépens de son sommeil], des déceptions inattendues et un séjour assez prolongé sous le ciel brillant du Levant». Il se croit «le fils du soleil, qu’il passe en effet des journées presque entières à fixer sans aucun clignotement des paupières» et sans trouble visuel apparent. Des voix intérieures le poussent «à mettre à mort tous les diables» dans son entourage. «Ces diables entrent dans son corps et il est souvent furieux parce qu’il est obligé de les cracher - il en voit dans la salive.» Il présentait, en fait, tous les symptômes d’une schizophrénie aiguë, mais la science avait encore des efforts à faire, puisque la seule thérapie consistait en bains froids. Ils n’ont rien donné, hélas, et le malade fut extradé, «non guéri».
Richard est né dans une famille de sept enfants dont plusieurs allaient développer des troubles mentaux. Il perdit sa mère à 6 ans. Il avait un père chimiste et accumulateur de sagaies et de toucans empaillés, de tarentules et de coquillages du Pacifique - pour son compte ou pour celui de la société philosophique et littéraire dont il était le conservateur à Chatham. L’enfant était un dessinateur précoce, montrant un goût studieux pour la miniature. En 1834, le père déménagea à Londres pour s’installer comme bronzier. Trois ans plus tard, son fils intégra l’Académie royale, suivant le cursus classique privilégiant la peinture d’histoire (les rois et reines, les grandes scènes du royaume). Il traçait aussi des portraits saisissants de sa famille à l’aquarelle. Certes, il acquit vite un penchant pour les fées et lutins, mais cela n’avait rien d’extraordinaire à une époque où le romantisme soufflant d’Allemagne tournait toutes les jeunes têtes de l’aristocratie britannique. Avec ses copains, ils formaient une petite bande surnommée «la Clique», passant leurs soirées à élaborer des compositions à partir de lectures de Shakespeare et Byron. Outre ses peintures shakespeariennes qui firent impression à l’Académie, il illustrait d’un trait nerveux des poèmes et ballades peuplés de spectres, sorcières et gobelins, chevaliers errants et Croisés éperdus, prenant juste - petit détail - la liberté d’empaler un lutin sur une lettre d’un titre. L’Art Journal le distingua comme «un poète parmi les peintres», l’avertissant toutefois de prendre garde à ne pas trop «franchir les limites qui séparent l’imaginaire de l’absurde». En 1842, sur les traces de Chateaubriand et Byron, Dadd entreprit un périple de dix mois à travers le Proche-Orient au service d’un notable. Le long des ruines antiques et sites bibliques, ce grand tour fut malheureusement conduit par son employeur à un train d’enfer, ce qui rendait encore plus admirables les peintures élaborées plus tard à partir de fragments rapidement crayonnés des maisons et costumes colorés, dromadaires, formidables brigands et enfants à demi-nus grouillant sur les marchés. Dans une lettre, il faisait partager à un de ses amis «l’excitation de ces scènes, suffisante pour troubler un esprit affaibli», s’avouant certaines nuits «tant assailli d’hallucinations» qu’il en venait «à douter de sa propre santé mentale»."


 SUR WIKIPEDIA


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