Nous avons découvert le travail du créateur visionnaire JEAN-LUC JOHANNET cet été à la Cathédrale Jean Linard ICI
Ne manquez surtout pas l'exposition proposée à LA HALLE SAINT PIERRE !
Pour accompagner les photos d'Apolline aujourd'hui le texte que Roberta Trapani, membre cofondateur du PiF, a écrit pour Artension (n°145) en août 2017.
Jean Luc-Johannet, architecte-poète
Jean-Luc Johannet est l’un de ces
artistes-rêveurs qui ont su rendre à l’architecture le droit d’être
émotionnelle, symbolique. Animé
par le désir de concilier l’art de l’architecte à celui du plasticien, il
étudie non seulement l’architecture, mais aussi la gravure et la sculpture et
milite pour une nouvelle synthèse des arts. A rebours du fonctionnalisme, il
fait d’Antoni Gaudí et de Ferdinand Cheval ses maîtres incontestés.
Composée d’une multitude de dessins, peintures, maquettes et
archisculptures cinétiques, son œuvre s’inscrit dans la tendance de
l’architecture-sculpture et donne une place centrale à la rêverie. Influencée
par le fantastique
de H. P. Lovecraft et de H. R. Giger, elle est peuplée d’êtres hybrides et constructions oniriques. Dynamiques, imprévisibles, sculpturales, surréalistes,
ces architectures peuvent se courber, bourgeonner, se métamorphoser en oiseaux
ou palpiter pour la force du vent. Elles mêlent le souvenir d’architectures anciennes à un
imaginaire de science-fiction.
Tracée
au crayon, puis colorée à l’encre de Chine dans les années 1980, la Cathédrale de Babylone est l’une des
œuvres majeures de Johannet. Imposante concrétion pyramidale
d’architectures-sculptures, cette mégastructure surgit au milieu d’une vaste
rivière et lève son sommet sur un ciel baroque, habité par des oiseaux
mécaniques et des vaisseaux ailés. Pour la finesse du trait, la virtuosité dans
le rendu minutieux des détails et l’ambiance visionnaire, ce dessin évoque
l’œuvre gravée de Dürer et d’Altdorfer ou encore La destruction de la Tour de Babel de Cornelis Anthonisz (1547),
mais elle s’apparente également aux productions du fantastique pictural et du
genre de la fantasy.
« [L]’architecte n’est autre qu’un sculpteur
aux tendances démiurgiques désireux de parfaire l’œuvre de la Nature »,
écrit l’artiste, qui affirme sa volonté de « rompre avec une certaine culture esthétique occidentale pour mieux
épouser des formes plus fondamentalement mythologiques. » Il invente
ainsi, en 1984, « Le jeu des cinq éléments », dans lequel à chaque
symbole élémentaire correspond une architecture cinétique aux lignes
aérodynamiques : la Terre est façonnée en tortue roulante, l’Eau en
bateau, le Feu en arbalète-canon, l’Air en oiseau, l’Ether en moulin.
La
réalisation de ses projets constitue pour Johannet un rite de passage obligé, mais les institutions ne le
supporteront pas dans cette démarche. Considérant cela comme une censure, il
choisit de devenir, alors, son propre ouvrier et de donner ainsi libre cours à
son extraordinaire habilité manuelle. Certains des grands objets qu’il
construit rappellent les architectures éphémères liées à la fête et révèlent
son intérêt
pour les mathématiques et ses applications dans l’art. Abritant un théâtre de
marionnettes, la Tortue d’Eschile (1986)
est, par exemple, un char zoomorphe dont la carapace est constituée d’un dôme
géodésique, structure dont Johannet est l’un des spécialistes français. L’Oiseau Euphorique (1986) est, quant à
lui, une sculpture pénétrable et ambulante de 18 mètres, dont l’ossature est
composée de planches, poutres et chevrons imbriqués. Passionné d’art brut,
l’artiste fera don de ce chef-d’œuvre à la Collection de l’Art Brut de
Lausanne.
La
fabrication de ces objets ludiques est à l’origine d’un fleurissement inattendu
d’images mentales duquel naît le Parc de
Venus et ses Dragons, projet colossal et fabuleux condensant sa mythologie
personnelle. C’est une cité-jardin à la forme circulaire habitée par des
gigantesques automates, des chars zoomorphes (dragons, aigles, cormorans),
des châteaux flamboyants (le Château de Venus) et des habitations-poèmes. Elle
intègre, entre autres, le Parc des cinq
éléments et héberge un musée aquatique dédié à l’art brut, installé dans le
lit de la rivière. Ce jardin surréaliste reste à ces jours une utopie. Il
serait pourtant réalisable, grâce aux nombreux dessins, maquettes et écrits
fourrés d’annotations précises sur les dimensions des œuvres, les heures de
travail, les matériaux à utiliser et les techniques à employer.
Malgré
un certain succès médiatique dans les années 1980, l’œuvre de Jean-Luc Johannet
reste méconnue et elle risque de se détériorer, à cause de l’insalubrité des
lieux où elle est conservée. C’est en travaillant à sa mise en valeur, que
l’association Patrimoines Irréguliers de France a découvert, parmi les œuvres
entassées, une merveille inédite : la Citadelle
(2010), ville utopique à la géométrie cristalline. Combinant un matériau
trivial, le carton, à la structure du diamant, cette œuvre confirme la
puissance d’invention, l’esprit libertaire et l’humour de l’artiste, qui
écrit : « nous rions de voir l’association d’un produit gratuit avec
la très onéreuse image du luxe pour créer un objet à la frontière de
l’anarchie ! »
JEAN-LUC JOHANNET ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(cliquer)
La rencontre-dédicace prévue pour le 11 février a été reportée au 25 février même horaire
Bonjour Jean-Luc
RépondreSupprimerVous devriez faire une Tour de Babel ...
@nthon+++