mercredi 4 septembre 2019

LES PHOTOS DE FRÉDÉRIQUE LONGRÉE


C’est avec bonheur que j’ai découvert les photomontages de Frédérique Longrée sur Facebook.
Moi qui aime le cinéma j’ai aussitôt adoré ces jeux d’ombres et de lumière, on plonge dans les films expressionnistes (Murna et Fritz Lang ne sont pas loin), le cinéma muet, les danses d’Isadora Duncan …. 

Tête de mort, danse macabre, femme-sirène, femme-liane sont au rendez-vous. Femmes–troncs diaphanes et insaisissables, ondines des profondeurs abyssales, femmes prédatrices en mouvement, à la fois aériennes et dangereuses, souriantes et inquiétantes, anges et démons, tentatrices aux yeux fermées ou aux regards charbonneux. 

 Dans ces photos, j’aime tout particulièrement les méduses (ne les dit-on pas immortelles ?), la finesse des corps tentaculaires, les voiles, les filaments, les drapés et les transparences. 

« Photographier c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur » disait Henri Cartier –Bresson. Frédérique Longrée a tout cela, elle est artiste du regard, ses créations sont à la fois savantes (on pense aussi  à Leda et le cygne, aux œuvres de Léopold et Rudolf  Blashka) et picturales. Mais ce travail prend aux tripes et intrigue, résonne en nous et nous fascine. 
Du très beau travail !




















Et pour accompagner les photos que j'ai retenues un superbe texte d'Otto Ganz, écrit en 2018  :

Par l'ombre à travers la lumière

Il y a, dans la photographie de Frédérique Longrée ce petit quelque chose qui anima un Marcel Proust toute son existence, cette recherche d’un lieu, d’étoffes, de textures, d’odeurs. L’apparition d’une lumière qui révèle le velours des peaux, la candeur d’un mort, la gemme d’un alcool qu’on n’imagine en aucun cas frelaté. C’est cela, oui, qui transparait dans ce monde qui emprunte sa technique du collage aux surréalistes tout en la dépassant par l’illusion.

Monde onirique, au sens où rêves et cauchemars sont, consciemment, des constructions de l’esprit si parfaites qu’il s’y perd. Cette photographie nous rappelle qu’une vision n’est crédible que si aucun détail ne détourne de l’hypnose qu’elle produit ; une hallucination n’est opérante que par sa pleine identification au réel. Frédérique Longrée, inventrice d’images, tire les cartes d’un curieux tarot, et, comme dans chaque procédé chiromancien, chaque combinaison devient indicatrice d’une réalité, présente, future, annonciatrice. Une photographie éminemment pythique… toute en féminité divinatoire… Sans doute est-ce ce vieux paradoxe qui veut que l’horreur s’atténue par la beauté qui sera la meilleure clé de cette recherche photographique, rencontrant tout autant le délire prestigieux d’un Joël-Peter Witkin que l’esthétisme froid d’un Robert Mappelthorpe.   

Je ne peux m‘empêcher, dialoguant parfois avec ces femmes pensives ou ces chérubins aux chairs desséchées, de ressentir les espaces littéraires construits par Baudelaire, Lautréamont ou Tournier. Cette incessante recherche de lumière à travers l’obscurité, cet irrépressible compulsion à poursuivre la lumière, à guider dans le noir, à extraire de l’ombre ce qui s’y niche, apeuré. La photographie de Frédérique Longrée est de ces univers où les statues ont une vie et où celle-ci, malgré les apparences, ne s’arrête jamais. Ce frémissement permanent, cette vibration, toujours présente, soutenant chaque cliché.     

La photographie de Frédérique Longrée est un travail de guide à travers l’aveuglement. 



FREDERIQUE LONGREE ET LES GRIGRIS DE SOPHIE





(cliquer)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire