lundi 13 juillet 2020

"REGARDS SINGULIERS" AU MUSÉE DE LA PERRINE A LAVAL

C'est aujourd'hui par les yeux de Jean-Louis Cerisier que je vous présente "REGARDS SINGULIERS", une exposition que vous pourrez voir AU MUSÉE DE LA PERRINE à LAVAL
jusqu'au 2 août !





Le thème du regard est pléthorique dans le domaine de l’art singulier. Nous avons opté pour la mise en relation de six approches singulières. Par cette diversité, une opportunité  nous est offerte d’interroger notre regard et de nous laisser pénétrer intimement par les œuvres.

Pour François Chauvet, l’inspiration n’existe pas. François s’appuie,pour créer, sur le travail et les expériences. Il glane depuis longtemps dans son environnement toutes sortes de petits débris qui jouent le rôle de transition entre le connu et l'inconnu. De même François ne cesse de réutiliser et de réinvestir des travaux anciens qui, enrichis de traces, de substrats, d’épaisseurs, constituent l’archéologie intime de sa démarche de création. Un sujet unique se décline à l’envi, celui du regard, omniprésent, obsessionnel. Regard de face, direct, interrogeant sans filtre celui du regardeur. La déclinaison se trouve dans les mises en œuvre et les mises en situation, avec l’exploration de diverses techniques. Celle du papier buvard notamment, par son immédiateté, a donné lieu à des centaines de portraits spontanés.

       Martial Gouvenou a développé son goût pour le dessin au lycée, en cours de biologie, par l’observation puis la représentation des mondes cellulaires et des coupes de tissus d’organes. Il a développé sa création dans deux directions principales, les  natures mortes  et le portrait, envisagé de façon spontanée, sans souci de composition. Ses premiers visages sont cellulaires, avec deux ronds pour les yeux, l’expressivité marquée seulement par le mouvement du corps. Puis Martial s’est mis à dessiner des séries de  têtes. Le trait est vif, le tracé automatique et répétitif, au stylo à bille cristal. Le résultat obtenu est frontal, visage de face, regard à l’affectivité énigmatique, sortant des codes classiques de  joie, de tristesse, de mélancolie et de la gamme des affects. Regard surgi du vide, du néant. On pense à Giacometti. Un regard qui ne tient qu’à un fil et qui pourrait disparaître si on le dénouait. Ou bien un regard renvoyant à la sphère subconsciente du créateur.

       On peut envisager les regards peints par Emmanuelle Meynot comme absents, issus de l’expérience chamanique. Le regard préserve son mystère, il se dérobe. La libération d’une énergie, puisée dans la nature et révélée par  le rituel ou la transe, va mettre en connexion les éléments, faire sortir le sujet de l’enveloppe de son corps, s’en libérer pour atteindre d’autres formes de conscience.  C’est pourquoi Emmanuelle dissimule le regard derrière un masque. Celui-ci étant un vecteur entre l’intériorité vécue et l’apparence perçue. Emmanuelle, artiste médiumnique, est une messagère de voix qui s’imposent à elle, interprète de forces et de sensations qu’elle traduit par l’acte de peinture. Il en ressort des groupes énigmatiques où se rencontrent les esprits, les animaux et les chamans.

Le regard est mystérieux chez Dominique Leroy. Il esthiératique dans ses œuvres de très grand format. Il se dérobe dans les œuvres de petit format, rarement tourné vers le spectateur, caché par des couches superposées de papier translucide. Dans les œuvres de petit et de moyen format, l’on semble assister à la naissance d’une galerie de portraits de personnages et de situations qui pourraient être théâtraux. Des personnages en devenir, « en quête d’auteur » pour plagier Pirandello, semblent destinés à garder le secret de l’artiste, à moins qu’il ne lui échappe.

Le dessin, base du travail créatif chez Jean-Paul Minster, est une savante hybridation entre le végétal, l’animal et l’humain.  Par la précision et la véracité de son trait, il crée des univers qu’il qualifie de réalité imaginaire. En cette période de pandémie, son monde s’avère d’une surprenante actualité. A perte de vue des visages masqués inquiets, des sortes de mutants, dont certains ont développé de longues oreilles de lapin. Leur regard s’adresse au nôtre désespérément. Finalement, c’est lui le regard,  démultiplié, privé de soi, déshumanisé presque, qui concentre tout le questionnement de l’artiste sur l’évolution de l’humanité et l’avenir du monde.

Les regards et les corps chez Marie Hénocq s’agglomèrent et s’enchevêtrent. Personnages isolés, groupes de deux, trois ou quatre personnes dans des postures acrobatiques. Regards énigmatiques, expressifs, parfois souffrants ou effarés, parfois recroquevillés sur eux-mêmes dans la délectation d’un état intérieur. Marie s’enivre de l’odeur du feu, gravant au noir sur le contre-plaqué des lignes incertaines, fracturées. D’autres fois les éléments aquatiques ou les récifs la sollicitent pour donner naissance à des formes inattendues. Le mystère demeure, là, au cœur de ses dessins abrupts, de ses gravures  accidentées, de ses peintures chamarrées.

Jean-Louis Cerisier, mai 2020



 
 
 François Chauvet 


 
 Martial Gouvenou


 
 Dominique Leroy 




 
 Jean-Paul Minster 




Emmanuelle Meynot 
 
 
Marie Hénocq 




Expo à LAVAL, musée de la Perrine du 4 juillet au 2 août 2020.

Organisée par l'association CNS53


du mardi au samedi : 10h - 12h et 14h-18h
Le dimanche : 14h - 18h
10 Allée Adrien Bruneau, 53000 Laval




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