Incroyable travail que celui de MARIE-CHRISTINE BOURVEN ....
Qui
es-tu « N’importe qui » ?
-«
Il est temps de faire quelque chose… » dit Vox Volubilis d’un ton ferme
- Le Corps se tait
Sur
un galetas de fortune, on le devine, il s’enlise, emmitouflé dans une
couverture de laine. Une masse corporelle qui ne dit mot et laisse ballotter le
temps, fluctuer le vide.
-
« Remue-toi ! - insiste Vox
Volubilis ! Il faut se manifester, protester, s’agiter ! Il
faut hurler sinon le monde est insensé !»
Il est un bruit dans le brouillard du monde
Trois protagonistes tentent de
s’harmoniser : un être et son corps, une voix et son être…
Prisonnier
de sa chair, Le Corps explore sa
surface et visite son épiderme - Une peau tannée, ridée, boursouflée, ravinée.
Penser n’est pas une chose simple. Penser au-delà de la peau et par-delà la
chair. Penser le souffle de la vie dans la chair.
Alors…, alors…, alors…, il faudrait
réinventer le geste, l’instabilité, le déséquilibre… la marche… Il faudrait
habiter la forme et s’y réfugier dans la douleur d’une alcôve feutrée puis s’y lover
jusqu’à la prochaine naissance.
Au loin déjà le monde se retire, au loin déjà la mort
s’est retirée…
Toute pigmentation se
désagrège … C’est l’ombre du monde… L’ombre de L’Être. Un Être sans
refuge qui se fraye un destin de
salpêtre et de craie chahuté au gré des vents contraires, zéphyr ou mistral.
Malentendu, malentendant, désordonné Il se compose à contresens un état
d’être soi, tantôt dedans, tantôt dehors, promeneur et vagabond, toujours en
quête d’un abri de fortune ou d’un terrain vague pour poser ses jalons.
Au bénéfice du doute,
la fiction peut séduire, l’évidence
d’être en soi.
Mais, l’incertitude y
rôde et sans domicile fixe…
- « Bon, c’est
fini maintenant… il faut faire quelque chose ! » invective Vox
Volubilis !
Seule, la Voix se réjouit du verbe : Incantation, évocation, déploration, elle entonne son chant parabolique. Un chant limpide de verre
soufflé et de métal fondu. Énergie
et déraison, volonté et crispation.
Le Corps enflé, essoufflé,
tréfilé, plongé dans le trou du vivant,
dissimulé dans l’aboulie de la
chair, tente un léger mouvement, un
pseudopode planté au bout d’un membre collé à la chair, comme un premier
frisson, une respiration, une infime palpitation, l’aventure possible d’un
chemin de vie …
Qui es-tu
« N’importe qui » ?
Personne !
Je ne suis pas n’importe qui…
Personne
ne peut être n’importe qui
MARIE-CHRISTINE BOURVEN ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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