jeudi 24 septembre 2020

MME S ... MOI J'AIME

Voilà une superbe découverte que je dois à la Galerie Albane ....

"Pendant 17 ans, Mme S. a travaillé en tant que décoratrice/scénographe pour le théâtre et le cinéma.

Aujourd’hui elle se consacre uniquement à la peinture avec des productions très personnelles. Elle nous raconte de belles histoires d’amour.

Mme S. travaille à l’encre sur papier brulé, elle travaille le papier avec tendresse et lui donne l’aspect d’une dentelle pour mieux habiller ses belles endormies dénudées."

 

 

Photos prises à la Galerie 

 

 




«  Je brûle mes papiers selon plusieurs techniques que j'ai mises au point. C'est une métaphore de ce qui nous brûle, nous consume ou nous enflamme. Je pourrais aussi parler des papillons qui sont présents dans mon œuvre, ils sont aussi ceux que l’on a dans le cœur, dans le ventre... dans la tête.  »
 



















Photos glanées sur le site de la Galerie et sur Google

Entretien avec Mme S. à l'Atelier Suspendu au 25 Cours d'Estienne d'Orves à Marseille

"J’admire la puissance inouïe de Freud, premier cartographe de ces continents étranges. La nuit use de ruse, de subterfuges et stratagèmes, de jeux de mots ..."
Mme S.

Une nécessité vitale :
Mme S. artiste peintre, investit l'univers de l'intime au travers d'œuvres réalisées sur papier.
Elle est passée d'abord par le travail de décoratrice de théâtre et de cinéma sur Marseille et sur Paris. Après avoir, pendant 17 ans travaillé à illustrer le travail et les histoires des autres, elle entreprend d’illustrer ses propres histoires.

Mme S. est peintre depuis maintenant cinq ans, elle est installée à L'Atelier Suspendu depuis une année, elle partage les lieux avec deux autres artistes dans un bâtiment qui est une véritable pépinière, parce que « travailler seule ne m'était plus possible. Je rêvais d'un tel atelier depuis que j’étais étudiante lorsque je venais à la Librairie des Arsenaulx et que j’errais sur les passerelles de la cour intérieure du 25 cours Honoré d’Estienne d’Orves... « Un jour j’aurai un atelier là ! »…  »

Ses formations en écoles d’Arts et à l’école des Arts et Techniques du Théâtre de la rue Blanche lui permettent dans un premier temps, en tant que décoratrice, d'aborder et de maîtriser une multitude de matériaux (résines, peintures aux pigments…) pour la fabrication de décors, sculptures, masques pour le théâtre et le cinéma… et ainsi de confirmer son goût et son intérêt pour les aspects techniques des arts plastiques et de la bidouille.


Goût et intérêts qu'elle mettra à profit pour la mise au point de sa pratique particulière, celle du « papier brûlé ».
« Je suis revenue par là-même à mes bases, mes premiers amours pour la « bidouille » que j’avais explorée, avec gourmandise, dans l’enfance. Avec ma mère, institutrice, nous habitions une ancienne école de campagne dont le logement de fonction était accolé à la salle de classe. Une porte nous séparait de cette «  école des filles » communale. Je pouvais ainsi à loisir explorer ces vieux manuels scolaires, ces anciens livres d’histoire, de leçons de choses illustrés, de biologie, feuilleter les grandes affiches de sciences naturelles, la ribambelle de papiers colorés, de feutrines, de papier carbone et enfin expérimenter peintures, ciseaux, colle qui s’offraient à moi. C’était mon aire de jeux où tout m’était permis.

J'ai été très tôt et très vite attirée par le dessin et j'ai pu bénéficier dès l'âge de douze ans d'une dérogation parentale pour assister aux cours de dessin et de nu des ateliers des Beaux-Arts (réservé aux adultes NDLR). »

Le travail de Mme S. est un travail sur l'intime.
« Mon travail parle de l'intime; c’est mon thème principal. Si j’étais amenée à changer de thématique; je pense que je changerai aussi de nom d'artiste.
J'ai connu de longues périodes d’insomnies, sujette à des envahissements nocturnes qui revenaient de façon récurrente sous forme d'images et de sensations. Je me suis mise à les coucher, sur un carnet posé près de mon lit sous forme de petits dessins. »
« Plusieurs possibilités s'offraient à moi. J'ai alors opté pour la « domestication » de ces envahissements. De sensations, ils se sont transformés en images d’animaux bienveillants. Ils sont devenus mes envahissements amoureux. »

La série « les belles endormies » peut être considérée comme le résultat de cette démarche.

"… Quelques pages griffonnées sont devenues un carnet entier de centaines de petits dessins, esquisses griffonnées nées de ces nuits sans véritable sommeil. Puis vint la question de que faire de tout ce petit monde, de tous ces petits rêves récoltés un par un, nuits après nuits, endormis dans ce qui était devenu ma boîte à rêves, datés et classés."
 
«J’ai pu rassembler des rêves récurrents de telle façon qu’en série on puisse reconnaître des archétypes symboliques relevant de la mythologie occidentale ou asiatique. Il y a des rêves de X ou de A, des larves que je porte à papillons, des papillons qui se brûlent les ailes, des poulpes qui se transforment en serpents, des loups dévorants, des cœurs brûlants… »

Mme S. est amoureuse des boîtes d’entomologie, d’herbiers, de boites à insectes, de manuels de  leçons de choses, de papiers et d’estampes japonaises.

«  J’adore l’inventivité des images, des jeux de mot/jeux d’images, qui donnent parfois aux rêves un masque aux traits extravagants.
J’admire la puissance inouïe de Freud, premier cartographe de ces continents étranges. La nuit use de ruse, de subterfuges et stratagèmes de jeux de mots, de jeux de genres, espèces en tout genre, de toute la genèse et toute l’anthropozoologie de ce monde étrange.
Les rêves sont des théâtres qui jouent des pièces d’apparences pour glisser d’autres pièces inavouables, ils me trompent sous des scènes d’aveu, des scènes d’amour. »
 
« Le monde des rêves est un enfer extrêmement inventif :
De maladies, arrachement de cœur, cœur transpercé, étouffement, attachement, enlacement, liens, brûlure, embrassement, on s’enflamme.
Dans le pays diurne, on ne brûle pas d’amour, du moins dans nos cultures ; il est interdit l’arraché de cœur, de le transpercer, se brûler la poitrine, se crever les entrailles.On se défend, on s’interdit, on se protège, on se coupe les cordes…»

« Exprimer des sentiments à travers la représentation de nœuds, de cordes qui entourent le sujet quand on veut évoquer les liens, l’attachement, l’emballement, l’enlacement. Ces liens peuvent être interprétés de différentes façons, évidemment. Mes belles endormies sont parfois attachées, attachées à un être aimé, un amour ou à rien, simplement attachées à la vie... »
 
«  Je brûle mes papiers selon plusieurs techniques que j'ai mises au point. C'est une métaphore de ce qui nous brûle, nous consume ou nous enflamme. Je pourrais aussi parler des papillons qui sont présents dans mon œuvre, ils sont aussi ceux que l’on a dans le cœur, dans le ventre... dans la tête.  »
« Enfant, je récoltais dans de petites boîtes des squelettes de feuilles, des papillons et des insectes… comme au musée d'histoire naturelle où ces papillons étaient enfermés dans des boîtes formant ainsi de véritables cabinets de curiosité. Des petites boites à trésors »
« Alors j’étiquette comme une entomologiste, Je suis une cueilleuse d'images, je récolte toute la fragilité des sentiments que je mets comme des choses fragiles dans des boîtes à papillons entre deux panneaux de verre pour les protéger, les numéroter, les classer, les préserver.

Les matériaux utilisés :
« Je travaille essentiellement avec du papier en lien avec mon amour pour les estampes japonaises.
C'est un papier particulier, choisi après de nombreuses recherches, sans chlore, de 140 gr.
Pour le dessin et la peinture, j’utilise des crayons à l’huile, de la mine de plomb, de l’encre de Chine et des encres acryliques semi-opaques qui ont une excellente résistance à la lumière. » 
« Dans mon travail, j'emploie au pied de la lettre les mots; ainsi je brûle le papier comme l’on peut dire : “je brûle, me consume, je m’enflamme “...
J'ai adopté les mots et j'en ai fait des images. »

Regarde-t-on les dénudées de Mme S. tour à tour endormies, somnolentes ou alanguies, que l’on est traversé par un doute…
Sont-elles délivrées de leurs songes ou sont-elles envahies par eux ?
L’envahissement, c’est bien ce dont il est question dans les œuvres de Mme S.

C’est dans son atelier au 25 Cours d'Estienne d'Orves (tout près du Vieux Port à Marseille) que vous pourrez découvrir l’univers des belles endormies de Mme S.


Propos de Mme S. recueillis par Alain Barlatier pour PCDMQ.

 
LA GALERIE ALBANE

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Ouverture du mar. au sam. : 10h30 - 12h00 , 14h00 - 19h00

 

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