dimanche 6 février 2022

LES ARTISTES QUE J'AIME VUS PAR JEAN-LOUIS CLARAC

 

JEAN-LOUIS CLARAC a eu la gentillesse de m'envoyer les poèmes qu'il a écrit en 2021 sur des artistes qu'il aime et que j'aime ....




 

Pierre AMOURETTE


Maternel matriciel

Du magma matière

Du magma terre

Fleurissent poussées après poussées

Corolles et vagues

Plis et méplats

Tendus vers le haut


Dans les concrétions que le feu minéralise

Chevelures hérissées ébouriffées

Les visages défigent leurs traits

Leur pureté brute étonne

Les corps émergent de l’amoncellement

Éruptif des argiles fusionnées


Corolles et vagues

Figées et mouvantes

Les visages regorgent de générosité

Les bras arrondissent le geste d’amour

La douce étreinte protège l’enfant


Mais Furie ou Gorgone

L’étouffe peut-être

Telle Médée démente

Telle Piéta douloureuse

Saisies dans l’ambivalence de la posture


Elles sont là plusieurs en majesté

Semblables et jamais pareilles

Furies ou Gorgones

Aimantes ou mères

Étreignant l’enfant

Dans un fouillis de lézards ou d’oiseaux

Ils sont là plusieurs

Farfadets ou sorciers ou vieillards

Fourbus malicieux ou décharnés

Faisant un pied de nez à la bienséance

Cherchant à se dégager des prosaïques épreuves

Du vent qui les traverse du cheval qui se cabre

Des taureaux bourrus sous le faix


Jaillie du feu

Nourrie de l’énergie du magma matriciel

L’incandescence

Répand son aura cathartique



 

 






DARÉDO


Dans l’inextricable forêt

Dans sa luxuriante densité

Dans l’entrelacs des lianes

Dans les résilles souterraines

Lentement naissent

En grouillements aléatoires

Les êtres des bois

En quête de lumière


Ils cherchent

Et tournent indéfiniment

Dans le fouillis

Vers l’échappée hors silence


La mémoire des arbres

La mémoire des faunes

Englobent des souvenirs enfouis

Prêts à franchir l’orée du jour


En circonvolutions changeantes

Les êtres emmêlent leurs souvenirs

Jusqu’à l’hybridation

Des oiseaux des humains des reptiles

Des plantes des mycéliums

Dans une nouvelle arborescence

Où l’étrange et l’ordinaire jouent

À perturber la vision normative

Des classifications du vivant


Dans les humus labyrinthiques

Flottent les molécules premières

Vibrent les créatures fantastiques

Des êtres enlacés imbriqués

Unis par l’envie d’atteindre

La lisière diurne du visible


C’est la forêt primitive

La source du chaos organisé

La trame infinie des chimères apprivoisés


C’est la traversée des apparences

La sortie de l’enfouissement

L’enserrement détissé

L’élargie en dehors

Vers la clarté nouvelle



 

 







Jean-Luc GIRAUD


Un regard

Qui vient du plus loin

Éveille en soi

Le plus profond de soi


Un regard

Qui vient du plus près

Aimante à lui

Le reflet de qui observe


Une litanie cadrée

D’où déborde abondante

L’ouverture aux simples


Chapeau lapin

Chapeau cochon

Chapeau chat

Chapeau oiseau de nuit

Chapeau bas faunes et flores


Des lac ruisseau bosquet

Fantasmes félins

Fantômes porcins

Fantasques ovins

Congruent vers

Nos propres imageries animales


Face à l’autre

L’humain l’animal le végétal

Le miroir de soi révèle

Une histoire commune

Où perle le frisson des sentiments

Où perce l’amour pour les autres

Cachée derrière l’ironie envers soi


C’est un face à face bienveillant

Qui démultiplie le regard

Dans le terreau des émotions

Dans l’écoulement de la vie

Entre mélancolie et force du vrai

Traversant la profusion portraitiste

Regard

Où se lit entre dérision et lucidité

L’amour de tous

L’amour du vivant



 

 









Jean-Christophe HUMBERT


Du plus infime insecte

Au gigantesque reptile

De l’auroch à l’humain

Se déploie l’éloge ombilical

Des êtres dénudés

Jusqu’à l’os du réel

Des êtres couverts

Des oripeaux de la vie


Totems et statues

Boucliers et pavois

Pérennisent

Hordes peuples meutes

Troupeaux essaims cocons

Ils clament leur simplicité d’être

Au monde


Monde sans hiérarchie

Monde d’ossatures et de carnations

Monde où l’intime et le visible

Ne se distinguent que par

L’écart léger du regard posé sur lui


Ce monde aux blasons ordinaires

Qui n’a rien de tribal mais tripal

Rien d’ethnique mais éthique

Condense l’assemblée commune

Du vivant

Et dès lors extraordinaire


Chaque parcelle de ce monde

Transfigure les angoisses originelles

Les désirs primaires

En un mouvement

Où les êtres en apparence immobiles

Sont en devenir constant

Au point de bouleverser l’ordonnance

D’un lointain sans limite

Au prochain déjà passé


Le grand borborygme du monde

Résonne au rythme des espèces

Dans l’ordre fractal

Du ventre de la terre

Où tout tremble du gigantesque à l’infime



 

 



 

 

 


CHRISTOPHE


Sur le fil de la vie

Vibrent sans fin

Humains et animaux


En apesanteur

Ils s’évadent s’élèvent

Volent planent

Au-dessus des nuages orageux ou calmes

Des aléas modernes


Dans la tête est un pays

Flottant au gré des mouvements

Des humeurs vagabondes

Des gestes pris dans le carcan

Des jours et des nuits


La vie la vie

En permanente instabilité

Dérègle l’agencement de

Toutes les existences assemblées

Dans la matière dense

À profusion

Pied de nez aux travers

Contemporains et répétés


Mais une fois grattée le vernis de l’ironie

S’efface la moquerie et

De la rouille du palimpseste révélé

Sourd alors l’empathie

Pour ces êtres laissés pour compte

Femmes et hommes

Enfermés dans le quotidien le plus humble

Des histoires banales et révélatrices

De la fragilité du vivre


L’équilibre volatil des situations

Sublime dans l’objet prosaïque

Du métal et du bois

Le flot de la vie

Vers le retour au très bas

Après l’envolée dans les nuées


Une façon de trouver sa place

Dans le manège de la vie

Où tourbillonne un vent de liberté








Florence JOLY


Du tréfonds mental

Surgissent les visages

D’un monde où le rêve

Subjugue le cauchemar

Où affleurent

Les réminiscences de l’enfance


Du tréfonds mental

La vanité de l’existence

Métamorphose l’angoisse d’être

En épanouissement des

Fleurs solaires


Du tréfonds mental

Comme un maelstrom d’icônes

Éclosion des hiboux des poulpes

Germination des crânes-fleurs

En un bouillon de culture

Du laboratoire imaginaire

Où s’entretissent

Entre peurs et désirs

Entre répulsion et attirance

Les ardeurs contenues

Dans le creuset des mythes


Du tréfonds mental

Florescences successives

De l’enfant à la fille

De la fille à la femme

Aux racines abyssales

Aux ramures aériennes

Dans l’onde des songes

Mort et vie s’enchaînent

En un collier de végétations exubérantes


Les longs serpentins de l’esprit enserrent

Décèlent déroulent

Les fantômes d’images des premiers âges


Échappant aux varechs et aux algues

S’extirpant des radicelles et des branches

Le monde rompt avec les lois de la physique

C’est le désordre du vivant

C’est l’ordre des êtres chamboulé

Entre rêve et inventive réalité

 

 

 

 







Jean-François RIEUX


Le miroir déformant

Renvoie une étrange vision

Des liaisons humaines

Et pourtant familière


Le théâtre de la vie cruel et tendre

Déroule les histoires de femmes d’hommes d’enfants

En autant d’insolites portraits

Saisis dans leurs attitudes

Outrancières et risibles


Bouches torves nez tordus

Yeux écarquillés

Les figures cabossées dessinent

L’image d’un genre humain

Décalé déphasé

La caricature module leurs défauts

Où se lisent les épreuves les souffrances

Les étonnements les joies

Sur les trognes tronches

Gargouilles gueules cassées

Façonnées par le poids social et religieux

Entre comédie et tragédie


Le théâtre déroule l’histoire universelle

De vie et de mort

Le théâtre déroute le réel

Le théâtre en son cœur

Distancie ce que les êtres sont

Ou semblent être

Le fruit de leurs vicissitudes


En deçà de ce monde cru

De chair de sang et de larmes

En apparente moquerie

En semblant de dérision

En deçà de la bouffonnerie

Le vrai se fond dans le carnaval de la vie

Le masque affublé cache la personne

Derrière l’apparence grotesque

De la misanthropie


Une pudeur discrète émane

De cet étrange jeu de massacres

La pudeur des amours humaines

 


 

 





Christine FAYON


Le monde fanfreluche

Au cœur éclatant de vies

Sourit à la pointe du jour

Quand le sang irrigue l’horizon


La floraison explose

Entre plis et ourlets

Où s’égoutte sans aucune limite

L’abondance cosmopolite

Où se projettent les visages

Des lointains d’orient


Les oriflammes éclaboussent

Effilochent les oratoires bannières

Où les mots s’échappent dans la couleur

Les mots aux sens orientés vers

Les cœurs gorgés de sèves


Les mots discrets

Dans cet espace de silence s’épandent

Des mandorles moirées mordorées

En florilège lumineux


Les mannequins arlequins

Insufflent aux étendards

Les ondes gourmandes

Des rosaces incarnées


Entre trames et chaînes

Nœuds et boucles

Les fils d’ariane brins après brins

Ouvrent un espace d’amour des femmes

Un interstice pour l’amour de l’humain


À vif cramoisie fauve

La danse des couleurs

Emporte dans son tourbillon

L’ivresse de la joie partagée


L’exaltation déborde

Des teintures drapées

En cascades de feux d’artifices

En fêtes universelles

Des métissages du monde









Margaux SALMI


Entre la démesure et le détail

Dans les bois des fantasmes

Se mouvant parmi les monstres

Le chat alanguit sa sérénité

Sur les résurgences de l’enfance

Le chat entre douceur et force

Apaise tel un baume sur la peau

Les émotions anciennes

Et toujours à fleur


Les paysages lunaires ou désertiques

S’effacent derrière le visage

Saturation corporelle

Entre démesure et détail


Les arbres tourmentés

Penchés à contre-courant

Lancent leurs langues ou lianes

À l’assaut du ciel en fusion


Une flore et une faune extra-mondaines

Engendrent oiseaux et femmes

Félins insectes chiens

Renards chats et fillettes


Tels des fantômes

Lâchés dans l’étendue

Les aliens ces étranges créatures

Envahissent ou pénètrent

Les contrées secrètes

D’avant conscience


Les amazones cavalent

Sur des montures ectoplasmiques

À rebours des visions quotidiennes


Les êtres déguisés démasquent

L’insoutenable vie au sortir

Des jungles intérieures


Au seuil de l’intime

Ils rendent vivable sa présence

Jusqu’à ce qu’affleure

De la force et de la douceur

L’infinie sagesse de l’autre soi

 


 






KA TI


Elles surgissent du fin fond

Fantasmagorique

Des mythologies éclectiques

D’eau et de feu

De terre et d’air


Femmes jaillies des rêves

Elles déplacent le mythe

Le plus ancien au temps

Le plus instantané


Êtres fabuleux

Femmes au cœur à fleur de peau

Elles éveillent des désirs et des hantises

Enchevêtrées

Fées elles engendrent des histoires

Horrifiques et merveilleuses


Gémellaires elles redoublent

De persuasion à dévoiler

Leurs silhouettes multiples


Gorgone Hydre

Elles attirent et repoussent

Le regard posé sur elles

Les dentelles et les coquillages

Les parent d’une séduction

De sirène ou de sorcière

Entre vanité et fatalité

Elles expriment la destinée humaine


La vie la mort joue une étrange

Partie où la couleur

Avive les sentiments


Séduisantes dans leurs apparats

Leurs carnations chatoyantes et vives

Attirent médusent

Et forcent le destin


C’est un chant de sirènes irisé

Plus à voir qu’à entendre

Sinon qu’au fond de soi

Tremble l’écho des contes de

L’enfance

 

Jean-Louis Clarac a écrit tous ses poèmes en situation, dans le temps de l'exposition de la BHNVolcanique .  C'est un challenge que Jean-Louis s'impose : écrire à partir des œuvres exposées, sur deux mois donc ici en octobre et novembre 2021.

 

JEAN-LOUIS CLARAC ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

ET ICI

(cliquer)



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