lundi 7 janvier 2013

LA DIAGONALE DU VIDE DE PIERRE PEJU




" Car notre enfance n'est jamais de l'histoire ancienne. L'enfant que nous avons été, même si nous ne tenons pas à le revoir, même si nous ne l'avons pas convoqué, est soudain là . Il hante notre présent qui se trouble et s'obscurcit. Il a l'éclat légèrement tremblant des revenants.
Enfance pas morte, même si mon adolescence s'est couchée dessus pour l'étouffer.Même si ma maturité lourde et large, s'est couchée sur mon adolescence. Même si toutes les figures, personnages et visages que j'ai utilisés au cours de ma vie se sont tassés les uns sur les autres, en strates successives, au fil des époques et des saisons, au gré des replis, des élans, des échecs ou des chances.
J'ai souvent songé à une sorte de sonde, tube étroit et résistant qu'il suffirait d'enfoncer verticalement à travers ces couches superposées de ma vie, un peu comme font les glaciologues qui prélèvent des échantillons dans les profondeurs de la banquise en pratiquant ce qu'ils appellent un "carottage", puis en analysant les gaz contenus dans les bulles figées dans la glace . Sur le long cylindre de mon existence congelée, on pourrait alors identifier différents moments. On ne découvrirait pas des bulles, mais des mots énigmatiques. Des cris, des sonorités, des impressions, des croyances, des traces. Myriades de significations orphelines en suspension dans la gélatine du Temps."


LU ET AIME DANS  LA DIAGONALE DU VIDE DE PIERRE PEJU ...


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