CAROLINE DAHYOT
Femme.
Enfant. Mère.
Identité
multiple, résolument humaine
Artiste
avant tout, un peu sorcière peut-être
Elle
porte son regard innocent et lucide sur le monde,
Avec
candeur, sans naïveté.
Puissance
fragile que l’on ne peut faire taire,
Dont
la vulnérabilité est la force, dont le coeur est l’âme,
En
dedans, au dehors,
Sur
le fil et au fil des liens,
À
contresens sans se contredire.
À la
rencontre d’une création sincère et singulière…
HABITÉE
Caroline
Dahyot sait faire jaillir son art sur tous les supports possibles : sur le
papier, les murs, sur le plancher, au plafond, dans chaque poupée, sur chaque
drap, chaque morceau de tissu…
L’endroit
où elle habite est habité.
La
présence rassurante et enveloppante de ses créations forme un cocon où l’on
peut se sentir à l’abri du monde. La constante de son travail est la
représentation du vivant : on y trouve toujours un visage, un corps, un humain
ou un animal, des motifs floraux et végétaux, des couleurs vibrantes… Certains
motifs évoquent également le confort de la maison, comme les objets du
quotidien ou la figure récurrente du chat.
Par sa
création, Caroline Dahyot s’approprie les lieux, c’est ainsi qu’elle se sent
chez elle.
Par
cette omniprésence du vivant, elle n’est plus jamais seule, elle se protège de
l’abandon…
HANTÉE
L’idée
de l’abandon la hante depuis l’enfance.
Depuis
toujours, la maternité l’obsède, la famille lui apparaissait comme une parade à
cette profonde angoisse de la solitude,
un idéal de complétude.
Les
figures humaines qu’elle représente dans ses œuvres ne sont d’ailleurs pas des
inconnus, ce sont souvent des personnes bien réelles : des autoportraits pour
commémorer ses souvenirs en compagnie de ses proches, des portraits de ses
enfants, de ses amours…
L’humain
n’est pas un spectre anonyme dans son œuvre, elle y parle avant tout de
relations, des liens qui unissent à ceux que l’on aime, des liens qui étouffent
dans les relations toxiques, des liens qui brisent et qui réparent.
Sa création
puise pleinement dans cette expérience : sa première poupée, elle la réalise,
lors d’une séparation forcée avec sa fille. C’est la rupture avec le père de
ses enfants qui la pousse dans une création compulsive, elle voit alors dans
ses réalisations des « actes magiques » lui permettant de se
protéger, de se garantir de bonnes faveurs.
Contre
toute attente, cela a bel et bien pour elle un effet magique, mais pas celui
qu’elle attendait : elle s’affranchit de la solitude, de son besoin d’être
sauvée par un amoureux, elle se libère et s’accomplit par sa création.
CHANTER
L’identité
et la création de Caroline Dahyot sont multiples, elle chante cette liberté.
Dessinatrice,
peintre, sculptrice, artiste textile, mosaïste, chanteuse, elle excelle dans
toutes sortes de techniques sans jamais se départir de son style si
reconnaissable.
L’œuvre de Caroline Dahyot peut paraître naïve et douce au premier abord, mais elle a
su en vérité y exprimer une part d’enfance qui s’accroche, l’enfance dans ce
qu’elle a de plus intensément coloré mais aussi de plus sombre, avec ses
craintes et ses bulles d’air, avec son imagination débordante qui nourrit des
images foisonnantes et ne s’embarrasse pas de cadres et de limites…
Ses
couleurs débordent et envahissent, transforment les espaces vierges en espaces
d’expression; le papier ne suffit plus, elle peint et dessine désormais, entre
autre, sur des draps de lit, de grands draps blancs qu’elle étend sur le sol
pour mieux s’en approprier tous les recoins.
Dans
cette œuvre textile elle inscrit des messages, d’une grande sagesse, d’une
étonnante simplicité, d’une grande bienveillance, comme autant de portes qui
s’ouvrent vers de nouvelles réflexions, les signes d’une maturité qui ne
s’embarrasse pas d’un trop grand sérieux…
Elle y
exprime son autonomie, comme dans l’œuvre
sur drap intitulée « ne faites pas de moi ce que vous voulez
pour vous », hymne à la désobéissance et à sa liberté.
Dans « combien
serons nous à survivre face au monde », elle s’interroge sur le
bonheur et sur sa propre sensualité : « Je ne connais pas mon désir, mais
je le ressens. », peut-on y lire.
L’approche
artistique et humaine de Caroline Dahyot est celle d’une exploration constante,
d’une réelle curiosité de l’autre, un regard résolument optimiste, lucide sans
jamais devenir cynique.
« Il
y a tant de raisons de vivre », comme on peut le lire sur son drap « Le
Rêve ».
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