vendredi 8 janvier 2021

CAROLINE DAHYOT VUE PAR APOLLINE LEPETIT





CAROLINE DAHYOT


Femme. Enfant. Mère.

Identité multiple, résolument humaine
Artiste avant tout, un peu sorcière peut-être
Elle porte son regard innocent et lucide sur le monde,
Avec candeur, sans naïveté.

Puissance fragile que l’on ne peut faire taire,
Dont la vulnérabilité est la force, dont le coeur est l’âme,
En dedans, au dehors,
Sur le fil et au fil des liens,
À contresens sans se contredire.

À la rencontre d’une création sincère et singulière…


HABITÉE

Caroline Dahyot sait faire jaillir son art sur tous les supports possibles : sur le papier, les murs, sur le plancher, au plafond, dans chaque poupée, sur chaque drap, chaque morceau de tissu…

L’endroit où elle habite est habité.

La présence rassurante et enveloppante de ses créations forme un cocon où l’on peut se sentir à l’abri du monde. La constante de son travail est la représentation du vivant : on y trouve toujours un visage, un corps, un humain ou un animal, des motifs floraux et végétaux, des couleurs vibrantes… Certains motifs évoquent également le confort de la maison, comme les objets du quotidien ou la figure récurrente du chat.

Par sa création, Caroline Dahyot s’approprie les lieux, c’est ainsi qu’elle se sent chez elle.
Par cette omniprésence du vivant, elle n’est plus jamais seule, elle se protège de l’abandon…


HANTÉE

L’idée de l’abandon la hante depuis l’enfance.
Depuis toujours, la maternité l’obsède, la famille lui apparaissait comme une parade à cette profonde  angoisse de la solitude, un idéal de complétude.
Les figures humaines qu’elle représente dans ses œuvres ne sont d’ailleurs pas des inconnus, ce sont souvent des personnes bien réelles : des autoportraits pour commémorer ses souvenirs en compagnie de ses proches, des portraits de ses enfants, de ses amours…

L’humain n’est pas un spectre anonyme dans son œuvre, elle y parle avant tout de relations, des liens qui unissent à ceux que l’on aime, des liens qui étouffent dans les relations toxiques, des liens qui brisent et qui réparent.

Sa création puise pleinement dans cette expérience : sa première poupée, elle la réalise, lors d’une séparation forcée avec sa fille. C’est la rupture avec le père de ses enfants qui la pousse dans une création compulsive, elle voit alors dans ses réalisations des « actes magiques » lui permettant de se protéger, de se garantir de bonnes faveurs.
Contre toute attente, cela a bel et bien pour elle un effet magique, mais pas celui qu’elle attendait : elle s’affranchit de la solitude, de son besoin d’être sauvée par un amoureux, elle se libère et s’accomplit par sa création.


CHANTER

L’identité et la création de Caroline Dahyot sont multiples, elle chante cette liberté.

Dessinatrice, peintre, sculptrice, artiste textile, mosaïste, chanteuse, elle excelle dans toutes sortes de techniques sans jamais se départir de son style si reconnaissable.
L’œuvre de Caroline Dahyot peut paraître naïve et douce au premier abord, mais elle a su en vérité y exprimer une part d’enfance qui s’accroche, l’enfance dans ce qu’elle a de plus intensément coloré mais aussi de plus sombre, avec ses craintes et ses bulles d’air, avec son imagination débordante qui nourrit des images foisonnantes et ne s’embarrasse pas de cadres et de limites…
Ses couleurs débordent et envahissent, transforment les espaces vierges en espaces d’expression; le papier ne suffit plus, elle peint et dessine désormais, entre autre, sur des draps de lit, de grands draps blancs qu’elle étend sur le sol pour mieux s’en approprier tous les recoins.

Dans cette œuvre textile elle inscrit des messages, d’une grande sagesse, d’une étonnante simplicité, d’une grande bienveillance, comme autant de portes qui s’ouvrent vers de nouvelles réflexions, les signes d’une maturité qui ne s’embarrasse pas d’un trop grand sérieux…
Elle y exprime son autonomie, comme dans l’œuvre  sur drap intitulée « ne faites pas de moi ce que vous voulez pour vous », hymne à la désobéissance et à sa liberté.
Dans « combien serons nous à survivre face au monde », elle s’interroge sur le bonheur et sur sa propre sensualité : « Je ne connais pas mon désir, mais je le ressens. », peut-on y lire.
L’approche artistique et humaine de Caroline Dahyot est celle d’une exploration constante, d’une réelle curiosité de l’autre, un regard résolument optimiste, lucide sans jamais devenir cynique.
« Il y a tant de raisons de vivre », comme on peut le lire sur son drap « Le Rêve ».











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