samedi 2 septembre 2023

HOMMAGE A PIERRE SHASMOUKINE

 

Il y a un an disparaissait PIERRE SHASMOUKINE ....

J'avais visité GORODKA et rencontré Pierre en 2010 ICI 

Voici aujourd'hui sur les Grigris l'hommage rendu par Nicole Esterolle en novembre 2022.

 



PIERRE SHASMOUKINE, ARTISTE VISIONNAIRE DU « DÉVELOPPEMENT DURABLE », NOUS A QUITTÉ… GORODKA, SON VILLAGE DANS LA FORÊT,  DOIT LUI SURVIVRE Par Nicole Esterolle (billet d’humeur)

Encore une triste nouvelle, après celle du suicide de Claudius de Cap Blanc, créateur de l’Affabuloscope en Ariège, voici donc celle du décès , le 2 septembre 2022, de Pierre Shasmoukine, créateur de cet autre lieu fabuleusement « inspiré » de Gorodka en Périgord.

Tous les deux ont été  les victimes d’un même  mépris, voire d’une sorte d’une sourde vindicte venant des autorités culturelles des alentours  et de ces DRAC toujours pleines d’affectueuse générosité pour les faux subversifs de l’art, mais féroces envers ces vrais inspirés, « marginaux de l’extrême », magnifiques  poètes, vrais analyseurs sociétaux, qui engagent leur  propre vie pour une exploration existentielle de fond.

Pierre Shasmoukine s’était installé  en 1970, sur une parcelle de forêt  qu’ il avait héritée, près de Sarlat en Dordogne, non viabilisée, sans eau et sans électricité… Il avait 27 ans. Il abandonnait un parcours d’artiste reconnu  exposant à Paris, Versailles, Lyon, Angoulême et  Milan… Aucun moyen financier … Pour tous biens, une brouette, une hachette, 2 chèvres, 3 cochons et 5 canards… Personne pour l’aider. Il installait un petit campement de fortune et vivait seul dans une vieille caravane. Défrichage et nivelage à la pioche. Abattage d’arbres à la hache. Il éleva cochons et volailles, produisait et vendait ses conserves. En même temps, il s’attaquait au travail forestier (échange des cochons contre des arbres) et commençait alors à construire ses premières cabanes, maladroites ébauches de ses futures « Anarchitectures ».

 

 

Commençait alors l’aventure de ce précurseur, écologiste visionnaire avec la découverte d’une agriculture « différente », la création d’un Institut rural d’information qui débouchera sur l’ouverture d’une des premières boutiques de gestion, l’édition du tome 4 du fameux Catalogue des ressources… Gorodka devient un vrai village de sculptures habitables.  Dans ses « anarchitectures » viendront  en résidence  et exposeront 250  artistes parmi lesquels  Philippe Genty, la Mano Negra, Carolyn Carlson, etc. 

L’I.R.I ( Institut Rural d’Information ) bénéficiera du soutien institutionnel et emploiera jusqu’à 13 salariés. L’I.R.I mettra en place une des premières Boutiques de Gestion, et sera « reconnu » par des centaines d’adhérents et de professionnels : collaboration avec 3000 consultants dans divers domaines. A cette époque, les médias se sont vivement intéressés à cette expérience pionnière, innovante et unique. Il travaillera en relation avec des consultants français et étrangers sur tous les sujets créatifs et innovants du monde Rural. Il publiera la Revue Za, le livre « Construire en bois », le 4ème, Catalogue des Ressources « Énergie Habitat », etc …

 

 

 

Il empoignait ainsi tous les sujets du développement durable avec trente ans d’avance…

Mais hélas, en 1981, changement d’ambiance dans Culture française avec l’arrivée du progressisme décentralisateur culturel languien. La Région et  les décideurs locaux, qui n’ont jamais compris la portée de tout ce travail et n’ont eu pour l’IRI qu’indifférence ou hostilité, peuvent se désintéresser de Gorodka. Les subventions seront supprimées et l’IRI, endetté fermera ses portes en 1984. Pierre Shasmoukine restera seul pour faire face aux dettes et aux tracas administratifs…

Très récemment il envisageait de mettre le feu à Gorodka et de disparaître lui-même avec son œuvre… Et il existe un enregistrement poignant de  Pierre Shasmoukine en plein désarroi face au  mépris des instances officielles.:  « Pourquoi, pourquoi ne m’ont-ils pas aidé ? » 

Sa sœur et des amis entreprennent courageusement  aujourd’hui de faire survivre  Gorodka, de préserver ce lieu chargé depuis 50 ans des  valeurs  qui  acquièrent maintenant une importance centrale pour la survie de l’art et de l’humanité.

Il faut soutenir Gorodka. Il faut aller visiter ce lieu céleste, d’un idéalisme de rêve, mais si plein de sens, de positivité, de prospectivité, d’intelligence, de poésie, de nécessité et de compréhension des réalités de notre temps présent..


 LE LIEN VERS NICOLE ESTEROLLE 

 GORODKA ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

LE SITE DE PIERRE SHASMOUKINE


(cliquer sur les liens)

 

 La Canéda
24200 Sarlat la Canéda
05 53 31 02 00

(Sur le GPS j'ai tapé place Marguerite Duras, c'est une petite place pas très loin du site et une aide supplémentaire)


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