vendredi 7 février 2014

LA GALERIE 29 EXPOSE " LES OMBRES INSAISISSABLES III " DE GEORGES NADRA A EVIAN

Coup de coeur pour une galerie ...
Coup de cœur pour un artiste GEORGES NADRA ...
C'est à Evian jusqu'au 29 mars ! 
A découvrir sans hésitation ...


 


"Située au centre-ville d'Evian, dans un monument historique du XIVe siècle, la Galerie 29 est un espace d'art contemporain qui organise des expositions temporaires, actions pédagogiques et excursions culturelles. Tout au long de l'année, par la mise en présence d'expressions diverses, elle apporte un éclairage sur la création artistique actuelle." 







 "Georges Nadra est artiste-plasticien et enseignant. "Par un besoin à la fois viscéral et philosophique de constante mise en danger de soi qui fait partie intégrante et nécessaire de sa démarche, c’est au désordre qu’il donne l’avantage, privilégiant l’hybride, le mélange des techniques, l’assemblage des matières et l’incorporation de déchets divers. Le pinceau ou le crayon à la main, il laisse libre cours à ses pulsions sans les canaliser dans des formes préexistantes. Il joue avec le hasard et ses accidents, les convoque, les provoque même, flirtant sans cesse avec le risque de ruiner et de détruire ce qu’il vient de faire."
Françoise Jaunin, critique d'art, Genève










LA GENÈSE DE L’HUMAIN À L’INFINI
par Harry Kampianne - Journaliste et critique d'art


Tout part de l’homme. De l’essence même du portrait dans lequel Georges Nadra extrait la matière de ses œuvres, dont le support est généralement du lin utilisé parfois à "vide" mais vu comme un "plein" dans ses compositions. Il y a surtout le peintre calquant sa propre mémoire à une lumière intérieure qu’il fait sienne. Il franchit les frontières, provoque une réelle attention de ce que devrait être la peinture : un autre regard. Entendre l’artiste, c’est aussi écouter son œuvre.
En 1983-84, il a peint la lumière de l’homme en difficulté dans un hôpital psychiatrique dans une ville en guerre. Il en est sorti une série de tableaux qu’il a nommé La Raison. Plus tard au gré de ses résidences entre l’Angleterre, l’Italie, le Canada et la Suisse, il y a joint une « architecture infinie du portrait », sorte de voyage atemporel dans lequel respire une flamme intérieure, sans doute celle d’un visage, d’une émotion, d’une étreinte bordé par l’écran psychique de ses "story board" esquissés dans les replis de sa mémoire. Depuis 1986, Paris est devenue son lieu principal de vie et de création où se mélange le contraste des influences et des mémoires. Un filtre, en quelque sorte, laissant passer une archéologie en demi-teinte de ce que l’on appelle plus communément la condition humaine. Une toile complexe, fragile, retorse, angoissée, donnant de la consistance à cette âme si instable qui transpire en chacun de nous. Sans aller jusqu’au rituel, la peinture de Georges Nadra semble vouer un pacte à la fois inviolable et ouvert aux aléas intrinsèques du portrait. Mieux encore ! Il se consacre à l’humain en relation avec l’espace. C’est autrement plus clairvoyant. Il passe au travers du mur qui nous habille. C’est un peu une bataille sans en être une. Il est en faction sans être une sentinelle. Il est à l’affût sans être un chasseur. Bien sûr ! Il aurait pu essayer d’autres genres. Pourquoi pas la guerre qu’il a connu au cœur d’un Beyrouth à feu et à sang ? « Je ne fais pas partie de ces artistes qui interprètent la guerre, affirme t-il, je considère que c’est un phénomène universel que l’on peut vivre sur place et à distance. » Pourquoi pas un paysage ? « Oui, le paysage de l’âme après avoir pénétré le portrait. J’ai toujours considéré que les yeux sont l’attraction pure de l’humain. En vérité, la question qui se pose, c’est "qu’est-ce qu’il y a derrière le mur ?" Mon travail est totalement lié à la transparence. »
En effet, les tableaux de Nadra sont de longues autoroutes sillonnant les régions les plus reculées de la mémoire ; une mémoire collective dans laquelle s’entasse les archives d’un gigantesque road-movie. Ils peuvent être vus comme des captations de vie humaine, des icônes flottant sur des retables aux accents minimalistes, des bribes de gestes échappant à toute discipline. Ils peuvent être figés dans la matière : agglomérat de pigments, de grillages, de métaux, de bois, de fusain et de papier. Ils peuvent surgir en cours de réalisation et rappeler l’importance du cadrage dans lequel ils évoluent. Ce sont autant de particules de vies flottant dans un liquide amniotique, alors que son mur de briques rendu transparent finit par nous rendre l’infini, disons plus abordable.
Il lui est arrivé de s’intéresser au reflet par le biais du plexiglas, de mettre en opposition, comme le vide et le plein, le concave et le convexe comme dans Ombres insaisissables II, installation composée de vingt-huit pièces. « J’avais envie, dit-il, de ramener la peinture à l’idée de photo sans passer par le processus de la photo. » Ajoutons pour le coup son envie récurrente de perspective, d’harmonie qui selon lui « est faite de contradictions », d’allers-retours entre l’achevé/l’inachevé, l’horizontalité/la verticalité, l’apparition/la disparition, à vrai dire composée d’extrêmes en équilibre…Remarquons-là le numéro de funambulisme auquel se prête l’artiste. Il stratifie l’espace, le fait danser sur le fil instable de la mémoire, lui donne même un air à la fois ténébreux et délétère. Il faut croire que chez lui l’instabilité est humaine et attendrissante, elle semblerait être même vecteur de force avant d’être source d’inspiration. Il le sait d’autant plus que « la peinture est une cicatrice » qui ne referme jamais.





 (détails de deux tableaux)



 Le programme des sorties culturelles Escap'arts est arrivé ! 
N'hésitez pas à le consulter sur le site de la Galerie !
Des sorties culturelles à Lyon, Genève, Lausanne etc ....


(cliquer sur les liens)

 Jusqu'au 29 mars 2014 !

 

GALERIE 29
29 rue Nationale 74500 EVIAN
Tél : 04 50 75 29 61
Entrée libre du mardi au samedi, de 14h30 à 18h et sur rendez-vous.

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