POUR CHRISTIAN , YANN , APOLLINE ET POUR MOI BIEN SUR .....
AU NOM DE CES GRANDS-MERES REMARQUABLES , DE CES GRAND -MÈRES PILIERS, DE CES GRAND -MÈRES COUTURIÈRES.
POUR ARLETTE ET MARINETTE.
POUR CES SOUVENIRS D'ENFANCE A JAMAIS GRAVES DANS NOS COEURS...
Un extrait d'une nouvelle de Christian "Pleurer la nuit" :
" Tu pleures ? - Non. - Ne me dit pas non, je t’entends d’ici.Qu’as-tu ? - Rien. »
Je me retournais sur ma paillasse le corps trempé de sueur.« Tu veux pas me dire ce que t’as ? - Rien, Mémé, un mauvais rêve. - Tu veux venir dormir avec moi ?
J’abandonnais ma couche humide pour me glisser contre le corps de la Mamette.
« Le voilà mon petit homme. » Elle me serra contre elle et me colla un gros baiser mouillé sur la joue. « C’était quoi ton rêve ? - Je me rappelle plus. - Ça devait être bien triste pour que tu pleures ainsi.
- J’ai pas pleuré, je te dis! - Tu as pleuré dans ton rêve, je t’ai entendu. - Je sais pas. - Tu as chaud. T’as pas la fièvre au moins ? - Je sais pas. - Qu’est-ce que tu as, tu es tout drôle ? - Je te dis que je sais pas, Mémé. C’est mon rêve c’est tout. - Ah. Si c’est ton rêve. En tout cas c’est un bien méchant rêve pour faire pleurer mon petit homme. - Je suis pas un homme. Les hommes, ça pleurent pas. - Que tu crois. Les hommes sont de grands enfants qui pleurent cachés dans le noir entre les bras d’une femme. - Comme nous ? - Comme nous. » Je me mis à frissonner un peu plus entre les bras de la Mamette. - Tu veux boire ? - Oui. Elle se leva à tâtons et me servit un verre d’eau à l’aiguière.
« Tiens. » Je bus d’un trait. La Mamette me prit le verre des mains et le posa sur le marbre du chevet. « Dors, maintenant. » me dit-elle en retapant nos oreillers avant de me reprendre dans ses bras. « Tu m’as entendu rentrer ? - Oui, avec Jean. - Il était quelle heure ? - Trop tard pour un petit homme comme toi. Si ton père savait. - Comment tu sais, toi ? - Je sais les choses, c’est tout. » Je me blottis un peu plus contre elle. « Je t’aime, Mémé. - Moi aussi, gros bêta. » me dit-elle en riant à couvert. - J’aime pas que tu m’appelles bêta. - C’est pourtant ce que tu es. - Et pourquoi tu ris de moi ? - Je ris pas de toi. C’est ce que tu as dit qui me fait rire. - Quoi ? - Ce que tu m’as dit comme un secret. - Et qu’est-ce que j’ai dit comme un secret ? - Ah ! Si tu te le rappelles plus, c’est que ça n’avait guère d’importance. - Je t’aime ? - Je sais pas. - Si, c’est je t’aime que j’ai dit. Et c’est la vérité vraie, Mémé, je t’aime. - Et moi aussi, grosse bête. - Et pourquoi ça te fait rire que je t’aime ? - C’est pas que tu m’aimes qui me fait rire, c’est la façon dont tu le dit. - Pourquoi ? - Tu le dis comme Jean, quand il venait dans mon lit comme toi, après un mauvais rêve ou du chagrin. - Comme moi là, maintenant ? demandais-je d’une voix étranglée. - Comme toi là maintenant. Allez dors, il est tard. - Mémé, je voulais dire…. - Quoi, encore ? - Mon rêve. - Oui. - Je tuais des lapins. Des gros. - Quelle drôle de rêve tu fais, tuer des lapins. Et tu n’aimais pas ça, tuer les lapins ? - Non. - Et c’est pour ça que tu avais envie de pleurer ? - Oui. - Mais ils sont pas vraiment morts puisque c’est dans un rêve. - Mais…dans mon rêve… je les ai tués quand même. - C’est pas grave. - J’aime pas tuer les lapins. - Les lapins ou autre chose. - Oh Oui ! C’est si facile de mourir. Et j’ai peur que tu meures, toi. Jean, papa et les autres. - Ce n’est pas grave, tu sais ; Le moment venu, on finit tous par mourir. » Le corps de la Mamette était mouillé maintenant, et elle continuait à me serrer un peu plus fort contre elle avec beaucoup de tendresse. « Pleure un bon coup et dormons. - Je sais pas si j’en ai envie. - Ça te fera peut-être du bien.»
Alors je me suis résolument laisser aller à pleurer dans le noir, tout contre le corps rassurant de la Mamette, tandis que les chats griffaient les tuiles en se courant après juste au-dessus de nos têtes. "
Alors je me suis résolument laisser aller à pleurer dans le noir, tout contre le corps rassurant de la Mamette, tandis que les chats griffaient les tuiles en se courant après juste au-dessus de nos têtes. "
4 commentaires:
très beau et très poètique , je commence à reconnaitre la "patte " d' Apolline "
Valérie
Merci pour ces cariatides familiales. Papou
Très joli texte
c'est tellement beau et si touchant...
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