Cet été, en descendant sur Agen, nous avons décidé de visiter le JARDIN DE PROSPER GILIS.
J'avais pris rendez-vous avec Mme Gilis en juin, elle était hélas malade en cette fin du mois de juillet et c'est son fils et sa fille qui ont eu la gentillesse, l'un de venir à notre rencontre (il faut tourner à gauche juste aprés le château de Bonaguil et ...je me suis perdue !) l'autre de nous recevoir et de répondre à nos questions...
Beaucoup d'émotion ce jour là face à un lieu désuet, laissé à l'abandon mais aussi de la peine car il est clair qu'au décés de Mme Gilis ce jardin d'Eden est, pour des raisons familiales, amené à disparaître.
" Nous croyons tout savoir sur les sites les mieux connus de notre région mais ces créations singulières nous réservent toujours des surprises ! C’est mon ami Denis Lavaud et sa revue Zon’Art qui m’avaient sortis de mon sommeil dogmatique en me demandant tout simplement le prénom de celui que nous appelions tous Monsieur Gilis. Je suis donc retourné une nouvelle fois sur les lieux et j’ai passé l’après-midi avec la veuve de Monsieur Gilis que je connaissais de très longue date puisqu’elle était cuisinière à Bonaguil dans les années soixante-dix et donnait la soupe à mon ami « Froment » qui y exposait à cette époque. Comme quoi les plus familiers ne sont pas les meilleurs témoins ! Le prénom usuel de Monsieur Gilis est Jean. Mais ce n’est pas son vrai prénom ! En réalité, il s’appelait Prosper Gilis mais, comme me l’a dit sa veuve, il n’aimait pas du tout ce prénom ! Prosper Gilis était donc maçon et la construction du site commence avec sa maladie car ce petit site enchanteur est en fait emprunt de tragédie. Nous sommes fin 1967, début 1968. Jean Prosper Gilis souffre de « sciatique ». Son travail artistique s’est limité jusque la à un buste de Napoléon, pour lequel il avait semble-t-il de l’admiration, en vaisselle cassée façon mosaïque sur la terrasse en ciment de sa maisonnette. Gilles Séraphin, l’inventeur des graffiti de la Grosse tour du château de Bonaguil, m’a décrit les lieux à l’époque comme un capharnaüm avec vieilles carcasses de voitures et autres joyeusetés. Or la « sciatique » est en réalité un cancer de la vessie qui évoluera en cancer généralisé. Gilis meurt en 1974, à soixante-sept ans.
Le jardin de PROSPER GILIS en anlais sur le blog d'Henk van Es :
Jean Prosper Gilis
(5 km de Fumel)
47500 Saint-Front-sur-Lémance
J'avais pris rendez-vous avec Mme Gilis en juin, elle était hélas malade en cette fin du mois de juillet et c'est son fils et sa fille qui ont eu la gentillesse, l'un de venir à notre rencontre (il faut tourner à gauche juste aprés le château de Bonaguil et ...je me suis perdue !) l'autre de nous recevoir et de répondre à nos questions...
Beaucoup d'émotion ce jour là face à un lieu désuet, laissé à l'abandon mais aussi de la peine car il est clair qu'au décés de Mme Gilis ce jardin d'Eden est, pour des raisons familiales, amené à disparaître.
De retour à Reims c'est en faisant de nouvelles recherches sur PROSPER GILIS que j'ai découvert le blog de JEAN-MICHEL CHESNE , un blog magnifique ( dont je reparlerai) qui présente ses dessins-dentelles et les lieux qu'il visite :
" Monsieur Gilis était maçon. Pendant des années, il avait rêvé de constituer sur un petit terrain en bordure de route, traversé par un fossé alimentant un bassin, un "jardin du rêve" peuplé de statues représentant son imaginaire. A la retraite, il s'y attelle et en vient à bout après 3 ans d'efforts. Peu de temps après en 1974, il disparaîtra. Ce petit site insolite est situé aux confins du Lot et en toute saison, la végétation est luxuriante, envahissante et renforce un sentiment de nostalgie accentué aujourd'hui par la lente dégradation des sculptures en ciment. Les couleurs ont désormais pratiquement disparu de la plupart des pièces. Au départ, les statues polychromes s'inspiraient du "Manège Enchanté", une émission de télévision des années Soixante. Cependant, Gilis va rapidement abandonner ces personnages pour constituer son propre univers. "
" Sous l'oeil de la statue du Général De Gaulle, à côté du grand homme un éléphant représente la sagesse et la force, un tigre a la nature guerrière symbolise le héros de la résistance, plus loin, en contrebas une scène idyllique dans laquelle un chien, un ours, un kangourou et un zèbre vivent en paix alors qu' un boa constrictor s'enroule paisiblement auprès d'un flamant rose. "
" Sous l'oeil de la statue du Général De Gaulle, à côté du grand homme un éléphant représente la sagesse et la force, un tigre a la nature guerrière symbolise le héros de la résistance, plus loin, en contrebas une scène idyllique dans laquelle un chien, un ours, un kangourou et un zèbre vivent en paix alors qu' un boa constrictor s'enroule paisiblement auprès d'un flamant rose. "
Dans un autre article Jean-Michel Chesné évoque de nouveaux renseignements donnés par Jean-François-Maurice sur les conditions réelles de la création de cet endroit :
" Nous croyons tout savoir sur les sites les mieux connus de notre région mais ces créations singulières nous réservent toujours des surprises ! C’est mon ami Denis Lavaud et sa revue Zon’Art qui m’avaient sortis de mon sommeil dogmatique en me demandant tout simplement le prénom de celui que nous appelions tous Monsieur Gilis. Je suis donc retourné une nouvelle fois sur les lieux et j’ai passé l’après-midi avec la veuve de Monsieur Gilis que je connaissais de très longue date puisqu’elle était cuisinière à Bonaguil dans les années soixante-dix et donnait la soupe à mon ami « Froment » qui y exposait à cette époque. Comme quoi les plus familiers ne sont pas les meilleurs témoins ! Le prénom usuel de Monsieur Gilis est Jean. Mais ce n’est pas son vrai prénom ! En réalité, il s’appelait Prosper Gilis mais, comme me l’a dit sa veuve, il n’aimait pas du tout ce prénom ! Prosper Gilis était donc maçon et la construction du site commence avec sa maladie car ce petit site enchanteur est en fait emprunt de tragédie. Nous sommes fin 1967, début 1968. Jean Prosper Gilis souffre de « sciatique ». Son travail artistique s’est limité jusque la à un buste de Napoléon, pour lequel il avait semble-t-il de l’admiration, en vaisselle cassée façon mosaïque sur la terrasse en ciment de sa maisonnette. Gilles Séraphin, l’inventeur des graffiti de la Grosse tour du château de Bonaguil, m’a décrit les lieux à l’époque comme un capharnaüm avec vieilles carcasses de voitures et autres joyeusetés. Or la « sciatique » est en réalité un cancer de la vessie qui évoluera en cancer généralisé. Gilis meurt en 1974, à soixante-sept ans.
C’est donc selon le témoignage de sa veuve en moins de six ans avec une activité fébrile durant trois ans que ce site a été réalisé. Plus incroyable encore, c’est un homme alité qui était à l’ouvrage. En effet, Jean Prosper Gilis travaillait devant sa cheminée allongé sur une chaise longue. On lui apportait une gamelle de ciment, du plâtre et du ciment prompt. Il façonnait ses personnages en papier journal qu’il liait d’abord avec des ficelles puis avec du fil de fer. Il passait ensuite des couches et des couches de ciment, utilisant le plâtre pour le premier modelé des visages et le ciment prompt comme durcisseur mais surtout comme imperméabilisant. Ensuite les animaux et autres personnages étaient peints. Si, dans les premières années, Jean Prosper Gilis allait lui-même installer ses créations, ensuite il indiquait de sa terrasse, l’emplacement qu’il souhaitait pour organiser son jardin du rêve. "
" Il me faut maintenant détruire une légende, légende que j’ai moi-même contribué à répandre. Jean Prosper Gilis a effectivement réalisé son auto-portrait. Et tous de répéter, y compris moi, que le personnage en haut du site, à côté du Général De Gaulle, c’est Gilis. Eh bien non, absolument non ! La réalité est à la fois plus cocasse et plus tragique : plus cocasse, car cet homme, ce petit homme, c’est le percepteur ! Plus tragique car l’autoportrait est une des dernières pour ne pas dire la dernière sculpture réalisée par Gilis. Il avait tellement l’angoisse de ne pas réussir à la finir qu’il en devenait fébrile. « Il s’énervait, il se mettait en colère, il n’y arrivait pas, il gâchait… », me raconte sa veuve, « il lui faut terminer rapidement, il a peur de pas pouvoir, il a recommencé plusieurs fois… ». Alors se réalise l’impensable : Jean Prosper Gilis va mettre son visage sur le corps d’une autre sculpture, celle du gendarme, ajoute la casquette ! Oui !, l’autoportrait authentique de Gilis c’est le gendarme qui de son bâton blanc intime l’ordre au passant de s’arrêter au portes du rêve ! "
Le jardin de PROSPER GILIS en anlais sur le blog d'Henk van Es :
Jean Prosper Gilis
(5 km de Fumel)
47500 Saint-Front-sur-Lémance
1 commentaire:
Merci Sophie. J'aime beaucoup les photo's vous avez faites pendant votre visite (un peu triste aussi, les conditions du jardin). J'ai adapté mon billet d'octobre 2010.
Votre blog est très agréable en développement. Un vrai bijou.
Cordialement, Henk
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