La voici aujourd'hui sur les Grigris ...
Avec cette phrase de Roger Cardinal : «Les étreintes infinies sont l’image d’une extase qui dépasse la simple hantise charnelle. Il y a ici une ouverture vers autre chose, un élan presque mystique, l’amorce d’une harmonie impensable».
Un texte de Gilles Bounoure de juin 2012 ( Hebdomadaire Tout est à nous ! n°154)
"On connait Ody Saban pour ce que ses toiles et ses dessins expriment de ferme révolte contre le patriarcat et d’aspiration ardente à l’émancipation générale…Dans les œuvres récentes (2011-2012) on remarquera la fusion entre deux atmosphères que son imagination explorait naguère séparément, celle de la forêt vierge et celle de la navigation maritime ou fluviale, toutes deux sans voles tracées à l’avance. Pour apprécier ce que le résultat a de libérant, il suffira de comparer ces paysages rêvés aux cauchemars tropicaux de Joseph Conrad, La Folie Almayer ou Au Cœur des ténèbres à l’origine du film Apocalypse Now. Point de telles ténèbres dans le paradise Now que dessinent les « fleurs de la nuit » d’Ody Saban."
... et des textes inédits écrits par ODY ....
2011. Les fleurs de la nuit voyagent. 115, 50x 73cm. Acrylique, encre de Chine sur toile.
"L’art
doit être comme de la sorcellerie. Il doit agir sur les gens sinon ça ne sert à rien.
Ici c’est un tableau un peu inquiétant mais qui va dans le sens d’une réconciliation.
Le bateau s’avance dans la jungle et se fond en partie dans cette jungle. Il devient un élément de cette jungle.
La fleur de la nuit, c’est la fleur ou la lumière qui s’ouvre dans la profondeur de la jungle et qui donne un espoir : l’espoir qui nait dans le cœur chaque fois qu’on entend la musique du monde sauvage.
La fleur de la nuit n’est pas précisément située dans ce tableau, on peut la trouver ici et là, pas partout mais dans beaucoup d’endroits. C’est une fleur qui se métamorphose et qui plonge ses racines dans l’inconscient.
Cette fleur de la nuit, on peut la voir, p. ex. ici, (la tête d’une femme rose à gauche avec un corps rose qui sort du bateau) ou alors là (la grande feuille avec un œil et ce personnage rose assis qui peut faire fonction de lèvres) ou encore ici (les deux arbres qui ont des bouches proches l’une de l’autre) ou encore dans ces formes (vertes et grises, à droite, mi pieuvre, mi végétal).
Les arbres sont espacés de façon musicale et rythment l’avancée du bateau. Ils regardent avec un regard humanisé ou animalisé mais ce regard conserve le caractère solennel et un peu impersonnel qu’ont les arbres quand vous passez devant eux : il se passe quelque chose ; les arbres agissent sur vous, ils vous émeuvent, mais en même temps c’est un autre monde.
Les éléments minéraux, végétaux, animaux et humains se fondent et s’interpénètrent les uns les autres. On voit le bateau empli de végétations, (fenêtre verte au milieu), de formes humaines qui ne sont pas seulement des passagers (comme à l’extrême droite, le buste de couleur rose), des formes animales s’en échappent et surgissent (le lapin et son ami, le hibou et des formes plus indéterminées comme ici toute au milieu, cette forme rouge et rose qui est un personnage).
Dans ce tableau chaque être vivant parle aux autres êtres parfois dans un souffle, parfois dans un chant, parfois dans un cri. "
Ici c’est un tableau un peu inquiétant mais qui va dans le sens d’une réconciliation.
Le bateau s’avance dans la jungle et se fond en partie dans cette jungle. Il devient un élément de cette jungle.
La fleur de la nuit, c’est la fleur ou la lumière qui s’ouvre dans la profondeur de la jungle et qui donne un espoir : l’espoir qui nait dans le cœur chaque fois qu’on entend la musique du monde sauvage.
La fleur de la nuit n’est pas précisément située dans ce tableau, on peut la trouver ici et là, pas partout mais dans beaucoup d’endroits. C’est une fleur qui se métamorphose et qui plonge ses racines dans l’inconscient.
Cette fleur de la nuit, on peut la voir, p. ex. ici, (la tête d’une femme rose à gauche avec un corps rose qui sort du bateau) ou alors là (la grande feuille avec un œil et ce personnage rose assis qui peut faire fonction de lèvres) ou encore ici (les deux arbres qui ont des bouches proches l’une de l’autre) ou encore dans ces formes (vertes et grises, à droite, mi pieuvre, mi végétal).
Les arbres sont espacés de façon musicale et rythment l’avancée du bateau. Ils regardent avec un regard humanisé ou animalisé mais ce regard conserve le caractère solennel et un peu impersonnel qu’ont les arbres quand vous passez devant eux : il se passe quelque chose ; les arbres agissent sur vous, ils vous émeuvent, mais en même temps c’est un autre monde.
Les éléments minéraux, végétaux, animaux et humains se fondent et s’interpénètrent les uns les autres. On voit le bateau empli de végétations, (fenêtre verte au milieu), de formes humaines qui ne sont pas seulement des passagers (comme à l’extrême droite, le buste de couleur rose), des formes animales s’en échappent et surgissent (le lapin et son ami, le hibou et des formes plus indéterminées comme ici toute au milieu, cette forme rouge et rose qui est un personnage).
Dans ce tableau chaque être vivant parle aux autres êtres parfois dans un souffle, parfois dans un chant, parfois dans un cri. "
2013. Les amoureux en danger. 35,5 x 27,5 cm. Acrylique sur toile.
"Il s’agit ici d’êtres clairement mythologiques et imaginaires. Ces êtres représentent la fragilité de l’amour, toujours en tension, entre les pulsions sexuelles et agressives d’une part, et d’autre part l’exaltation et l’idéalisation."
2013. Le libre développement de la tête. 92x 65cm cm.
" Il y a plusieurs têtes dans
les deux principaux animaux, parce qu’ils pensent différemment, avec l’esprit,
le cœur ou les tripes, mais ces façons de penser ne sont pas hiérarchisées.
Ici aussi on trouve apprivoisement, sublimation et sagesse. Il y a un groupe d’anthropoïdes
plus ou moins humanisés et qui sont aussi des figures mythologiques. Les esprits anthropoïdes
sont conduits par les esprits des animaux plus primitifs et l’inverse est vrai aussi. Il y a une protection mutuelle."
Ici aussi on trouve apprivoisement, sublimation et sagesse. Il y a un groupe d’anthropoïdes
plus ou moins humanisés et qui sont aussi des figures mythologiques. Les esprits anthropoïdes
sont conduits par les esprits des animaux plus primitifs et l’inverse est vrai aussi. Il y a une protection mutuelle."
2010. Dans la forêt Lacandone,Kachina Angwusnasomtaka pendant le rite d’initiation pour les nouveaux nés. 55x 55cm. Aquarelles encre de Chine sur papier.
" J’ai plutôt cherché des chimies subtiles qui fassent surgir de la
banalité, des fragments des mondes utopiques mais aussi des trous noirs
monstrueux qui s’ouvrent partout sur cette terre, au cœur même de la vie
quotidienne. Si mes aquarelles déroulent des tapis qui racontent des histoires
et semblent surgies de contes de milles et une nuit, ces histoires sont
pourtant parsemées de cris de révolte. Si on dit souvent avec raison que mes
peintures à l’acrylique sont violentes, ce n’est pas pour autant que leur
contenu soit un appel à la violence. C’est la vie courante qui est violente. Elle
est à un point tel que, ni les enfants, ni les femmes, ni les hommes, ne sont
capables de l’apercevoir telle quelle se développe et rompe à nos pieds au bord
de Bosphore, aux pieds des cheminées des fées, comme à l’ombre des
civilisations détruites qui semblent hanter jusqu’à ce qu’il y a le plus beau
dans le Grand Canyon de Colorado."
2006.
L’envol
pour demain. 65x
92cm. Acrylique, encre de Chine sur toile.
Les
bateaux d’Ody Saban
Voici un texte écrit en 2008 par Michel LEQUENNE « Ode à la
vie » :
"Où
vont les bateaux d’Ody ?
Ne
le lui demandez pas ! Elle ne vous répondra pas !
Et
pourquoi ?
Pour
répondre, il faut enquêter, car on n’y voit personne de disposé
à satisfaire la curiosité la plus désintéressée. Pas de
capitaine apparent, et guère non plus de matelots, lesquels
d’ailleurs, m’a-t-on dit, ne parlent aucune langue connue. Quant
aux passagers… Ah ! les passagers ! Bouches cousues et mine fermée
! Ils semblent surtout pressés de partir. Il suffit de suivre leurs
regards tournés du côté de la mer.
N’est-ce
pas une première indication ? Ils fuient sans doute, et si vous vous
demandez quoi et pourquoi, c’est probablement que vous êtes
satisfaits du monde tel qu’il est.
Tout
de même, dites-vous, le ciel est bleu ! D’un bleu superbe ! plus
beau que celui de Klein ! Toutefois, ne vous y fiez pas ! Rien de
plus changeant que le ciel. Et ceux qui en attendent quelque chose
en le priant en reçoivent rarement de l’aide, quand ce n’est pas
des bombes.
Donc
ils fuient ?
Mais
non ! Pas besoin d’avoir peur pour avoir envie de s’en aller. On
peut simplement se dire qu’ailleurs, ça ne peut pas être pire, et
que ça a même des chances d’être mieux. Ça ! une cosmopolite
comme Ody se l’est souvent dit. Trop souvent peut-être pour en
être encore dupe ! Alors ?
Je
ne vous ai pas encore parlé de ses bateaux eux-mêmes. De sacrés
beaux bateaux ! Des rouges comme ça, on n’en voit pas beaucoup.
Avec des bateaux pareils, on ne va pas jeter l’ancre dans un port
gris, au milieu de bâtiments noirs. Et les superstructures ? Vous
les avez bien regardées les superstructures ? Avec ce qu’ils
recèlent comme confort, on peut aller loin, et sans ménager sa
monture.
Bon
! Loin ! Mais où ?
À
mon avis, comme Colomb, pour l’inconnu, pour des terres inconnues.
Pour des Indes féeriques. Voyez l’Envol
pour demain !
Quel enthousiasme ! Quelle confiance !
Vous
prétendez qu’il n’y a plus de terres à découvrir.
Si
! Il y a le pays d’Utopie !
Et
a bien regarder ces fameux passagers, je leur trouve des têtes à
être les parfaits citoyens potentiels de ce pays là ! Leurs rêves
sont si puissants qu’ils s’échappent de leurs têtes en
émanations fantastiques.
Donc,
oui, ils vont vers l’Utopie ! À moins… à moins que les bateaux
eux-mêmes soient le but déjà atteint, pavoisés comme ils sont de
ces tableaux qui contiennent la miniaturisation de l’univers
entier, prêts à voguer indéfiniment sans sombrer jamais.
Conçus,
construits, affrétés, équipés, en un mot peints par une
magicienne, avec un équipage et des passagers d’invocation
altermondialiste, ils partent pour la vie invincible, pour demain !
2010. La fée Capucine prend son envol. 65x 92cm. Acrylique sur toile, encre de Chine sur toile.Sérigraphie
2011. Le peuple des êtres sans pesanteur. 65x 92cm. Acrylique, encre de Chine sur toile.
La
béquille carabine
1994. Mémoire I. Sérigraphie en six couleurs sur carton crème. Cette sérigraphie est la dixième page du livre d’Ody Saban « La béquille carabine ». Le livre est en sérigraphie, il a vingt pages et son reliure est en carton. 41x60, 5 cm. Edition Le Dernier Cri. 100 exemplaires. Ce livre se trouve dans plusieurs collections des musées d’art brut comme à Lausanne et est disponible à l’atelier de l’artiste.
Ce texte
est écrit et calligraphié dans le livre par Ody.
Je suis avec
mes béquilles. Mon pied séparé de la terre est entre les pattes
velues du lion mon amant. Je ne suis qu’un tibia. Mon amant risque
d’effleurer le sexe de l’os du péroné : la femme
imaginaire dont je suis jalouse.
Je dis au lion mon
amant « reste là et pénètre-moi ». Les boutons de nos
glandes s’ouvrent sous nos doigts. Nos sexes s’envolent d’un
pétale à l’autre. Je laisse mes béquilles.
Alors tu me portes dans tes pattes et ton sexe est un oiseau.
Alors tu me portes dans tes pattes et ton sexe est un oiseau.
Moi je suis
immobilisée et toi tu ne sais pas mélanger les assiettes avec les
livres, ni les souliers avec les boîtes de couleurs dans un placard
qui pourrait devenir le nôtre. La femme dont je suis jalouse veille
et te montre les différentes parties de son sexe.
Je sais tisser mes rêves mais sais-je faire passer les essuie-mains de ma tête ensommeillée à travers les plumes de l’oie vivante de l’oreiller en forme de T ?
Deux cœurs bougent au milieu de l’amour ! Je me mouille dans le plaisir à regarder ton iris d’où des étoiles se faufilent.
Je trouve des formes à travers les sensations de mon clitoris, mon cœur est dans mon sexe.
Mais j’ai entendu que les yeux de l’oiseau qui chante ont été crevés pour qu’il chante mieux. J’ai pris la béquille carabine pour tuer la guerre.
Vous pouvez aussi retrouver Ody sur facebook .... et découvrir bien d'autres tableaux ......
1999. Le
signal est donné. 25 X 37,5 cm Aquarelles,
encre de Chine sur papier de soie.
Voici un texte
écrit par Roger Cardinal
pour l’exposition
personnelle d’ Ody Saban « ÉTREINTES»
qui a eu lieu en 2005 à Paris, à la galerie « Objet trouvé,
aujourd’hui s’appelant galerie Christian Berst ».
ODY SABAN: LA PLUME FAUVE
Regardez
courir cette plume fauve, telle la queue du renard glissant sous la
haie, les paraphes de l’écureuil longeant la branche, l’ombre de
la mouette sur le sable. La main d’Ody Saban, déliée, ne recule
pas. Elle arpente l’ampleur du papier, l’encombrant de lignes
brusques ou sinueuses qui s’entrelacent et s’entretassent. La
pratique de l’automatisme consiste en premier lieu à exercer une
savante maladresse, donnant champ libre à la prolifération
gestuelle : puis, par une sorte d’affaissement inspiré, les
griffonnements saccadés sont pris dans un flux plus calme, échappant
à l’opacité tumultueuse de l’encre pour revêtir un début
d’apparence. Alors, et c’est là tout son jeu, la dessinatrice
tire doucement sur les fils ténus qui serrent les liens entre les
formes. D’un grand galimatias illisible sortent des contours
éloquents : des configurations émergent, petit à petit la
confusion se dissipe et le dessin se précise.
Ainsi
prend corps un monde d’une étrange exubérance.
Cet
espace virtuel et inédit, véritable amas de profils hardis et de
longs pans texturés, s’appuie sur des règles tacites
d’équivalence, de transparence et de correspondance. Voyez ces
petits personnages comme des portraits en miniature, reproduits à
l’intérieur de grands personnages. Découvrez ces niches intimes,
ces alcôves surchauffées, où se déroulent de charmantes scènes
scabreuses. Il s’agit d’échos et de reprises, parfois
inquiétants. Le papier respire, les membres s’étirent et se
recoupent. Arc, cercle, hachure, arabesque disjointe – autant de
signes suscitant front, sourcil, pupille alerte, narine, menton,
joue, lèvre juteuse... Visage après visage se dévoile et s’éveille
radieux. Et les baisers se boivent tel un buisson avalant des
moineaux.
Toutes
ces scènes d’accouplement béni ont lieu mais leur lieu manque à
nos cartes quotidiennes. Cet univers lourd de jouissance baigne dans
une mythologie archaïque et volontairement floue. Interrogée,
l’artiste admet quelques allusions : Çatal Höyük, Ithaque,
Éden ; ou bien : Lilith, Pénélope et Ulysse, Ève et
Adam. Mais rien n’est trop fixe, car son propos n’est pas
d’illustrer une quelconque narration toute faite mais de mettre en
scène un certain drame spirituel qui, plus précisément, traite de
la rencontre d’une palpable présence avec une surface prête et
ardente. Auteur et feuille vierge s’embrassent dans chaque trait
d’encre, imprégnés de cette sécrétion scintillante qui coule de
source pour enregistrer le rythme d’un coeur battant.
L’oeuvre
d’Ody Saban n’invite guère à un effort de raisonnement mais à
la reconnaissance d’une plénitude qui est comme la signature
immédiate du sujet créateur. Sa haine du mensonge, sa volonté de
rénover les rapports humains, sa passion de beauté et de joie se
mêlent et se muent en une contemplation sereine. Sa ferveur
émotionnelle prend enfin la voie de la lenteur et de la clarté. Les
étreintes infinies sont l’image d’une extase qui dépasse la
simple hantise charnelle. Il y a ici une ouverture vers autre chose,
un élan presque mystique, l’amorce d’une harmonie impensable.
Impensable, certes, mais seulement parce que – jusqu’à nouvel
ordre – nous vivons en deçà de ce paradis sans culpabilité, où
l’élan amoureux plane librement, comme la plume sur la page
blanche.
FEMME VANILLE, FEMME CÈDRE, FEMME TIGRE,
FEMME HIBISCUS,FEMME GRENADE, FEMME TOUCAN
ODY SABAN EST UNE JUNGLE A ELLE TOUTE SEULE !
FEMME HIBISCUS,FEMME GRENADE, FEMME TOUCAN
ODY SABAN EST UNE JUNGLE A ELLE TOUTE SEULE !
*** LE SITE D'ODY
*** DES TEXTES SUR ODY ( avec deux très beaux textes de Françoise Monnin à lire absolument )
***UNE VIDEO SUR ODY (à regarder sans hésitation )
*** UN BEAU PORTRAIT D'ODY SUR OUTSIDER ART FAIR
(cliquer sur les liens)
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