Narbonne: Les jardins fous de F.Spiktri

F.Spiktri est un artiste accompli, un sculpteur sans limite, un peintre acharné débordant d'idées et de projets. À Montséret, ses œuvres gigantesques s'imposent. Rencontre.

Dans la vraie vie, on l'appelle Flo. Florent Hamel. L'artiste peint, griffonne et tague, depuis sa plus tendre enfance. Il y a 13 ans, afin de vivre sa passion sans limite, il investit dans l'immobilier et ouvre deux gîtes. "Cela m'a permis de gagner de l'argent et d'avoir du temps", explique-t-il. Chaque jour, il travaille d'arrache-pied pour donner vie à ces formes qui hantent son esprit. Tous les moyens sont bons. S'il a commencé dans le street-art, il s'essaye à toutes les techniques, tous les supports. Et finit par instaurer les deux mouvements qui résument son œuvre : Agressive art et Love Révolution.
Le premier est un moyen d'exprimer ces facettes négatives que lui inspire la société. "Le suicide, les dérives politiques, le mal-être en général…" Le deuxième, c'est son pendant positif, "car c'est l'humain qui m'intéresse", résume-t-il. Chaque objet fait sens, pour cet artiste accompli. Parmi les plus célèbres produits de son imagination, il y a cette série de têtes de mort surdimensionnées, les skulls, véhiculant chacune ses propres messages. Mais il y a aussi ces robots géants de métal soudé, dominant son jardin à près de 3 mètres de hauteur. Ou encore ce gigantesque taureau de béton, et cette série de jeans multicolores figés par la résine.

À 43 ans, F.Spiktri (prononcé Spikatri) a déjà exposé aux quatre coins du monde. Londres, Moscou, Cannes, Bâle (Suisse), Budapest (Hongrie)… Et aussi Tuchan et Narbonne. En 2012, il a même rencontré Bob Sinclar, le célèbre DJ, pour lui remettre l'une de ses œuvres, un skull métallique en récup doté d'un casque audio. "Je lui ai aussi montré le clip que nous avions réalisé autour de mes pièces et il a beaucoup aimé. Au point de le passer en boucle, en arrière-plan, pendant qu'il mixait".
Pourtant, pas question de vendre ses œuvres. Ou alors au compte-gouttes. "Ce n'est pas ce qui me fait vivre, et puis je trouve que ça casse l'œuvre. Pour certaines sculptures on m'a fait plusieurs offres à hauteur de 50 000 euros, mais j'ai refusé. C'est un bout de moi-même…" Alors que faire de cet ensemble d'œuvres monumentales qui envahissent chaque recoin de sa maison ? Un projet fou.
À la sortie de Montséret, dans le hameau des Clauses, Florent Hamon et son épouse, Julie, ont fait sortir de terre quatre villas d'artiste entourées de ce qu'ils nomment 'Les jardins de Spiktri'. Du tourisme et de l'art à la fois. Ce jardin, encore en construction, est jalonné d'œuvres plus monumentales les unes que les autres.
Comme ce boxeur de fil de fer. "Celui-ci pèse 340 kg, précise-t-il. J'ai réalisé 4 000 soudures et utilisé 2 km de métal". Et puis des mosaïques, un cœur de 6 mètres de haut qui donnera bientôt accès à une spirale enchantée. Ou encore cet arbousier carbonisé, trouvé en pleine nature, bétonné et habillé de galets translucides… Un jardin sculptural à nul autre pareil. Un jardin fou."

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