Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
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mercredi 26 février 2014

RODIA BAYGINOT SCULPTE LE TISSU !


Coup de coeur en entrant dans " LA DANSE DES GRAND-MÈRES" pour la sculpture de
 RODIA BAYGINOT !

Cette femme est une enchanteresse qui travaille le tissu comme personne, c'est aérien 
et chargé de sens ...
L'histoire a commencé il y a bien longtemps, c'est un travail de longue haleine ...
RODIA est  peintre, elle a crée  pour cette œuvre incroyable des toiles  qu'elle a découpées et cousues,  qu'elle a transfigurées et revisitées ...
Cette sculpture interpelle et appelle, on s'approche, on s'éloigne, on tourne autour ... on a envie de toucher .
Cette sculpture est mouvante et se lit recto-verso, elle n'est pas définitive et subira sans aucun doute de nouveaux ajouts, elle est en devenir et pourtant totalement aboutie  ... 
Cette sculpture oscille entre passé et futur et danse pour notre plus grand bonheur !

Vous la retrouverez cet été dans l'exposition d'Aubagne du 26 juillet au 24 aout !



 

 Jean-Paul Gavard-Perret dans son texte : 

 Rodia Bayginot : portrait de l'artiste en "griotte"explique ce beau travail :



" « Les haut-perché-e-s »  provoquent  par leur altitude  un effet d’abîme : « Ce ne peut être que la fin du monde en avançant » aurait dit Rimbaud.  Mais de fait, Rodia Bayginot propose des figures, des mots, des abstractions, des silhouettes vives (autoportraits sublimés ?) en une succession de chutes et de remontée où  l'insaisissable est retenu.  Chaque pièce  rappelle que la vie tue mais que c’est un don. Comme les images elles-mêmes. C’est pourquoi certains monothéismes les craignent. Car donner, vraiment donner, est difficile.  Rodia Bayginot sait le faire en ses monstrations poétiques et joyeuses. Le textile n’y est pas un « habit » et encore moins un linceul.  Chaque pièce crée un début du jour plus que la fin de la nuit.  Ce qui n’enlève donc rien la question : que faire avec un corps ?  Car voici le corps.  Que peut-il faire, que peut-il donner encore, en corps ?  L’art de la créatrice répond car elle ne copie pas la réalité : elle la ravaude mais en même temps la sublime. Elle y ajoute des mots que seule l’image (comme chez un Ben) finit  en inventant le graphisme d’un discours qui ne se conçoit pas comme achevé puisqu’il est impossible de considérer le corps et l’art comme achevés. Les envisager de la sorte ce serait les tuer par immobilisation.



Dans les prises de Rodia Bayginot  tout bouge en d’indescriptibles traînes  que les cintres rehaussent afin que l’image s’arrache de la terre par effet de grigri. Si bien que l’artiste se fait griot : pourrait-on dire griotte ? A cet instant les morts ne reviennent plus hanter les vivants. Ce sont les vivants qui habitent les morts pour qu’ils persistent dans le cosmos. Le regardeur devient visiteurs des Visitandines avec leur coiffure de vierge folle donc humaine. Il ne reste qu’à s’asseoir près d’elles dans un besoin mélancolique de partager du temps et de comprendre la vie cachée et grouillante. Les corps ne sont pas emmitouflés : ils sont nus comme des coups de poing. Ce sont de parfois de Petites Femmes sortant de l’eau mais qui ne s’affaissent pas sur le sable. Personne n’est nécessaire pour les prendre sur des genoux. Rodia Bayginot les a sauvées du naufrage dans sa Passion pour les images et pour les autres.  Dans son formidable cortège humain la vie  une fois de plus recommence sa tache. Elle est là. En bonne camarade. Nous ne sommes plus ses égarés provisoires. L’artiste propose de participer  à sa danse grave et légère."










 Et un autre texte de Jean-Paul Gavard-Perret dans Le Musée Privé :

Eva-naissance ou  « les haut-perché-e-s » :pendus, fantômes, hourloupes
et autres portraits et discours possiblement sublimés

"C’est en voyant ses toiles s'accumuler et s’aligner qu’une sorte de sentiments de tristesse s’est emparée de Rodia-Bayginot.  Tout ce qu’elles avaient créé sous formes de personnages, idées, mots exprimés sur les tableaux ne communiqueraient-ils  donc jamais entre eux ? L’ensemble devait-il rester isolé en des pièces isolées alors qu’elles faisaient partie d’un tout ? Sans doute non. Et le tout qui n’existait d’abord que dans la tête de l’artiste a soudain pris corps dans  ce qu’elle nomme «Les  haut-perché-e-s ». 

 Ce sont dit l’artiste - et non sans raison -  « un paradigme (l'ensemble fait plus que la somme des parties), une gestalt » ou encore  « un mot m'est venu qui ne veut rien dire "émanescence" ... curieux, je croyais qu'il existait... ». L’artiste devait probablement penser à quelque chose qui tournait autour du concept d’évanescence puisqu’il rôde dans ces œuvres un sentiment d’élévation. Il est cependant « contrarié » : les hybridations sont accrochées au ciel et souvent s’y pendent. L’ensemble est volontairement instable : il évolue au gré des expositions et du vent. Tout bouge encore avec  l’adjonction possible de nouveaux éléments. Il y a là autant d’images (en tableaux recto-verso) que des mots en vrac (mais qui peuvent former des phrases), des dessins en noir et blanc, des bouts abstraits. Dans ce mouvement la narration se construit, se déconstruit. Bref elle évolue et change.

 Les haut-perché-e-s sont souvent « habillés » de textile. L’auteur craint en conséquence que son ensemble soit mieux perçu par les femmes que les hommes car dit-elle « l'inconscient collectif associe le tissu à la féminité, au corps ».  Mais elle n’a rien à craindre. Le textile est oublié  - si cela peut la rassurer - au profit de ce qui devient une forêt des signes à la manière de l’  « Hourloupe » de Dubuffet. Mais une forêt d’un genre particulier. Elle a abandonné ses racines au profit de cheveux en un appel implicite vers une forme (relative) d’animisme ou de spiritualité. Il est toutefois tempéré par la partie ludique que l’œuvre entend, propose et atteint. Elle fonctionne par - et dans tous les sens du terme - le jeu. Les pièces jouent les unes avec les autres comme Rodia-Bayginot joue avec elles. La créatrice à la fois éloigne de la réalité et s’en rapproche dans des suites de trouvailles plastiques et parolières. Les sortilèges que l’artiste ne se lasse pas d’inventer casse le silence et la fixité de la peinture et de l’œuvre d’art en général par divers types de culbutes et de batailles loin de tout blocage. L’imaginaire poursuit sa route, trimbale un arsenal de signes, de mots et d’images. Il propose des contes drolatiques, la chute d’anges rebelles  qui avant de tomber dans la fange ont de belles chemises blanches. L’artiste souffle le feu comme une chandelle qui s’anime loin de toute fixité d’apparat chic. La liberté fait plus que jamais de l’imaginaire la folle du logis. Il ne s’agit pas de réviser la morale pour contenter les innocents.  L’artiste y devient femme complète  et merline l’enchanteresse. Les éléments qu’elle met en place hurlent au besoin lorsqu’ils se croisent dans un jeu de dés pendages.

 Il n’est jamais question de dépendance ou d’épandage : Rodia-Bayginot n’étale jamais : elle agence. Mord Cléopâtre de cinq à sept, renverse Babylone, incendie Gomorrhe. Le tout sous forme de devinettes optiques. Elles  ne cessent de changer de genres ou de couleurs. Seul l’idiot y cherchera des symétries. Les autres se laisseront prendre à de telles parades. Leurs carrousels ne manquent pas de sel. Les lettres capitales ou non y conversent entre elles et non pour le plaisir du seul verbe. Il est pris sous le feu dansant des images et de  leur architecture dégingandée. La simple logique des choses est remisée. La vie grouille. L’artiste ne s’y fait pas infirmière de l’art : elle couche dans son lit avec culot, humour et bonheur pour le bien que ça nous fait. On s’accroche au moindre détail car il y a plus dans chaque œuvre que dans le ciel des théories esthétiques. L’œil doit donc être attentif jusqu’aux chevelures des ensembles qui s’organisent et se désorganisent avec autant d’autorité  que de fluidité. Tout se balance en étranges grappes.  Fête du dedans, fête du dehors. Fête du bas noir et des nuits roses. Le monde flotte sans juste milieu. Ainsi font, font les petites marionnettes : que les maris honnêtes passent outre ou accepte d’être - comme les personnages de la créatrice - des silhouettes déplacées en des palabres célibataires. Ils tiennent autant du mythe que de la fête foraine."









LE SITE DE RODIA

LE BLOG DE RODIA 

UN LIEN VERS RODIA

UN AUTRE LIEN VERS RODIA

L'ARTICLE DE JEAN-PAUL GAVARD -PERRET  DANS SALON LITTÉRAIRE

L'ARTICLE DE JEAN-PAUL GAVARD-PERRET DANS LE MUSÉE PRIVE 


(cliquer sur les liens)

A noter, petit bonheur supplémentaire, l'accord parfait ce jour là entre la sculpture de RODIA et les deux tableaux de LOREN !

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