C'est à Annie Fresson que je dois cette belle découverte ...
" Les voyages quasi « souterrains » de Katarina Axelsson, au cœur de la matière, sculptent presque en surface l’humidité et les mousses des sous-bois, marécages et flaques qui s’épanouissent aux pieds des boulots suédois de son enfance. Katarina Axelsson s’est souvent exprimée sur l’atmosphère ambivalente qui a auréolé ses jeunes années assumant un tempérament nostalgique cultivé en regard d’une nature qui semblait vouée à disparaître et inspirant alors toute une série de mouvement écologiste. Travaillant à mi-chemin de Paris et de Stockholm depuis de nombreuses années, sa peinture recèle quelques indices géographiques comme les maisons rouges traditionnelles scandinaves, et le boulot, caractéristique des forêts qui lui livrent toujours la même histoire, l’émerveillement éprouvé face à la nature et à ses lumières changeantes au fil des heures, des jours, des mois et des années."
Ce tableau semble être une aventure que K. Axelsson a vécu lors d’une de ses promenades.
Lorsqu’on se promène dans une forêt, on marche de manière paisible et solitaire pendant des heures. Nos yeux regardent inlassablement le sol à la recherche du moindre obstacle qui pourrait nous faire trébucher. On marche, on marche, puis tout à coup, on ne voit pas une crevasse enfouie sous des feuilles, et on y marche dedans. On trébuche. Notre regard se relève vivement et alors que notre corps essai de reprendre son équilibre, nos yeux sont déjà éblouis par la sublime lumière qui transperce le feuillage des arbres.
Notre esprit sent alors la fragilité de notre corps face à l’immensité des arbres et du ciel qui nous dominent et notre cœur s’accélère avec la peur de tomber. Puis sans vraiment en avoir conscience, notre vue se stabilise, le ciel et les arbres reprennent leur place de ciel et d’arbres. Ils s’éloignent de nous et disparaissent de notre esprit. L’aveuglante lumière devient diffuse.
Axelsson reprend alors son chemin, seule au milieu de la forêt, au milieu d’une entité qui, au cours d’un bref instant, a existé à ses yeux.
Les peintures d’Axelsson sont plus qu’impressionnistes. Ce sont des peintures de l’instantané, du spontané et de l’accident. L’image de la forêt s’efface presque face à l’abstraction de la peinture. L’abstrait qui aiguise l’incompréhension que nos sens, et surtout que nos yeux, perçoivent du monde qui nous entourent.
L’accident éphémère de forêt avec neige et soleil bas transforme la forêt en vanité. Momento mori de la forêt face à l’industrialisation de notre monde, qui disparaît. Elle se demande comment connaître ce qu’on a déjà détruit. Et c’est parce qu’elle a l’impression d’être à la fin d’une aire, qu’elle a l’impression que l’avenir de la forêt devient flou, que son monde à elle disparaît qu’elle dessine et peint, tel un devoir de mémoire.
Elle essai de transformer l’éphémère en éternel, d’écrire l’indicible, de voir le plus au risque de ne pas tout voir. Elle expérimente l’émotion pour peindre tout en menant une guerre contre le temps. Et ce sont ces peurs qui la nourrissent à chaque nouveau tableau. Ensemble de coups de pinceaux qui ne lui ont jamais assez appris. Et elle a peur qu’un lendemain se transforme en hier et peu à peu s’efface et disparaisse.
Ce ne sont pas que des arbres que nous transformons en placards à balais, ni des animaux qu’on empaillent pour des musées. C’est un autre monde. Des parcelles de terres qui contiennent une vie, une atmosphère, des aventures et des expériences qui lui sont propres. Parce que, tout cela lui est propre, et que ce monde est différent du nôtre, il peut nous apprendre beaucoup.
Voir les tableaux d’Axelson, c’est comme interroger l’idée qu’on se fait de la forêt. Pour moi, la forêt est calme, ordonnée, avec des réaux de lumières vivent, alors que ces tableaux sont animés. La palette de couleur à beau être limitée, l’agitation se lit sur la peinture. Les couleurs passent du brun au vert puis au jaune. Tout se mêle au point qu’on ne sait ce qui apparaît et disparaît. Un coup de pinceau peu représenter dix choses à la fois, que ce soit un objet, une émotion, un sentiment, une idée, un symbole, une pensée, peut-on vraiment dire qu’Axelsson est une peintre de la mimésis ?
En se basant sur le titre, cette peinture du jour ou elle a vu cette forêt, nous sommes censés y voir de la neige, là ou je ne perçois que des éclats de lumières. Qu’a-t-elle vraiment perçue de la forêt ce jour là. Et que lui renvoie son tableau ? Et si ce que son tableau lui renvoie est différent de la réalité qu’elle a perçue ce jour là, peut-on considérer le tableau comme un faux ? Qu’est ce que le vrai et le faux au final ? Si quelqu’un dit vrai l’autre personne doit- elle obligatoirement dire faux ? N’y a t-il pas un peu de fausseté dans chacune des vérités vraies.
Cet article que j’ai perçu comme un faux, est – il vraiment faux ? Et s’il est vrai, l’est-il entièrement ? Le monde est-il noir et blanc ou bien gris ? Ce n’est pas qu’une forêt qu’elle peint, pas qu’une atmosphère, pas qu’une quête de connaissance contre le temps qu’elle fige, ce sont toutes ces questions qu’elle fait naitre, qu’elle remet en question et qui nous donne à réfléchir sur notre perception, notre compréhension du monde qui bouge tous les jours. Sur une quête qu’on mène pour apprendre, de ce qu’on gagne tout comme de ce qu’on perd, pour réapprendre de ce qu’on croyait juste ou de ce qu’on croyait faux.
Axelsson ne fait en fait que copier sa plus belle œuvre nommée forêt, pour en créer de magnifiques parcelles de fausse vérités puisque la vérité ne peut exister si on ne la dit pas entièrement. Mais c’est chaque personne qui regardera ces tableaux qui permettront à cette fausse vérité de devenir un peu plus vraie. Ou bien, un peu plus fausse... Mais le doute n’est pas plus mal, peut-être ? Par ce qu’au final, est ce que toutes ces questions ont vraiment un intérêt à être dites ? Et quel est l’intérêt de l’indicible ?"
QUELQUES LIENS ...
LE SITE DE L'ARTISTE
LA GALERIE FELLI
UN AUTRE TEXTE
LE TEXTE DE CLAIRE PEDURAND
(cliquer sur les liens)
"Née à
Stockholm en 1962, Katarina Axelsson vit et travaille entre Paris, Yport
et la Suède depuis de nombreuses années. Entre 1984 et 1988, elle fait
ses études à l’école des Beaux-Arts de Paris, cursus renforcé par une
année d’étude au Canterbury College of Art en 1988, enfin à l’académie
des Beaux-Arts d’Anvers, Belgique (1989).
Les voyages quasi « souterrains » de Katarina Axelsson,
au cœur de la matière, sculptent presque en surface l’humidité et les
mousses des sous-bois, marécages et flaques qui s’épanouissent aux pieds
des bouleaux suédois de son enfance. Katarina Axelsson s’est souvent
exprimée sur l’atmosphère ambivalente qui a auréolé ses jeunes années
assumant un tempérament nostalgique cultivé en regard d’une nature qui
semblait vouée à disparaître et inspirant alors toute une série de
mouvement écologiste. Travaillant à mi-chemin de Paris et de Stockholm
depuis de nombreuses années, sa peinture recèle quelques indices
géographiques comme les maisons rouges traditionnelles scandinaves, et
le bouleau, caractéristique des forêts qui lui livrent toujours la même
histoire, l’émerveillement éprouvé face à la nature et à ses lumières
changeantes au fil des heures, des jours, des mois et des années.
Au-delà de
ces considérations iconographiques, la peinture de Katarina Axelsson
combine les effets d’une peinture qui alterne densité et fluidité pour
que se profile, à distance ou non, le théâtre d’ombre et de lumière
circulant au cœur même de la végétation. Sa matière d’acrylique sablée,
rugueuse, formant des contrastes lumineux qui éloignent les plans en
profondeur, reproduisent aussi l’apparence de l’écorce de l’arbre
symbolique qui se détache en papyracée. Ses compositions demandent
souvent le recul nécessaire pour que s’opère un mélange optique
permettant aux motifs d’émerger enfin. D’une abstraction de près, ses
tableaux finissent par livrer leurs sujets et leurs horizons au fur et à
mesure que l’on s’en éloigne. Tout est affaire de contraste, de moments
de bascule, entre le mouvement des arbres et le souffle retenu d’une
nature fixée pour l’éternité, entre l’image picturale et la photographie
rappelée par des camaïeux de gris auréolés de noirs et blancs,
également entre image peinte traditionnelle et contemporanéité. Dans ses
travaux récents, un quadrillage vient faire
illusion, bouleverse le regard et obstrue son élan. Les griffures
ramènent autrement notre regard en surface comme s’il était impossible
d’atteindre les épaisseurs verdoyantes autrement qu’en traversant ces
valeurs du présent."
" Les voyages quasi « souterrains » de Katarina Axelsson, au cœur de la matière, sculptent presque en surface l’humidité et les mousses des sous-bois, marécages et flaques qui s’épanouissent aux pieds des boulots suédois de son enfance. Katarina Axelsson s’est souvent exprimée sur l’atmosphère ambivalente qui a auréolé ses jeunes années assumant un tempérament nostalgique cultivé en regard d’une nature qui semblait vouée à disparaître et inspirant alors toute une série de mouvement écologiste. Travaillant à mi-chemin de Paris et de Stockholm depuis de nombreuses années, sa peinture recèle quelques indices géographiques comme les maisons rouges traditionnelles scandinaves, et le boulot, caractéristique des forêts qui lui livrent toujours la même histoire, l’émerveillement éprouvé face à la nature et à ses lumières changeantes au fil des heures, des jours, des mois et des années."
Katarina Axelsson
vue par Claire Pedurand
Katarina Axelsson – Azart (mai/juin 2010)
"Azart, le magazine de la peinture, propose ce mois-ci de découvrir l’artiste Katarina Axelsson. L’article est écrit d’une manière mielleuse à la limite de l’absurde. Et comme l’artiste est presque introuvable sur le net on pourrait croire à un fake. Les tableaux m’intéressant tout de même, j’ai pris contact avec la direction du magazine qui m’a assurée que ce n’était pas le cas. Dans le doute, j’ai préféré étudier un des tableaux présents, Forêt avec neige et soleil bas 2010, plutôt que l’article lui même.Ce tableau semble être une aventure que K. Axelsson a vécu lors d’une de ses promenades.
Lorsqu’on se promène dans une forêt, on marche de manière paisible et solitaire pendant des heures. Nos yeux regardent inlassablement le sol à la recherche du moindre obstacle qui pourrait nous faire trébucher. On marche, on marche, puis tout à coup, on ne voit pas une crevasse enfouie sous des feuilles, et on y marche dedans. On trébuche. Notre regard se relève vivement et alors que notre corps essai de reprendre son équilibre, nos yeux sont déjà éblouis par la sublime lumière qui transperce le feuillage des arbres.
Notre esprit sent alors la fragilité de notre corps face à l’immensité des arbres et du ciel qui nous dominent et notre cœur s’accélère avec la peur de tomber. Puis sans vraiment en avoir conscience, notre vue se stabilise, le ciel et les arbres reprennent leur place de ciel et d’arbres. Ils s’éloignent de nous et disparaissent de notre esprit. L’aveuglante lumière devient diffuse.
Axelsson reprend alors son chemin, seule au milieu de la forêt, au milieu d’une entité qui, au cours d’un bref instant, a existé à ses yeux.
Les peintures d’Axelsson sont plus qu’impressionnistes. Ce sont des peintures de l’instantané, du spontané et de l’accident. L’image de la forêt s’efface presque face à l’abstraction de la peinture. L’abstrait qui aiguise l’incompréhension que nos sens, et surtout que nos yeux, perçoivent du monde qui nous entourent.
L’accident éphémère de forêt avec neige et soleil bas transforme la forêt en vanité. Momento mori de la forêt face à l’industrialisation de notre monde, qui disparaît. Elle se demande comment connaître ce qu’on a déjà détruit. Et c’est parce qu’elle a l’impression d’être à la fin d’une aire, qu’elle a l’impression que l’avenir de la forêt devient flou, que son monde à elle disparaît qu’elle dessine et peint, tel un devoir de mémoire.
Elle essai de transformer l’éphémère en éternel, d’écrire l’indicible, de voir le plus au risque de ne pas tout voir. Elle expérimente l’émotion pour peindre tout en menant une guerre contre le temps. Et ce sont ces peurs qui la nourrissent à chaque nouveau tableau. Ensemble de coups de pinceaux qui ne lui ont jamais assez appris. Et elle a peur qu’un lendemain se transforme en hier et peu à peu s’efface et disparaisse.
Ce ne sont pas que des arbres que nous transformons en placards à balais, ni des animaux qu’on empaillent pour des musées. C’est un autre monde. Des parcelles de terres qui contiennent une vie, une atmosphère, des aventures et des expériences qui lui sont propres. Parce que, tout cela lui est propre, et que ce monde est différent du nôtre, il peut nous apprendre beaucoup.
Voir les tableaux d’Axelson, c’est comme interroger l’idée qu’on se fait de la forêt. Pour moi, la forêt est calme, ordonnée, avec des réaux de lumières vivent, alors que ces tableaux sont animés. La palette de couleur à beau être limitée, l’agitation se lit sur la peinture. Les couleurs passent du brun au vert puis au jaune. Tout se mêle au point qu’on ne sait ce qui apparaît et disparaît. Un coup de pinceau peu représenter dix choses à la fois, que ce soit un objet, une émotion, un sentiment, une idée, un symbole, une pensée, peut-on vraiment dire qu’Axelsson est une peintre de la mimésis ?
En se basant sur le titre, cette peinture du jour ou elle a vu cette forêt, nous sommes censés y voir de la neige, là ou je ne perçois que des éclats de lumières. Qu’a-t-elle vraiment perçue de la forêt ce jour là. Et que lui renvoie son tableau ? Et si ce que son tableau lui renvoie est différent de la réalité qu’elle a perçue ce jour là, peut-on considérer le tableau comme un faux ? Qu’est ce que le vrai et le faux au final ? Si quelqu’un dit vrai l’autre personne doit- elle obligatoirement dire faux ? N’y a t-il pas un peu de fausseté dans chacune des vérités vraies.
Cet article que j’ai perçu comme un faux, est – il vraiment faux ? Et s’il est vrai, l’est-il entièrement ? Le monde est-il noir et blanc ou bien gris ? Ce n’est pas qu’une forêt qu’elle peint, pas qu’une atmosphère, pas qu’une quête de connaissance contre le temps qu’elle fige, ce sont toutes ces questions qu’elle fait naitre, qu’elle remet en question et qui nous donne à réfléchir sur notre perception, notre compréhension du monde qui bouge tous les jours. Sur une quête qu’on mène pour apprendre, de ce qu’on gagne tout comme de ce qu’on perd, pour réapprendre de ce qu’on croyait juste ou de ce qu’on croyait faux.
Axelsson ne fait en fait que copier sa plus belle œuvre nommée forêt, pour en créer de magnifiques parcelles de fausse vérités puisque la vérité ne peut exister si on ne la dit pas entièrement. Mais c’est chaque personne qui regardera ces tableaux qui permettront à cette fausse vérité de devenir un peu plus vraie. Ou bien, un peu plus fausse... Mais le doute n’est pas plus mal, peut-être ? Par ce qu’au final, est ce que toutes ces questions ont vraiment un intérêt à être dites ? Et quel est l’intérêt de l’indicible ?"
QUELQUES LIENS ...
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LA GALERIE FELLI
UN AUTRE TEXTE
LE TEXTE DE CLAIRE PEDURAND
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