«Après des années d'ignorance et de
dénigrement, la reconnaissance arrive après mes 60 ans.
C'est la première fois qu'on expose autant d'œuvres : 300 dont 260 personnages», explique ravi, GUY BRUNET pour qui le «vrai» cinéma va de 1930 à 1960, en 2012 lors d'une exposition à Villefranche-sur-Saône.
Depuis les expositions se succèdent et à partir du 5 juin l'artiste sera à l'honneur à Lausanne puis en 2016 à Nantes .
" Le cinéma : Guy Brunet est tombé dedans tout petit. Le petit Guy accompagne son papa qui tient le cinéma «Caméo» à Viviez puis «le Plaza» à Cagnac-les-Mines, jusqu'en 1963. Déjà, il créait son propre ciné, réinventant des films dans des scénarii écrits sur deux feuilles d'écoliers agrafées. Tout y figurait : l'affiche, le pitch, le casting…
Sa vie rêvée s'est à jamais figée en 1963, quand ses parents délaissent le grand écran pour le petit en ouvrant une boutique d'électro-ménager et vente de téléviseurs à Montauban. Plus rien ne sera comme avant : Guy travaille cinq ans avec ses parents puis en usines à Cahors, Viviez, de nouveau Cahors. Il tente sa chance à Paris où, sans diplôme, il tente en vain de devenir assistant de plateau. Au bout de six mois d'échecs, il se résout à rentrer. Encore l'usine, à Cransac. Un plan de licenciement le conduit à l'ANPE en 1986 : «On m'a laissé six mois pour trouver un emploi dans ce que j'aimais». C'est alors qu'il commence à créer ses personnages, et des affiches de cinéma. Des personnages peints sur des cartons, hauts de 1, 38 m précisément «La hauteur idéale pour mes films»."
Il ne se consacre plus qu'à son univers. Son imaginaire débordant puise sa source dans une connaissance certes autodidacte mais encyclopédique de l'âge d'or du cinéma. La production artistique de Guy Brunet est prolifique, stakhanoviste : «Je dors quatre heures par nuit. Je travaille de 8 heures du matin à 4 heures du matin».
Du papier, Guy Brunet est passé au support carton «plus solide, stable et moins brillant au projecteur». Car depuis dix ans, Guy Brunet réalise aussi ses films tirés de ses scénarii ; il met en scène ses personnages, leur donne sa voix. Son studio s'appelle «Paravision», contraction des mots «paradis» et «vision». Déjà douze films et documentaires de durées allant d'une heure à plus de trois heures pour ses superproductions. A l'occasion de l'exposition de Villefranche-sur-Saône, sera diffusé son film «Le monde magique des frères Lumière».
Lui-même entre dans la lumière, au fil des expositions : 2002 à Sète, 2004 à Paris et Rodez (La Menuiserie), 2005 à Nice, 2008 à Rodez (Musée Artaud), 2011 à Villeneuve d'Asc. Et enfin la consécration cette année à Villefranche sur Saône.
Des cinéastes tels que Philippe Macary et Jean-Marc Pennet, Clovis Prévost ont déjà filmé Guy Brunet, lequel se moque bien des qualificatifs entourant son art : «Art brut, art singulier, art hors-normes. Cela m'est égal : je crée ce que j'imagine». Sans encore vivre de son art, Guy Brunet connaît un succès croissant avec des commandes à la clé, notamment du musée d'art moderne LaM de Villeneuve d'Asc qui lui consacre depuis cette année une salle permanente. à quand une grande expo à Decazeville et une rétrospective de ses films à la Strada ?"
Pour accompagner mes photos aujourd'hui un texte de
UNE VIDÉO
UNE AUTRE
UNE AUTRE VIDEO (MAGNIFIQUE)
LE LIEN VERS LA COLLECTION DE L'ART BRUT DE LAUSANNE
GUY BRUNET ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
UN FILM MAGNIFIQUE
(cliquer sur les liens)
C'est la première fois qu'on expose autant d'œuvres : 300 dont 260 personnages», explique ravi, GUY BRUNET pour qui le «vrai» cinéma va de 1930 à 1960, en 2012 lors d'une exposition à Villefranche-sur-Saône.
Depuis les expositions se succèdent et à partir du 5 juin l'artiste sera à l'honneur à Lausanne puis en 2016 à Nantes .
" Le cinéma : Guy Brunet est tombé dedans tout petit. Le petit Guy accompagne son papa qui tient le cinéma «Caméo» à Viviez puis «le Plaza» à Cagnac-les-Mines, jusqu'en 1963. Déjà, il créait son propre ciné, réinventant des films dans des scénarii écrits sur deux feuilles d'écoliers agrafées. Tout y figurait : l'affiche, le pitch, le casting…
Sa vie rêvée s'est à jamais figée en 1963, quand ses parents délaissent le grand écran pour le petit en ouvrant une boutique d'électro-ménager et vente de téléviseurs à Montauban. Plus rien ne sera comme avant : Guy travaille cinq ans avec ses parents puis en usines à Cahors, Viviez, de nouveau Cahors. Il tente sa chance à Paris où, sans diplôme, il tente en vain de devenir assistant de plateau. Au bout de six mois d'échecs, il se résout à rentrer. Encore l'usine, à Cransac. Un plan de licenciement le conduit à l'ANPE en 1986 : «On m'a laissé six mois pour trouver un emploi dans ce que j'aimais». C'est alors qu'il commence à créer ses personnages, et des affiches de cinéma. Des personnages peints sur des cartons, hauts de 1, 38 m précisément «La hauteur idéale pour mes films»."
750 personnages en carton de Bernard-Hugues Saint-Paul:
" Il en compte aujourd'hui 750 qui, juchés sur leurs cales de bois, occupent toutes les pièces de son atelier et de son domicile : les comédiens et comédiennes de l'âge d'or du cinéma, les producteurs et réalisateurs, les hommes et femmes de télé, les «voix» de la radio… Il a récupéré de vieux téléviseurs devenus des cadres pour ses créations en relief : «Le Pont de la Rivière Kwaï», «Les Canons de Navarone»…Il ne se consacre plus qu'à son univers. Son imaginaire débordant puise sa source dans une connaissance certes autodidacte mais encyclopédique de l'âge d'or du cinéma. La production artistique de Guy Brunet est prolifique, stakhanoviste : «Je dors quatre heures par nuit. Je travaille de 8 heures du matin à 4 heures du matin».
Du papier, Guy Brunet est passé au support carton «plus solide, stable et moins brillant au projecteur». Car depuis dix ans, Guy Brunet réalise aussi ses films tirés de ses scénarii ; il met en scène ses personnages, leur donne sa voix. Son studio s'appelle «Paravision», contraction des mots «paradis» et «vision». Déjà douze films et documentaires de durées allant d'une heure à plus de trois heures pour ses superproductions. A l'occasion de l'exposition de Villefranche-sur-Saône, sera diffusé son film «Le monde magique des frères Lumière».
Lui-même entre dans la lumière, au fil des expositions : 2002 à Sète, 2004 à Paris et Rodez (La Menuiserie), 2005 à Nice, 2008 à Rodez (Musée Artaud), 2011 à Villeneuve d'Asc. Et enfin la consécration cette année à Villefranche sur Saône.
Des cinéastes tels que Philippe Macary et Jean-Marc Pennet, Clovis Prévost ont déjà filmé Guy Brunet, lequel se moque bien des qualificatifs entourant son art : «Art brut, art singulier, art hors-normes. Cela m'est égal : je crée ce que j'imagine». Sans encore vivre de son art, Guy Brunet connaît un succès croissant avec des commandes à la clé, notamment du musée d'art moderne LaM de Villeneuve d'Asc qui lui consacre depuis cette année une salle permanente. à quand une grande expo à Decazeville et une rétrospective de ses films à la Strada ?"
Pour accompagner mes photos aujourd'hui un texte de
Ce cinéphile fait revivre, à coups de pinceau, les stars et les films du Hollywood des années 50.
"Guy Brunet habite Viviez, dans l'Aveyron. Pas vraiment le paradis sur
terre, ni son enfer. Juste un endroit perdu, loin. Ce qui tombe bien :
la peinture de Guy Brunet est, elle aussi, lointaine. Elle appartient
aux années 50. Ses couleurs rêvent de splendeur d'Hollywood. Une
peinture qui bat des paupières pour Rita, Ava, Michelle, Martine. Et
serre la mâchoire pour prendre une pose Humphrey ou une pose Gary. Ou
John, ou Jean...
Dernières séances. Guy Brunet, né en 1945, est pour toujours l'enfant du Caméo, le cinéma qu'exploitaient ses parents vers Decazeville, en plein pays minier. Le Caméo a tiré le rideau en 1963, pionnier à sa façon d'une interminable série de dernières séances. Les goûts de Guy Brunet se sont arrêtés à sa fermeture : du cinéma d'aujourd'hui, il ne retient que le sang, la violence, le sexe. C'est peu dire qu'il lui fait horreur. Sur une des rares photos où il pose, dans l'encoignure de la porte de son atelier aveyronnais, Guy Brunet porte une paire de moonboots et un pull à rayures. Il est sans âge. Il se tient presque trop droit, un bras dans le dos. Derrière lui, les sept nains de Disney repeints sur du polystyrène prédécoupé.
Silhouettes peintes. Brunet aime les acteurs, ce sont ses poupées. On parle de l'existence, au premier étage de sa maison, d'une centaine de silhouettes peintes. Tout le gratin de Hollywood est là : vamps, acteurs, producteurs. Par prudence, il tient à ce qu'hommes et femmes vivent dans des chambres séparées. Ces silhouettes peintes, on ne les voit pas dans l'exposition que lui consacre, à Paris, la pop galerie Art's Factory . Guy Brunet refuse de s'en séparer. Ce qu'on voit, par contre, c'est la partie immergée de l'oeuvre: affiches peintes, reprenant les grands titres de l'histoire du cinéma : Gilda, le Train sifflera trois fois, Autant en emporte le vent, Cléopâtre, le Troisième Homme, Planète interdite...
Sorties de leur musée imaginaire, souvent dépliées en dix, ces affiches portent des marques de faux plis. On croirait qu'elles ont servi. Elles ne sont que le résultat d'une cinéphilie poussée jusque dans son dernier retranchement. Brunet ne décalque pas des affiches déjà existantes, il rend justice. L'affiche est le moment d'une lecture quasi critique : il y place le nom d'un scénariste, d'un musicien négligé des dictionnaires ou de la mémoire collective, remet au premier plan un acteur de second rôle. Au centre de sa vision du Train sifflera trois fois, un cadran d'horloge, plus important encore que le visage de Glenn Ford. Le personnage principal du film, c'est la montre. Si son affiche de l'Homme qui n'a jamais existé (un autoportrait ?), passée sous un drôle d'enduit vert, frôle l'abstraction, c'est pour rappeler aux oublieux que le personnage qu'incarnait Clifton Webb aux côtés de Gloria Grahame vivait dans la vase.
Maniaquerie. Le «Brunerama» est un art de la couleur brillante, soit tout le criard de la glycéro de salle de bains au service d'un déni de vieillesse : l'enfance éternelle ne se vit que dans l'éclat. Si, tels qu'il les redessine, les acteurs restent reconnaissables, le trait de Brunet est loin de tout réalisme : c'est l'hésitation d'un dessin d'enfant. Sa naïveté, sa maladresse, ses perspectives boiteuses, disent la cinéphilie aggravée, ce sacerdoce, cet enfermement fétichiste, cette maniaquerie maladive.
L'horizon ultime (et atteint) de Guy Brunet, c'est de ne plus peindre in fine que les logos des firmes : celui de la MGM, d'Universal, de la Fox. C'est le dernier des mistons, ceux qui, dans Mes Petites Amoureuses, le film de Jean Eustache, s'arrêtaient devant les affiches Rex Cinéma en disant: «On n'entre pas, ils sont cons, les films Paramount !» Soit un art de vivre son cinéma complètement disparu."
Dernières séances. Guy Brunet, né en 1945, est pour toujours l'enfant du Caméo, le cinéma qu'exploitaient ses parents vers Decazeville, en plein pays minier. Le Caméo a tiré le rideau en 1963, pionnier à sa façon d'une interminable série de dernières séances. Les goûts de Guy Brunet se sont arrêtés à sa fermeture : du cinéma d'aujourd'hui, il ne retient que le sang, la violence, le sexe. C'est peu dire qu'il lui fait horreur. Sur une des rares photos où il pose, dans l'encoignure de la porte de son atelier aveyronnais, Guy Brunet porte une paire de moonboots et un pull à rayures. Il est sans âge. Il se tient presque trop droit, un bras dans le dos. Derrière lui, les sept nains de Disney repeints sur du polystyrène prédécoupé.
Silhouettes peintes. Brunet aime les acteurs, ce sont ses poupées. On parle de l'existence, au premier étage de sa maison, d'une centaine de silhouettes peintes. Tout le gratin de Hollywood est là : vamps, acteurs, producteurs. Par prudence, il tient à ce qu'hommes et femmes vivent dans des chambres séparées. Ces silhouettes peintes, on ne les voit pas dans l'exposition que lui consacre, à Paris, la pop galerie Art's Factory . Guy Brunet refuse de s'en séparer. Ce qu'on voit, par contre, c'est la partie immergée de l'oeuvre: affiches peintes, reprenant les grands titres de l'histoire du cinéma : Gilda, le Train sifflera trois fois, Autant en emporte le vent, Cléopâtre, le Troisième Homme, Planète interdite...
Sorties de leur musée imaginaire, souvent dépliées en dix, ces affiches portent des marques de faux plis. On croirait qu'elles ont servi. Elles ne sont que le résultat d'une cinéphilie poussée jusque dans son dernier retranchement. Brunet ne décalque pas des affiches déjà existantes, il rend justice. L'affiche est le moment d'une lecture quasi critique : il y place le nom d'un scénariste, d'un musicien négligé des dictionnaires ou de la mémoire collective, remet au premier plan un acteur de second rôle. Au centre de sa vision du Train sifflera trois fois, un cadran d'horloge, plus important encore que le visage de Glenn Ford. Le personnage principal du film, c'est la montre. Si son affiche de l'Homme qui n'a jamais existé (un autoportrait ?), passée sous un drôle d'enduit vert, frôle l'abstraction, c'est pour rappeler aux oublieux que le personnage qu'incarnait Clifton Webb aux côtés de Gloria Grahame vivait dans la vase.
Maniaquerie. Le «Brunerama» est un art de la couleur brillante, soit tout le criard de la glycéro de salle de bains au service d'un déni de vieillesse : l'enfance éternelle ne se vit que dans l'éclat. Si, tels qu'il les redessine, les acteurs restent reconnaissables, le trait de Brunet est loin de tout réalisme : c'est l'hésitation d'un dessin d'enfant. Sa naïveté, sa maladresse, ses perspectives boiteuses, disent la cinéphilie aggravée, ce sacerdoce, cet enfermement fétichiste, cette maniaquerie maladive.
L'horizon ultime (et atteint) de Guy Brunet, c'est de ne plus peindre in fine que les logos des firmes : celui de la MGM, d'Universal, de la Fox. C'est le dernier des mistons, ceux qui, dans Mes Petites Amoureuses, le film de Jean Eustache, s'arrêtaient devant les affiches Rex Cinéma en disant: «On n'entre pas, ils sont cons, les films Paramount !» Soit un art de vivre son cinéma complètement disparu."
UNE VIDÉO
UNE AUTRE
UNE AUTRE VIDEO (MAGNIFIQUE)
LE LIEN VERS LA COLLECTION DE L'ART BRUT DE LAUSANNE
GUY BRUNET ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
UN FILM MAGNIFIQUE
(cliquer sur les liens)
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