Les Grigris de Sophie ce sont bien sûr des broches, des colliers et des sacs … mais c’est aussi un blog !

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Mais c’est aussi un blog ! Un blog dans lequel je parle de CEUX et de CE que j’aime …
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samedi 2 mai 2015

LES VIERGES DE PIERRE AMOURETTE

Avril 2015 ... Le bonheur de retrouver Pierre Amourette chez lui, avec dans ses différents  ateliers des  Vierges somptueuses ...




















Et pour accompagner mes photos aujourd'hui un texte de Nicole Crestou, céramiste elle aussi,   publié dans le numéro 191 de la Revue de la céramique et du verre en 2013 :

"Pierre Amourette, un parcours atypique construit sur d’heureux hasards
Il est rare de rencontrer un artiste qui obtient ce que la plupart des sculpteurs souhaitent et attendent parfois longtemps, à savoir, exposer dans une galerie, parisienne de surcroît, et cela sans avoir commencé la moindre pièce, sans avoir quasiment jamais réalisé de sculptures. C’est pourtant ce rêve qui est arrivé à Pierre Amourette, sans qu’il ait lui-même conscience du caractère exceptionnel de son histoire.
Instituteur à Nogent-le-Rotrou, Pierre Amourette s’intéresse à l’art et y initie ses élèves. En 1999, il leur propose une recherche inspirée des œuvres de Jephan de Villers et prolonge l’aventure en les emmenant jusque dans l’atelier du sculpteur en Belgique. L’enthousiasme est tel tant de la part des enfants -qui réalisent 80 sculptures- que de celle du sculpteur, qu’une exposition est organisée au musée de Nogent et dans la galerie de Béatrice Soulié, à Paris. Celle-ci accompagne Jephan de Villiers chez Pierre Amourette et découvre une statue qu’il avait réalisée 20 ans auparavant pour marquer la fin des travaux de sa maison. Béatrice Soulié lui propose alors une exposition personnelle qu’il ne prend pas au sérieux. Un an plus tard, lors d’une naissance, il lui offre une statue témoignage de la relation entre Jephan de Villiers, les enfants et Béatrice. Elle renouvelle sa proposition. Cette fois, il accepte. 15 statues sont montrées rue Génégaud et 15 sont vendues. Ce fut un choc pour le nouvel artiste : « Je ne m’attendais pas à cela, je n’y étais pas préparé car je viens d’une famille qui fonctionne avec une autre forme de pensée : lorsqu’un problème se pose, nous apprenons matériellement ce qui est nécessaire pour le résoudre puis nous passons à autre chose. Cette façon de vivre est bien éloignée de toute expression personnelle et d’un questionnement artistique.»
Depuis les expositions s’enchaînent, nombreuses, environ 17 l’an passé et génèrent des ventes : 1250 réalisations en 13 ans. « J’acceptais encore récemment presque toutes les expositions : les plus reconnues comme la biennale de Châteauroux cette année ou un petit salon local. Maintenant j’en refuse certaines, notamment lorsqu’il faut subir les discours inadaptés des politiques ou lorsque les organisateurs ne reconnaissent pas à sa juste valeur le travail artistique. Au début, lorsque les statues revenaient d’une exposition, je les cassais systématiquement. Mais un jour, ma femme s’en est aperçue et m’a incité à installer une salle d’exposition, ici, qui d’ailleurs est partagée avec une autre céramiste. »
S’il prend du plaisir à créer, Pierre Amourette est plus à la recherche du dialogue, du partage avec le spectateur, de la réaction du collectionneur. Il a choisi de vendre à petit prix, en province, car il travaille vite mais surtout pour qu’un grand nombre d’œuvres circule : « Plus je vends, plus je me partage. Ce qui m’intéresse, c’est que les gens me parlent de leur vie avec la sculpture qu’ils ont choisie. Que l’on puisse s’emparer de ce que j’ai fait et vivre avec, et même en acheter plusieurs et commencer une collection, me semble tout à fait magique. Il est fondamental que quelqu’un prenne du temps pour discuter, c’est lui qui me fait un cadeau. Et quand ce sont des artistes qui échangent ou acquièrent une pièce, le plaisir est immense, comme lors d’une visite inopinée chez Danièle Jacqui, qui m’en a gardé 4, 1 pour elle et 3 pour exposer à Aubagne. J’allais porter des statues à Nice puis à St Sever mais je n’en n’avais pas prévues suffisamment. »
Sans doute le style des visages naïfs, les mains justes dégrossies, ou le parcours de Pierre Amourette ont induit qu’il pouvait appartenir à la famille des artistes singuliers. Ce réseau étant bien organisé, les expositions sont nombreuses. Mais le style du céramiste déborde cette tendance artistique. Les postures, les élégants plis des vêtements, l’emploi de couleurs douces, sobres, les matières sont d’un ordre plus classique et concourent avec les sujets à conférer aux œuvres un statut d’art sacré. Car Pierre Amourette puise ses sujets dans l’art religieux : les maternités, les piétas, Saint-Georges terrassant le dragon ou d’autres légendes sont maintes fois représentées. « Je travaille sur un imaginaire commun avec plein d’entrées possibles. Mes statues trouvent leur place aussi bien dans un musée d’art populaire que dans une galerie d’art contemporain. Je travaille pour le plus grand nombre, pour susciter une émotion. Les moments de grâce qui me sont donnés par les amateurs me donnent envie de continuer.» Si nombres de statues sont séduisantes, l’artiste n’est pas à la recherche de la beauté. Les expressions des visages peuvent être violentes, plus sorcières que fées. Les plus récentes femmes ont à la place de leur ventre des morceaux d’ardoise des monts d’Arrée qui augmentent de volume ou bouillonne pendant la cuisson. Et sans doute, il n’est pas anodin que ce soit les entrailles qui explosent pendant la cuisson, c’est delà que part cette création.
Si Pierre Amourette reste étonné que des galeristes puissent prendre des risques financiers pour exposer ses œuvres, il a compris le fonctionnement du marché de l’art. Il a conscience que son aventure n’arrive pas à tous les créateurs et mesure le bonheur d’être bien accueilli, que son œuvre soit recherchée, bien exposée et appréciée. « La consécration fut l’invitation de Chris de participer à une émission de radio avec Béatrice Soulié. Ce fut un merveilleux moment car dans mon enfance et encore à l’époque pour mes parents, la radio était une institution sacrée, la voix de la vérité et des personnages importants. J’en garde un souvenir intense car Chris était une grande professionnelle et une belle personne. » Intégré dans le milieu des galeries, il est devenu l’ami de peintres et de sculpteurs. L’hiver dernier, il a participé à une résidence de tailleur de pierre à Saint-Sever du Moustier.
Depuis qu’il est à la retraite Pierre Amourette se consacre totalement à la céramique, construit des fours, à gaz, à bois et en abandonne même l’entretien du jardin. Pendant les 5 premières années, il n’a créé que des maternités : des femmes couronnées avec un enfant dans les bras. Devenu plus céramiste, il apprend à monter des jarres à la corde, à estamper dans le plâtre, à trouver de nouveaux émaux de haute température pour la porcelaine ou à utiliser des couleurs de terre vernissée comme dans la tradition locale de Ligron… « Je travaille avec l’argile comme avec les enfants, je propose et construis en fonction des réponses. J’ai la sensation d’être un enfant, je fais sans réfléchir. Je « balance » sur une sorte de squelette, de base solide, et je compose de manière très spontanée. Je façonne plusieurs pièces en parallèle, mais le modelage d’une sculpture peut être terminée en une journée. La terre papier a libéré mon façonnage. Après je regarde et juge. Mais maintenant je travaille aussi à partir des réactions suscitées par les statues. Cela crée des étincelles qui suggèrent de nouvelles pièces. Cela rend aussi possible le fait de répondre à une commande.  Avant je me disais « tripoteur de terre », aujourd’hui je sais un peu mieux qui je suis. »




Un grand merci Nicole pour ce texte ...

LE SITE DE PIERRE AMOURETTE

PIERRE AMOURETTE ET LES GRIGRIS DE SOPHIE

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