" L'écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l'auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu'elles n'ont pas choisi.
C'est après une éprouvante traversée de l'océan Pacifique qu'elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leur futur mari. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
A la façon d'un chœur antique, leurs voix s'élèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées ... leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire ... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre. Et l'oubli."
" Sur le bateau nous avions emporté dans nos malles tout ce dont nous aurions besoin dans notre nouvelle vie : un kimono de soie blanche pour notre nuit de noces, d'autres en coton coloré pour tous les jours, de plus discrets pour quand nous serions vieilles, et puis des pinceaux à calligraphie, d'épais bâtons d'encre noire, de fines feuilles de papier de riz afin d'écrire de longues lettres à notre famille, un minuscule bouddha de cuivre, une statuette d'ivoire représentant le dieu renard, la poupée avec laquelle nous dormions depuis que nous avions cinq ans, des sachets de sucre roux pour nous acheter des passe-droits, des couvertures éclatantes, des éventails de papier, des livres comportant des phrases en anglais, de petits sacs de soie imprimée de fleurs, des galets noirs polis par la rivière qui coulait derrière notre maison, une mèche de cheveux d'un garçon que nous avions un jour touché, aimé, à qui nous avions promis d'écrire, tout en sachant que nous le ferions jamais, le miroir d'argent donné par notre mère, dont les dernières paroles résonnaient encore à notre oreille. Tu verras : les femmes sont faibles, mais les mères sont fortes . "
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