Ma traductrice préférée, Isabelle Pulby, a traduit le texte de Aira Heinänen (traduit du finnois en anglais par Kirsti Nurmela-Knox) pour ITE :
Enni
Id était née en 1904 d'une famille d'exploitants agricoles et avait de
nombreux demi-frères et demi-soeurs. Elle connaissait bien toutes les
tâches agricoles et la division en classes d'un village, ainsi que le
respect montré aux différents métiers, et elle n'était pas étrangère à
la mythologie locale. Quand elle était jeune, elle s'enfuit pour
apprendre l'élevage d'animaux, puis elle alla travailler dans le magasin
de confection de sa tante à Helsinki. Là elle se maria pour la première
fois ; à la mort de son mari alors qu'elle n'était qu'une jeune veuve,
elle décida de retourner dans la maison de son enfance. Elle se remaria
en 1939 mais n'eut pas d'enfants d'aucun de ses mariages. Le second mari
d'Id n'appréciait pas, ne tolérait pas même, le fait qu'elle fasse de
l'art et il utilisait ses tableaux comme matériau d'isolation pour la
maison, la face peinte tournée contre le mur ou le plafond. "Ce fut une
bonne chose quand il mourut en 1966" dit un jour Id.
A
partir de là, la veuve eut la liberté de peindre jour et, surtout, nuit
sur des panneaux d'aggloméré commandés à la coopérative locale. Mais
elle ne peignait pas seulement sur des panneaux : elle peignit la maison
entière, portes, sols, meubles, pots et paniers inclus. Des ornements
de fleurs et de vigne s'épanouirent de façon éblouissante dans toute
cette petite maison rouge de deux pièces. Elle s'asseyait dans son
fauteuil à bascule décoré et, tenant son panneau de bois sur ses genoux,
elle peignait divers travaux des champs ou illustrait les légendes
d'une insurrection paysanne qui avait eu lieu 400 ans avant. "Tout le
monde à Nyystölä fut décapité". Enni fit des tableaux de Kustaa Haukka,
qui était un homme avec des pouvoirs magiques, et de ses chats sans
queue, noirs avec la poitrine blanche, au milieu des fleurs. Anges et
démons étaient aussi un thème récurrent. Selon la Bible, ces derniers
étaient des créatures hermaphrodites roses et écorchées, avec des
cornes.
Enni devint une légende locale, même si
beaucoup de ses proches la trouvaient bizarre. Elle changea son image
avec l'astuce d'une vraie paysanne ; elle jurait, se refermait comme une
huitre, faisait l'idiote ou restait juste à folâtrer, selon la personne
avec qui elle se trouvait. Elle expliquait ainsi ses méthodes de
travail :"Je suis tellement folle que j'ai juste besoin de fermer les
yeux, je regarde et je vois. Je choisis quelque chose que j'ai vu et là,
même les couleurs apparaissent".
Ce n'est qu'à
l'âge de 70 ans qu'elle fut connue d'un public plus large, quand son
oeuvre fut montrée dans une exposition d'art naïf à la Kunsthalle
d'Helsinki en 1973. Elle fut très exposée pendant quelques années, à la
fois dans des expositions collectives et personnelles en Finlande et au
Danemark. Des magazines écrivaient des histoires hautes en couleurs sur
Id et elle semblait ravie de se prêter au jeu : elle posait pour des
photos avec ses chats, ses coqs et sa maison peinte.
Les
tableaux d'Enni Id furent exposés jusque vers la fin des années 80.
Elle passa ses dernières années, jusqu'à sa mort en 1992, dans une
maison de retraite où elle resta active et joyeuse, et où elle continua à
peindre malgré ces circonstances. Elle légua sa maison décorée à la
municipalité ; la maison est désormais ouverte au public en été."
LE SITE DE ITE
ET ICI
ENNI ID ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(cliquer)
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