Sophie m’a demandé si j’aurais quelques mots à dire sur Jay Snelling. Ce n’est pas évident d’en parler. Son monde m’évoque les années 70 : quelque part entre le pop art, le rock, le LSD et la BD, Jay Snelling, pourtant née bien après cette époque, nous parle de l’exubérance et de la liberté qui la caractérisaient.
Comme l’indique le nom de sa boutique sur Etsy « odd little drawings » (petits dessins bizarres) l y a aussi cette « inquiétante étrangeté » qui la relie à l’art brut : personnages aux visages stylisés, aux yeux ronds, aux bouches figées dans des sourires outrés ou des expressions stupéfaites ; couples, familles, amis, dont on devine des liens compliqués et qui se présentent parfois accompagnés de textes qui peuvent occuper une grande partie de l’image.
Tous ces visages s’adressent étrangement à nous : ils semblent se bousculer au fil des dessins pour nous envoyer des messages que l’on ne déchiffre pas forcément mais qui nous interpellent. Ils lèvent les bras, crient, ricanent et nous regardent dans une infinie gesticulation qui semble dire « hé ! J’existe ! », habillés de couleurs vives, acidulées, parfois criardes, qui fascinent. C’est un univers psychédélique foisonnant et qui se décline également en reproductions, cartes postales, badges, autocollants, petits fanzines propices à la collection, comme si l’artiste elle-même était manipulée par ses créatures dans un désir effréné de se reproduire.
De tout cela se dégage une intensité graphique et une « dramaturgie ludique » - et finalement, sous des dehors maladroits, beaucoup de style, de singularité, et un talent certain qui la rendent immédiatement identifiable.
Elle semble faire son petit bonhomme de chemin loin des galeries et des projecteurs mais a déjà été remarquée par d'éminents collectionneurs comme, par exemple, Peter Bolliger, excusez du peu !
Une artiste insolite, à suivre !
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