Tout a commencé par la très sympathique invitation de Maurice Coton, président de l'Association des amis de Youen Durand, pour le vernissage de l'exposition estivale du centenaire de la naissance de
Youen Durand, au Sémaphore de Lesconil.
Cette année, et après Aube Breton-Elléouet, Raymonde Dohin, Caroline Secq, c'est Marc Morvan qui est invité d'honneur.
"A l’occasion du centenaire de la naissance de Youen Durand (1922-2005),
une exposition présentera 12 de ses grands tableaux en coquillages,
véritables mosaïques en relief. Ces œuvres
uniques au monde seront accompagnées par des sculptures de l’artiste
contemporain quimpérois Marc Morvan, réalisées avec des carcasses de
bateaux de pêche, dont deux œuvres monumentales Le Thon et Le Sous-marin
jaune. Cette rencontre exceptionnelle de deux fabuleux artistes
singuliers qui partagent le langage universel de l’insolite émerveillera
tous les publics, adultes et enfants de tous les âges. A voir dans un
site magique surplombant l’océan, où bat le cœur de la Bretagne
bigoudène."
Il y avait un monde fou au vernissage et si vos pas se font bretons partez à la découvertes de ces deux artistes de talent.
ET QUELQUES PHOTOS D'APOLLINE ....
Et voici le texte du discours de Marc Morvan le soir du vernissage ...
Je me permets de te tutoyer ce soir, non pas que nos métiers nous rendent intimes, mais grâce à cette réincarnation qui me fait franchir la porte de ton atelier jalousement gardée ! Qu’avais-tu à cacher ? Un monde immense que les pêcheurs n’auraient pu comprendre, des matières premières nacrées et lisses, soigneusement rangées par familles et tailles, des secrets de fabrication improbables ou le handicap connu de tous ? Celui qui t’empêchait de fouler le pont des
navires… « Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer. » Sur le carreau glacé, le fond usé des caisses plastiques retient des poissons brillants aux ouïes rouges. Ils tiennent compagnie aux frétillantes langoustines avides de mayonnaise, juste débarquées du train de chariots galvanisés. Le grand directeur remarque que les bruits de bottes ont bien changé, oublie un peu ses chers disparus, pense que les vareuses et cirés ont eu le temps de sécher, n’oublie pas ses coquillages qui l’attendent alors que les moteurs des chalutiers sont encore chauds. Le cri des goélands perturbe la création quand les tubes de colles s’amoncellent dans l’antre du Diogène de Lesconil. L’empilage précis construit les éléments du chef d’orchestre secondé par Neptune, pas dérangé par les effluves de diluant ni par les odeurs de bivalves séchés. Avant l’aube, l’air comprimé percute les échappements, les Baudouin et Poyaud aux culbuteurs froids laissent échapper les amarres tendues et les petits pinseyeurs de l’armée de Youen Durand s’apprêtent dans leur sommeil à chasser force coquillages transformistes condamnés à être serrés comme des sardines pour la postérité. Quelques cadres plus tard, quelques milliers d’heures plus tard, l’homme de bien pense que les senteurs emprisonnées ne peuvent altérer ses poumons iodés et ce semeur de coquillages érudit, solitaire à l’âme d’enfant, laisse son terrain de jeu alimentaire pour un enfermement dans la troisième dimension. « Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours. » Ses jambes neuves, plutôt dues au progrès de la science qu’à un cadeau du ciel, semblent lui donner des ailes pour exprimer mythes et légendes, naïfs ou pas, pour exposer ou pas. Et puis la ressource diminue et les traditions se perdent, les bateaux disparaissent un à un, Youen ne reconnait plus son port, retourne vers ses chers coquillages, eux qui ne l’ont jamais trahi, et accueille plus tard une nouvelle compagne, la maladie. N’ayant pas les réponses à tous ses questionnements, Yves Durand entame le grand voyage, tantôt sur le dos de Neptune, tantôt porté par Poséidon, accompagné par des nuées de goélands et des dizaines de dauphins, il croit entendre les bruits sourds des échappements amiantés, les cornes de brume lointaines, les bordés qui craquent dans la tempête, les caisses de poissons qui s’entrechoquent, les marins qui jurent en breton … Il espère que sa collection d’œuvres rassemblera les petits et les grands pour la célébrité qu’il ne voulait pas. Le grand directeur n’est plus seulement un petit point à l’horizon entre les Glénan et l’au-delà, il est devenu immortel !
Marc Morvan
Marin Pêcheur
Sculpteur
Poète Breton
Photo de l'exposition
JUSQU'AU 2 OCTOBRE
La nouvelle édition du livre de Christine Durand
Lever du jour à Lesconil... Photos Marc Morvan
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