Fascinante découverte facebookienne ...
"Né en 1961 à Paris, je dessine.
Cela peut ressembler à une affirmation et pourtant, plus j’explore et plus je doute des frontières entre la peinture et le dessin. Je crois qu’en fait je n’aime pas les frontières closes.
C’est sans doute pour cela que j’aime parfois quitter l’atelier et retrouver les metteurs en scène, les chorégraphes et faire naître avec eux des spectacles.
En fait, je dirai que je cherche la lumière des choses."
"Richard Laillier recouvre ses supports de pierre noire, puis, par soustraction, révèle l’écho de la lumière. Il puise autant dans l’imaginaire de son enfance que dans les abîmes de l’humain. Depuis quelques années, il cherche une voie directe entre la main et l’inconscient laissant la forme surgir et le surprendre. Son œuvre touche à l’absolu tant par sa dévotion que par la confluence de la puissance et de la fragilité."
"Autodidacte, c’est la musique qui l’attire tout d’abord après une première rencontre en 1977 avec le musicien Michel Sikiotakis, avant de commencer à peindre puis à photographier. Sa première exposition personnelle se tiendra en 1986 au Théâtre du Ranelagh où sa grand-mère avait été ouvreuse.
En 1990, un ami lui fait découvrir le dessin et c’est en effaçant à la gomme un trait de mine de pierre noire malencontreux qu’il réalise son premier dessin avec ce médium qu’il ne quittera plus, recherchant dans le noir la lumière des corps. Son travail en dessin est exclusivement axé sur le corps humain, quelques incartades animalières puis il s’est développé depuis 2003 en un ensemble de séries et de textes.
Parallèlement au dessin, Richard Laillier étudie la machinerie de théâtre. Après avoir travaillé comme accessoiriste puis machiniste notamment au Théâtre de La Ville, au Théâtre du Châtelet, à l’Opéra National de Paris, au Théâtre de Lillebonne, il est contacté par le metteur en scène David Géry pour lequel il signe la création graphique et la création machinerie du Britannicus."
Et ce passionnant entretien avec Mylène Vignon (extrait) :
Quel a été votre cursus en matière d’art ? Étiez-vous artiste dans l’âme dès l’enfance ?
Je crois que je ne suis pas un autodidacte, j’apprends « sur le tas » tout ce que je fais. Je crois que c’est une sorte de déformation liée à mon goût prononcé pour les rencontres, la transmission directe des savoirs. Quelque part, en réfléchissant, cela ressemble à une accumulation de professeurs particuliers, non pas déterminée par une envie d’établir un rapport privilégié, mais plutôt pour contrebalancer une timidité qui me gêne encore parfois. Et puis il y a les livres, le regard, j’aime découvrir.
Quant à mon enfance, même avec du recul, je ne pense pas avoir eu de vocation artistique, la seule certitude que j’ai, est d’être né rêveur et de ne pas avoir pu ni voulu changer cet état.
D’où vient l’utilisation de cette pierre noire qui caractérise votre travail ?
La mine de pierre noire est arrivée presque par hasard entre mes mains, je cherchais un noir plus intense que les gris du fusain, une mine dont l’ancrage dans le sens de la pérennité sur le support soit fort. La pierre noire possède de plus une qualité qui m’emporte : elle peut se superposer à elle-même intensifiant toujours son noir et repoussant sa propre saturation toujours plus loin. Optiquement cela me complaît dans un vertige particulier, je suis bien conscient que cela n’est pas physiquement vrai si l’on s’en tient à l’optique newtonnienne, je me sens plus proche, dès ce moment-là, des énoncés formulés par Goethe dans le Zur Farbenlehre, plus proche d’une émotivité que la pierre noire transmet depuis ses profondeurs minérales.
Quel est votre plus beau souvenir artistique ?
J’en ai d’innombrables et ce n’est pas une formule. Les souvenirs sont peut-être une étrange confusion de notre rapport au temps. Certains d’entre eux reviennent, au détour d’une pensée ou au hasard d’une conversation et un souvenir précis en adéquation avec ce hasard ou ce détour peut me sembler le plus beau à ce moment-là, mais votre question me fait réfléchir plus profondément qu’au fait de sélectionner l’un de ceux-ci et il est bien possible que mon plus beau souvenir artistique soit de me rappeler parfois que j’ai de la mémoire.
Quels sont vos projets ?
En premier lieu de continuer à m’émerveiller de vivre. De façon moins générale, j’ai reçu à l’automne un ensemble de panneaux de tilleul articulés entre-eux. C’est un polyptyque en devenir qui va me demander un certain temps. J’ai à la fois hâte de me mettre à ce travail et la retenue que l’on peut ressentir avant un grand voyage, je profite également de la période actuelle pour travailler avec un éditeur sur la proposition qu’il m’a faite d’une monographie, quelques scénographies aussi pour des pièces de danse et des expositions actuellement en suspens notamment avec la galerie Tadeusz Koralewski à Paris.
Tadeusz a été mon tout premier galeriste et nous collaborons ensemble depuis plus de 25 ans, c’est en quelque sorte un paradigme de la conception augustinienne du temps, je le vois au présent, il est de mes souvenirs et tout autant de mes projets et c’est toute une histoire.
Merci, cher Richard, de ces précieuses confidences artistiques pour Saisons de Culture.
Le 30 janvier 2021
UN ENTRETIEN AVEC MYLÈNE VIGNON
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