"Le grotesque est un phénomène qui se joue des frontières, il est alors senti comme relevant d’une ambigüité constitutive qui conduit à hésiter sur son interprétation, faisant de celui-ci un phénomène à la fois comique et inquiétant…
L’effet grotesque est un vertige qui s’empare du récepteur et le déstabilise au moins provisoirement… "
" Je me souviens de la phrase initiale : « il faut être con, aujourd'hui, pour faire de la peinture ». L'art contemporain en aurait donc fini avec elle, alors évidemment, pour répondre il convient d'enfoncer le clou, un peu plus fort qu'à l'habitude. La peinture, finie, dépassée, reléguée, conspuée, hors champs, tellement ailleurs qu'on ne peut que s'imposer de s'y remettre, à toute allure, à couleurs abattues, se coltiner à la connerie, mettre les mains dedans , plein centre, l'écraser sur le mur , pleine face, le sang gicle, tuméfie la peau, on boxe la toile car on boxe la phrase, Mohamed Cassius, Ali Clay, uppercut, crochet droit, soigne ta gauche, sur le flanc, coupe, saigne, abats tes cartes, les premières pas les dernières, serre les dents, crache ta fatigue au coup de gong. Le combat doit continuer, un tube, une brosse et on repart, on cogne, on abrutit la brute, on esquive la phrase, la figure c'est ça, c'est la figure qu'il faut peindre ! On est con, alors c'est pleine face, gauche-gauche-droite, t'éclater la pommette, t'arracher le protège-dents, tous les coups sont permis, sous la [p]ceinture aussi, là où se nichent tes certitudes.
Grotesque, c'est ça, c'est exactement ça, c'est toi qui me l'a soufflé et je te le pique ton adjectif, ma peinture est grotesque, ma peinture de grotesques, les piliers de la société, Georg Grosz à l'aide ! Les piliers de l'Art, les zélateurs de la tendance, les exposés grand cadre, les [z]élites du tout-art, du tout-contemporain, du tout-fnac, du tout-frac, du tout-fric, les casse-toi pauv'con, les gros textes à grosses têtes, les uniques pensants. Je peins la connerie, l'incroyable connerie qui nous entoure. Je peins l'abrutissement du siècle qui commence, je peins le début, c'est çà, le début du combat, le retour au premier round, quand Clay n'était que Cassius, ça chahute dans ma cahute, je tombe le peignoir, je perds la farce, je suis peintre de GROTESQUES. "
Patrick Bechet
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