Il est l'un de mes plus lointains lecteurs puisqu'il vit au Vietnam depuis plusieurs années, voici JEAN CABANE sur les Grigris de Sophie avec un texte qui m'émeut beaucoup, deux oeuvres délicates et les liens vers son site et son blog ...
On fait souvent des rêves ...
" On fait souvent des rêves insensés de vouloir courir le monde,
jusqu'au jour où c'est à tout rompre.Alors,on part.
Pour peindre je m'installe dans l'atelier où a été aménagé un autel sur lequel sont placées une photo de mon père et de ma mère. Une présence est là qui signe en même temps une absence. Quels chemins ont conduit mes pas en ce lieu, venu ici me perdre pour mieux m'y retrouver? Ou simplement me trouver. Toujours est-il, on rencontre parfois quelqu'un au détour d'un hasard et se passe dans cette rencontre toute une vie. M'isolant donc dans l'atelier, j'y retrouve les bols contenant l'encre et le brou de noix;les petites coupelles pour les pigments: terre d'ombre, bleu céruléen, indigo ou noir de vigne... Les pinceaux chinois côtoient de fines brindilles de bambou et les calames. Sur la table, je prépare les feuilles de papier "do" . Ce papier végétal est encore fabriqué comme autrefois dans un village près de Hanoï à partir des fibres d'un arbre. Le papier façonné à la forme est vendu en feuilles de tailles variables.De fines imperfections témoignent de cette origine artisanale. Le pinceau chargé d'encre vient tracer à la surface vierge du papier un premier trait. Le premier trait crée. Il divise l'espace, donne la direction, engendre l'acte et donne naissance à l'image.Entre le plein et la vacuité s'ouvre un espace infini au regard. Moment où le coeur se serre lorsque ayant avancé la main on se retire pour être spectateur de cette image jusque là inconnue. Spectateur de cette image de soi et la donner à voir pour être plus près des autres. Instituer l'autre comme spectateur de cette image qui par là finit d'être de moi. Et m'étant perdu sur mes pas me voici étonné de voir une présence dans la trace de cette absence.
Car peindre est un acte d'amour."
http://www.jean-cabane.com/jeancabane/
http://enpassantlepont.blogspot.com/
On fait souvent des rêves ...
" On fait souvent des rêves insensés de vouloir courir le monde,
jusqu'au jour où c'est à tout rompre.Alors,on part.
Pour peindre je m'installe dans l'atelier où a été aménagé un autel sur lequel sont placées une photo de mon père et de ma mère. Une présence est là qui signe en même temps une absence. Quels chemins ont conduit mes pas en ce lieu, venu ici me perdre pour mieux m'y retrouver? Ou simplement me trouver. Toujours est-il, on rencontre parfois quelqu'un au détour d'un hasard et se passe dans cette rencontre toute une vie. M'isolant donc dans l'atelier, j'y retrouve les bols contenant l'encre et le brou de noix;les petites coupelles pour les pigments: terre d'ombre, bleu céruléen, indigo ou noir de vigne... Les pinceaux chinois côtoient de fines brindilles de bambou et les calames. Sur la table, je prépare les feuilles de papier "do" . Ce papier végétal est encore fabriqué comme autrefois dans un village près de Hanoï à partir des fibres d'un arbre. Le papier façonné à la forme est vendu en feuilles de tailles variables.De fines imperfections témoignent de cette origine artisanale. Le pinceau chargé d'encre vient tracer à la surface vierge du papier un premier trait. Le premier trait crée. Il divise l'espace, donne la direction, engendre l'acte et donne naissance à l'image.Entre le plein et la vacuité s'ouvre un espace infini au regard. Moment où le coeur se serre lorsque ayant avancé la main on se retire pour être spectateur de cette image jusque là inconnue. Spectateur de cette image de soi et la donner à voir pour être plus près des autres. Instituer l'autre comme spectateur de cette image qui par là finit d'être de moi. Et m'étant perdu sur mes pas me voici étonné de voir une présence dans la trace de cette absence.
Car peindre est un acte d'amour."
http://www.jean-cabane.com/jeancabane/
http://enpassantlepont.blogspot.com/
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