Cet été j'ai découvert une œuvre intrigante à Bouziés dans le Lot ...
Quelques mois plus tard je suis entrée en contact avec l'artiste DANIEL MONNIER .
Nous avons discuté de cet étrange travail de sculpture mais il m'a aussi parlé d'une entreprise plus récente et de ses sculptures " MÉMOIRE POUR LA PAIX ".
L'artiste a accepté d'écrire pour les Grigris un texte qui explique sa démarche ...
Le voici aujourd'hui :
" Sur cette terre, tous les jours, la paix dans le monde n'en finit pas de faire naufrage, de lancer ses appels au secours pour lesquels nous restons bras ballants- jusqu'au jour où des catastrophes incontrôlables dues au déchaînement de la violence humaine, finiront par atteindre les plus préservés des recoins de la planète où je pratique la seule chose que je sache faire -la sculpture- elle-même trop souvent laissée pour compte .
La sculpture n'est pas un art pour dilettante . C'est du boulot -carrières, camions, grues, palans - plus un travail de création qui requiert en amont, un investissement personnel considérable: on ne réalise pas une sculpture en 24 heures .
Aujourd'hui, à 72 ans, je sais que la sculpture, telle que je la pratique, est susceptible d'intéresser certains galeristes- voire de rares amateurs "éclairés" .
N'ayant à ma disposition et pour seul levier que mes sculptures, comment m'y prendre alors, afin de lutter contre la violence et les effusions de sang ?
Pour soutenir une telle gageure et tenter un geste de mémoire, symbolique, utopique même !
Protestataire en tout cas .
Un geste qui n'ait rien de gratuit, de désinvolte ...
Il me fallut alors combiner l'engagement total de ma personne physique, de mes capacités intellectuelles, et de mes moyens financiers !
"Aller au charbon" comme on dit -ce qui est peu de chose pour essayer de faire entendre sa petite voix, face à un tel fléau .
C'est donc à dessein que j'ai convoqué, moi aussi, la folie et la violence car, ce n'est pas impunément, comme qui rigole, qu'un sculpteur décide un jour d'aller balancer dans les vagues le résultat de son propre travail qui - sans parler d'art...- possède ce caractère d'unicité qui en fait la valeur; une valeur bien supérieure, me semble-t'il, à celle du billet de banque, tiré à des milliers d'exemplaires, brûlé en public par Serge Gainsbourg .
A chaque voyage, j'emmène avec moi une sculpture sortie à la gouge d'un bloc de cèdre . Pas n'importe
quoi : une belle sculpture, haute de 80 cm environ . Une œuvre sur laquelle j'ai réfléchi, un travail sur lequel j'ai passé du temps - où je me suis " investi" -ce mot à la mode .
De ces "sculptures embarquées", sans faire le prétentieux, il serait presque naturel de dire que l'équilibre de leur volume contient déjà sa propre harmonie, inscrite comme un message de paix .
Afin d'en surligner le caractère, sur des surfaces réservées à cet effet, je pyrograve le mot " PAIX" en une quinzaine de langues .
Suivent mes noms, adresse, téléphone, un poème parfois (signé Mariane Rey Lescure), date et lieu du largage, plus quelques explications concernant ma démarche : un acte par an ...jusqu'à ce que, peut être, ne revienne aux oreilles quelque écho .
A ce jour une seule d'entre elle fut retrouvée, à Safi (Maroc) où les éléves de l'Ecole du Plateau se sont mis en relation avec ceux des écoles de Cendrieux en Périgord, via internet et tout un réseau de parents et de professeurs ... que ces enfants là s'en souviennent de part et d'autre des deux continents, alors qu'ils auront atteint " l'âge de raison" , c'est ce que je souhaite !
Pour le moment restent trois sculptures en mer; ou peut être déjà à terre entre les mains d'un pêcheur à la ligne ?
J'attends en poursuivant mes largages .
Aussi aléatoire que puisse paraître le jet de ces sculptures, je ne doute pourtant pas ni de leur retour sur une côte habitée, ni de leur récupération ... à plus ou moins long terme .
Par ces actes répétés, je dis, je parle, j'explique .
Tout en sachant que la violence ou la folie de mon geste n'arrive pas à la cheville de celles contre lesquelles je m’élève . Je le sais . Mais je persiste . Et tant mieux si mes sculptures roulent, comme à Safi, vers les plus jeunes d'entre nous .
Je terminerai sur une anecdote :
... c'est l'histoire d'une mini bouteille, haute de 5 cm, contenant un message.
Elle fut retrouvée par l'un de mes amis sur la plage de Cap breton, dans le département des Landes. Il s'agissait d'un flacon abandonné dix ans auparavant dans les eaux torrentueuses du Gave de Pau par un prêtre de Galice, en pèlerinage à Lourdes ! Miracle ...? Non : au cours d'une précédente traversée de Cadix à Fort de France, nous avions décidé mon frère et moi, de jeter une bouteille à la mer .
La réponse au message nous est parvenue, en France, 9 mois plus tard, en provenance de Santo Domingo (République Dominicaine). Comme quoi tout ce qui flotte est, tôt ou tard, rejeté à la côte- sauf sur la fosse d'Aléoutiennes où les courants sont en train de fabriquer un " 6éme continent" composé majoritairement, d'objets en plastique, flottant à la surface du Pacifique !
Par ailleurs, le bois de cèdre que j'utilise, lui aussi flotte très bien. Les Phéniciens le savaient eux qui partaient de Sidon , à bord de leurs vaisseaux de cèdre ... jusqu'en Cornouailles où ils chargeaient du minerai d'étain ."
(Les photos d'aujourd'hui appartiennent à Daniel Monnier et ne sont pas libres de droit)
(une autre "Mémoire pour la paix" )
Petite précision sur "les largages" de DANIEL MONNIER .
Trois d'entre eux ont eu lieu dans l'Atlantique nord , à l'est et au sud des Açores , le quatrième sur
l'équateur, "dans une zone où les alizés du Nord et du sud sont tangents" .
Un autre largage est prévu en Norvége ....
DANIEL MONNIER est un homme de projets et d'envies.
Chaque sculpture retrouvée donnera lieu à une oeuvre de pierre et partira pour une exposition itinérante ...
Ainsi il y aura passage du dessin, au cèdre et du cèdre à la pierre ....
DANIEL MONNIER ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
(cliquer sur le lien)
Quelques mois plus tard je suis entrée en contact avec l'artiste DANIEL MONNIER .
Nous avons discuté de cet étrange travail de sculpture mais il m'a aussi parlé d'une entreprise plus récente et de ses sculptures " MÉMOIRE POUR LA PAIX ".
L'artiste a accepté d'écrire pour les Grigris un texte qui explique sa démarche ...
Le voici aujourd'hui :
" Sur cette terre, tous les jours, la paix dans le monde n'en finit pas de faire naufrage, de lancer ses appels au secours pour lesquels nous restons bras ballants- jusqu'au jour où des catastrophes incontrôlables dues au déchaînement de la violence humaine, finiront par atteindre les plus préservés des recoins de la planète où je pratique la seule chose que je sache faire -la sculpture- elle-même trop souvent laissée pour compte .
La sculpture n'est pas un art pour dilettante . C'est du boulot -carrières, camions, grues, palans - plus un travail de création qui requiert en amont, un investissement personnel considérable: on ne réalise pas une sculpture en 24 heures .
Aujourd'hui, à 72 ans, je sais que la sculpture, telle que je la pratique, est susceptible d'intéresser certains galeristes- voire de rares amateurs "éclairés" .
N'ayant à ma disposition et pour seul levier que mes sculptures, comment m'y prendre alors, afin de lutter contre la violence et les effusions de sang ?
Pour soutenir une telle gageure et tenter un geste de mémoire, symbolique, utopique même !
Protestataire en tout cas .
Un geste qui n'ait rien de gratuit, de désinvolte ...
Il me fallut alors combiner l'engagement total de ma personne physique, de mes capacités intellectuelles, et de mes moyens financiers !
"Aller au charbon" comme on dit -ce qui est peu de chose pour essayer de faire entendre sa petite voix, face à un tel fléau .
C'est donc à dessein que j'ai convoqué, moi aussi, la folie et la violence car, ce n'est pas impunément, comme qui rigole, qu'un sculpteur décide un jour d'aller balancer dans les vagues le résultat de son propre travail qui - sans parler d'art...- possède ce caractère d'unicité qui en fait la valeur; une valeur bien supérieure, me semble-t'il, à celle du billet de banque, tiré à des milliers d'exemplaires, brûlé en public par Serge Gainsbourg .
A chaque voyage, j'emmène avec moi une sculpture sortie à la gouge d'un bloc de cèdre . Pas n'importe
quoi : une belle sculpture, haute de 80 cm environ . Une œuvre sur laquelle j'ai réfléchi, un travail sur lequel j'ai passé du temps - où je me suis " investi" -ce mot à la mode .
De ces "sculptures embarquées", sans faire le prétentieux, il serait presque naturel de dire que l'équilibre de leur volume contient déjà sa propre harmonie, inscrite comme un message de paix .
Afin d'en surligner le caractère, sur des surfaces réservées à cet effet, je pyrograve le mot " PAIX" en une quinzaine de langues .
Suivent mes noms, adresse, téléphone, un poème parfois (signé Mariane Rey Lescure), date et lieu du largage, plus quelques explications concernant ma démarche : un acte par an ...jusqu'à ce que, peut être, ne revienne aux oreilles quelque écho .
A ce jour une seule d'entre elle fut retrouvée, à Safi (Maroc) où les éléves de l'Ecole du Plateau se sont mis en relation avec ceux des écoles de Cendrieux en Périgord, via internet et tout un réseau de parents et de professeurs ... que ces enfants là s'en souviennent de part et d'autre des deux continents, alors qu'ils auront atteint " l'âge de raison" , c'est ce que je souhaite !
Pour le moment restent trois sculptures en mer; ou peut être déjà à terre entre les mains d'un pêcheur à la ligne ?
J'attends en poursuivant mes largages .
Aussi aléatoire que puisse paraître le jet de ces sculptures, je ne doute pourtant pas ni de leur retour sur une côte habitée, ni de leur récupération ... à plus ou moins long terme .
Par ces actes répétés, je dis, je parle, j'explique .
Tout en sachant que la violence ou la folie de mon geste n'arrive pas à la cheville de celles contre lesquelles je m’élève . Je le sais . Mais je persiste . Et tant mieux si mes sculptures roulent, comme à Safi, vers les plus jeunes d'entre nous .
Je terminerai sur une anecdote :
... c'est l'histoire d'une mini bouteille, haute de 5 cm, contenant un message.
Elle fut retrouvée par l'un de mes amis sur la plage de Cap breton, dans le département des Landes. Il s'agissait d'un flacon abandonné dix ans auparavant dans les eaux torrentueuses du Gave de Pau par un prêtre de Galice, en pèlerinage à Lourdes ! Miracle ...? Non : au cours d'une précédente traversée de Cadix à Fort de France, nous avions décidé mon frère et moi, de jeter une bouteille à la mer .
La réponse au message nous est parvenue, en France, 9 mois plus tard, en provenance de Santo Domingo (République Dominicaine). Comme quoi tout ce qui flotte est, tôt ou tard, rejeté à la côte- sauf sur la fosse d'Aléoutiennes où les courants sont en train de fabriquer un " 6éme continent" composé majoritairement, d'objets en plastique, flottant à la surface du Pacifique !
Par ailleurs, le bois de cèdre que j'utilise, lui aussi flotte très bien. Les Phéniciens le savaient eux qui partaient de Sidon , à bord de leurs vaisseaux de cèdre ... jusqu'en Cornouailles où ils chargeaient du minerai d'étain ."
(Les photos d'aujourd'hui appartiennent à Daniel Monnier et ne sont pas libres de droit)
(une autre "Mémoire pour la paix" )
Petite précision sur "les largages" de DANIEL MONNIER .
Trois d'entre eux ont eu lieu dans l'Atlantique nord , à l'est et au sud des Açores , le quatrième sur
l'équateur, "dans une zone où les alizés du Nord et du sud sont tangents" .
Un autre largage est prévu en Norvége ....
DANIEL MONNIER est un homme de projets et d'envies.
Chaque sculpture retrouvée donnera lieu à une oeuvre de pierre et partira pour une exposition itinérante ...
Ainsi il y aura passage du dessin, au cèdre et du cèdre à la pierre ....
DANIEL MONNIER ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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