Envers et contre tous, en dépit des convenances, des amours et des
enfants, Karitas peint. Constamment, obsessionnellement. Femme libre
dans une Islande encore corsetée, elle voyage de Paris à New York, avec
pour seul bagage ses tubes et ses pinceaux. Parfois sa vie de bohème
l'étourdit, l'inspiration fuit, sa famille lui pèse et Karitas vacille.
Toujours, elle repart, suivant un seul guide : l'art.
Certains matins les femmes se réveillent toutes retournées et n'ont aucune idée de pourquoi . Est ce que ce sont les restes de mauvais rêves qui trainent encore sur l’âme et que la lumière du jour n'a pas réussi à effacer ou bien les événements du jour à venir qui envoient un présage au devant d'eux ? Peut être le cerveau n’arrivait il pas à se reposer suffisamment longtemps après l'activité du jour écoulé et protestait avec de sombres pensées ?
Le chaos qui apparut à mes yeux dans l'atelier d'Elena me fit prendre une profonde inspiration, le regard n'arrivait pas à saisir le moindre objet au premier coup d’œil, tout tourbillonnait et dansait ensemble, les tableaux en couleurs puissantes et agressives sur des chevalets et contre le mur, hurlant après le spectateur, des dessins au crayon d'hommes nus fixés sur tous les murs avec des punaises, de grandes plantes vertes dans des pots disséminés partout sur le sol, une nappe violette sur la table, une couverture orange sur la banquette, des vêtements éclatants qui faisaient penser à des costumes de scène suspendus à une grande barre portemanteau sur pieds, des meubles bizarres et de travers, tubes ouverts et pinceaux gisant comme des arbres fraichement abattus, j'eus l'impression pour la première fois de ma vie de voir un atelier d'artiste.
En Islande la solitude n'avait pas été aussi lancinante, jamais chez moi dans mon pays je n'avais dû me demander le matin comment j'allais conduire la journée, elle venait simplement à moi. Ici je devais aller vers elle .
Les carreaux de faïence noirs et blancs de l'élégante salle de bain de mon frère Olafur me font penser aux jours dans ma vie. Aux jours clairs, quand je peignais du matin au soir, aux jours sombres quand je ne pouvais pas peindre. Il n'y avait pas d'autres jours dans ma vie. Je ne trouvais jamais de bonheur profond ailleurs que dans mes œuvres, lorsque tout allait bien, lorsque les formes et les couleurs s'unissaient comme un couple amoureux, lorsque l'imagination gouvernait le pinceau, alors ils ne pouvaient pas entrer, le temps et la mort, ces frère et sœur magnifiques.
Puis nous nous toisâmes du regard comme nous le faisions toujours après une longue séparation. Il regarda mes cheveux blonds qui avaient pris des reflets blancs, je regardai ses cheveux bruns parsemés de gris, il regarda ma peau blanche, moi sa peau bronzée, puis il détailla mes vêtements, mon imperméable clair et ma jupe noire étroite, resta les yeux rivés sur mes chevilles, j'examinai minutieusement sa chemise noire et le tissu doux de sa veste gris foncé, enfin nous nous prîmes les mains, nous avions maintenant tous les deux des taches de rousseur sur le dos de celles-ci. Il me sembla que les miennes avaient pus vieilli, cela provenait probablement de ces éternelles lessives à la main . Je sentis son parfum et vis aux ailes de ses narines, à la façon dont il les remuait en penchant légèrement la tête dans ma direction, qu'il sondait mon odeur. Il dit : tu as un nouveau parfum, Karitas ? Je répondis d'emblée: bien sûr, les vieux parfums ne conviennent pas aux temps nouveaux.
Puis nous nous tûmes tous les deux et nous regardâmes dans les yeux, lui dans mes yeux bleu clair, moi dans ses yeux vert océan . Leur couleur avait légèrement pâli mais l'infini de son regard était le même.
Certains matins les femmes se réveillent toutes retournées et n'ont aucune idée de pourquoi . Est ce que ce sont les restes de mauvais rêves qui trainent encore sur l’âme et que la lumière du jour n'a pas réussi à effacer ou bien les événements du jour à venir qui envoient un présage au devant d'eux ? Peut être le cerveau n’arrivait il pas à se reposer suffisamment longtemps après l'activité du jour écoulé et protestait avec de sombres pensées ?
Le chaos qui apparut à mes yeux dans l'atelier d'Elena me fit prendre une profonde inspiration, le regard n'arrivait pas à saisir le moindre objet au premier coup d’œil, tout tourbillonnait et dansait ensemble, les tableaux en couleurs puissantes et agressives sur des chevalets et contre le mur, hurlant après le spectateur, des dessins au crayon d'hommes nus fixés sur tous les murs avec des punaises, de grandes plantes vertes dans des pots disséminés partout sur le sol, une nappe violette sur la table, une couverture orange sur la banquette, des vêtements éclatants qui faisaient penser à des costumes de scène suspendus à une grande barre portemanteau sur pieds, des meubles bizarres et de travers, tubes ouverts et pinceaux gisant comme des arbres fraichement abattus, j'eus l'impression pour la première fois de ma vie de voir un atelier d'artiste.
En Islande la solitude n'avait pas été aussi lancinante, jamais chez moi dans mon pays je n'avais dû me demander le matin comment j'allais conduire la journée, elle venait simplement à moi. Ici je devais aller vers elle .
Les carreaux de faïence noirs et blancs de l'élégante salle de bain de mon frère Olafur me font penser aux jours dans ma vie. Aux jours clairs, quand je peignais du matin au soir, aux jours sombres quand je ne pouvais pas peindre. Il n'y avait pas d'autres jours dans ma vie. Je ne trouvais jamais de bonheur profond ailleurs que dans mes œuvres, lorsque tout allait bien, lorsque les formes et les couleurs s'unissaient comme un couple amoureux, lorsque l'imagination gouvernait le pinceau, alors ils ne pouvaient pas entrer, le temps et la mort, ces frère et sœur magnifiques.
Puis nous nous toisâmes du regard comme nous le faisions toujours après une longue séparation. Il regarda mes cheveux blonds qui avaient pris des reflets blancs, je regardai ses cheveux bruns parsemés de gris, il regarda ma peau blanche, moi sa peau bronzée, puis il détailla mes vêtements, mon imperméable clair et ma jupe noire étroite, resta les yeux rivés sur mes chevilles, j'examinai minutieusement sa chemise noire et le tissu doux de sa veste gris foncé, enfin nous nous prîmes les mains, nous avions maintenant tous les deux des taches de rousseur sur le dos de celles-ci. Il me sembla que les miennes avaient pus vieilli, cela provenait probablement de ces éternelles lessives à la main . Je sentis son parfum et vis aux ailes de ses narines, à la façon dont il les remuait en penchant légèrement la tête dans ma direction, qu'il sondait mon odeur. Il dit : tu as un nouveau parfum, Karitas ? Je répondis d'emblée: bien sûr, les vieux parfums ne conviennent pas aux temps nouveaux.
Puis nous nous tûmes tous les deux et nous regardâmes dans les yeux, lui dans mes yeux bleu clair, moi dans ses yeux vert océan . Leur couleur avait légèrement pâli mais l'infini de son regard était le même.
1 commentaire:
Merci à toi de nous informer. Je vais me procurer ce livre,
d'autant plus que je connais bien l'Islande et que j' apprécie
les Islandais !! ce thème m'intéresse au plus haut point.
Je passe souvent chez toi, car tu es une mine d'informations !!
Amitiés. ELZA
Enregistrer un commentaire