Lorsque ODY SABAN se raconte ...
Lorsque ODY SABAN parle de l’œuvre qui fut l'affiche de la grande exposition de Laval
(voir ICI ).
Une histoire redoutable et un tableau terrible.
"Le visuel est de 1988-1990, La femme déchirée 130 x 100 cm.
Foulard, élastique, papier journal, papier de soie, plexiglas, filets peints, pigments et acrylique, encre de chine, sur toile."
La liberté, serait-elle simplement celle d’aimer, de danser, et surtout de parler et d’être différent(e) est toujours à conquérir. A ce propos j’ai un tableau qui me semble assez fort et qui est en tous cas explicite.
Il s’intitule « La femme déchirée », et en effet la toile a été déchirée puis recousue par moi à grosses mailles. Ici encore le point de départ est un événement de ma vie personnelle.
En 1978, j’avais été victime d’un accident de voiture, qui m’avait déchirée du bas du ventre jusqu’à la moitié du sein droit, et le médecin, qu’on avait fini par trouver dans un hôpital, avait d’abord refusé toute intervention, parce que ma carte d’identité indiquait que j’étais turque juive (donc) non musulmane.
Sous la menace de le dénoncer immédiatement par téléphone à des autorités d’Ankara, il a fini par me recoudre sans aucune anesthésie locale, sans enlever les morceaux de verres qui me restent encore aujourd’hui dans la chair.
Des particules coupantes sortent de temps en temps de ma peau. Je crois que n’importe quel adulte un peu courageux aurait recousu cette grande plaie mieux que cela n’a été fait. J’en garde une très large cicatrice, parce que la couture est à très larges mailles, fort espacées. J’ai peint cette femme sans hurlement, mais avec bâillon sur la bouche- ce qui revient au même- qui symbolise le sort fait à la plus grande partie des femmes de ce monde à cet instant aux quatre coins cardinaux. Ses yeux sont très grands pour capter toute la lumière que l’on veut lui cacher. Une de ses mains est gantée, car par art et élégance, on peut susciter un certain respect. La deuxième main est un grand râteau de paysanne qui peut servir comme arme, mais aussi comme instrument symbolique pour enlever tout le fatras abominable qui recouvre plus de la moitié de l’humanité. La troisième main qui est la première d’une série de mille, puisque comme chacun sait, une femme a besoin de mille mains, ne serait-ce que pour se protéger efficacement du viol, cette troisième main symbolique, plus grande, surgit de nulle part, ou plutôt de partout, elle va arracher le bâillon abject qui fait une tache sur cette femme, et qui est aussi un vulgaire journal relatant en turc un fait divers de matricide.
LE SITE D'ODY SABAN
ODY SABAN ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
LES GRIGRIS DE SOPHIE ET LE MANAS
(cliquer)
Pour Christine
Lorsque ODY SABAN parle de l’œuvre qui fut l'affiche de la grande exposition de Laval
(voir ICI ).
Une histoire redoutable et un tableau terrible.
Foulard, élastique, papier journal, papier de soie, plexiglas, filets peints, pigments et acrylique, encre de chine, sur toile."
La liberté, serait-elle simplement celle d’aimer, de danser, et surtout de parler et d’être différent(e) est toujours à conquérir. A ce propos j’ai un tableau qui me semble assez fort et qui est en tous cas explicite.
Il s’intitule « La femme déchirée », et en effet la toile a été déchirée puis recousue par moi à grosses mailles. Ici encore le point de départ est un événement de ma vie personnelle.
En 1978, j’avais été victime d’un accident de voiture, qui m’avait déchirée du bas du ventre jusqu’à la moitié du sein droit, et le médecin, qu’on avait fini par trouver dans un hôpital, avait d’abord refusé toute intervention, parce que ma carte d’identité indiquait que j’étais turque juive (donc) non musulmane.
Sous la menace de le dénoncer immédiatement par téléphone à des autorités d’Ankara, il a fini par me recoudre sans aucune anesthésie locale, sans enlever les morceaux de verres qui me restent encore aujourd’hui dans la chair.
Des particules coupantes sortent de temps en temps de ma peau. Je crois que n’importe quel adulte un peu courageux aurait recousu cette grande plaie mieux que cela n’a été fait. J’en garde une très large cicatrice, parce que la couture est à très larges mailles, fort espacées. J’ai peint cette femme sans hurlement, mais avec bâillon sur la bouche- ce qui revient au même- qui symbolise le sort fait à la plus grande partie des femmes de ce monde à cet instant aux quatre coins cardinaux. Ses yeux sont très grands pour capter toute la lumière que l’on veut lui cacher. Une de ses mains est gantée, car par art et élégance, on peut susciter un certain respect. La deuxième main est un grand râteau de paysanne qui peut servir comme arme, mais aussi comme instrument symbolique pour enlever tout le fatras abominable qui recouvre plus de la moitié de l’humanité. La troisième main qui est la première d’une série de mille, puisque comme chacun sait, une femme a besoin de mille mains, ne serait-ce que pour se protéger efficacement du viol, cette troisième main symbolique, plus grande, surgit de nulle part, ou plutôt de partout, elle va arracher le bâillon abject qui fait une tache sur cette femme, et qui est aussi un vulgaire journal relatant en turc un fait divers de matricide.
ODY SABAN ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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Pour Christine
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