Et aujourd'hui ce texte écrit spécialement par Frédérique Longrée pour les Grigris :
Il n’est pas toujours simple de parler de sa démarche artistique, surtout lorsque le médium choisi est l’image, justement pour éviter les mots.
Il existe différentes facettes à la démarche que je poursuis. Néanmoins, elles partent toutes d’un même processus. Si les écrivains et les dessinateurs ressentent parfois l’angoisse de la page blanche, j’entame chaque création sur base d’un fond noir et je me demande quelle lumière va en jaillir.
Dans la série MEDUSA comme dans certaines de mes dernières créations, je recherche inconsciemment une forme d’apaisement et d’harmonie dans une vie chaotique. Je cherche à associer des images qui, à mes yeux, s’aiment et donnent naissance à des créatures qui n’existent certes pas, mais qui répondent à mes critères subjectifs de beauté.
Je sais que d’autres créations choquent ou mettent mal à l’aise. Je veux l’être, moi, en premier. L’Art doit, selon moi, sinon secouer, du moins interpeller et se faire poser des questions. J’essaie de relever un pari fou, celui de concilier l’inconciliable, de rendre une vie à ce qui est mort, de montrer dans la série de visages altérés de femmes que nous sommes beaux, malgré toutes les blessures qui nous ont été infligées. J’essaie de montrer le lent travail de l’érosion du silence, tout en essayant de sublimer les visages que je touche et retouche. J’essaie d’adoucir ce qui nous est atroce, juste pour pouvoir égoïstement l’endurer.
Je me questionne, je rêve les images que je partage. La plupart de ces créations est l’expression libre de mon inconscient et je sais que si elles n’étaient pas sorties de moi, je ne serais plus là, aujourd’hui.
Je me refuse à leur donner un titre individuel afin de ne pas orienter la perception des êtres qui prennent le temps de les regarder.
Chacune d’entre elles est créée avec amour et une tendresse profonde. Contrairement à ce que certains perçoivent comme morbide, c’est la vie et la lumière que je célèbre dans ce travail. La Vie, si fragile et précieuse. Et le refus de l’Oubli de cette vie.
FREDERIQUE LONGREE ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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