"L’exposition « Aux Frontières de l’art brut » présente 15 artistes, inclassables selon les critères de l’art brut ou de l’art naïf traditionnel : Pierre Amourette, Gabriel Audebert, Mohamed Babahoum, Jean Branciard, Etty Buzyn, Marc Décimo, Roger Lorance, Patrick Navaï, Marion Oster, Jon Sarkin, Shinichi Sawada, Ronan-Jim Sévellec, Ghyslaine et Sylvain Staëlens et Yoshihiro Watanabe. Sans formation artistique pour la plupart mais possédés par le démon de la création, tous sont des expérimentateurs intarissables, obsessionnels, proliférants, dont l’univers a sa marque particulière, reconnaissable au premier coup d’œil. Peu habitués aux circuits professionnels de l’art, ils sont restés méconnus ou montrent avec discrétion les épiphanies d’une imagination sans limite."
Marion Oster
Ronan-Jim Sévellec
Marc Décimo
Jon Sarkin
Ghyslaine et Sylvain Staelens
Mohamed Babahoum
Pierre Amourette
Gabriel Audebert
Ronan-Jim Sévellec
Etty Buzyn
"Ceux qui en feront la découverte
oublieront difficilement la dramaturgie des madones en céramique de
Pierre Amourette, les méditations monstruosiformes de Roger Lorance ou
le carnaval de la comédie humaine de Gabriel Audebert. Shinichi Sawada,
lui, convoque les quatre éléments pour sculpter dans la terre d’étranges
créatures hérissées de pointe, tenant tour à tour de l’humain, du
reptile, de l’oursin et de l’oiseau. Mais c’est aussi un monde où la
poésie en est l’élan vital. Mohamed Babahoum célèbre dans la petite
chronique dessinée d’Essaouira, son village natal, les éclats fragiles
de ses souvenirs recomposés. Patrick Navaï, poète et peintre traversé
par les migrations, fait de son œuvre un voyage intime où les cultures
du monde sont mises en relation, s’influencent et se transforment. En
animant l’inanimé, Yoshihiro Watanabe réenchante le monde. Ses délicats «
Ohira », origami en feuilles de chêne pliées, aux formes animales,
restituent à la nature son langage. Renouer avec le vivant est également
au cœur du travail de Marc Décimo. Ses assemblages entrelacent des
éléments d’origine végétale dans des architectures évoquant l’immense
pouvoir du mycélium. En écho, les véhicules forteresses de Jean
Branciard sont des échappées salvatrices hors d’un monde trop
fonctionnel et utilitaire, dans le désir de rendre au quotidien et aux
objets qui le composent leur dignité. On peut y déceler une condamnation
de la démesure humaine que Ronan-Jim Sévellec met en scène. L’artiste
entretient avec les objets une passion obsessionnelle, et c’est dans le
réalisme confondant de ses univers miniatures surannés, désertés de
toute présence humaine, qu’il leur offre leur véritable existence. De
leur vie dans la compagnie des hommes, les objets se sont chargés d’une
mémoire et d’un pouvoir qui peuvent tenir de l’exorcisme et de la magie.
Ainsi l’œuvre devient vœu, offrande dans les ex-votos de Marion Oster
aux narrations mythologiques, magiques et oniriques. Ghyslaine et
Sylvain Staëlens font resurgir dans l’alchimie liminaire de leurs
sculptures les fantômes et les esprits de la forêt. Une déraison
fondatrice parcourt cette exposition, qui est l’occasion d’en
expérimenter quelques-unes des infinies ressources. Dans un torrent de
mots et d’images, Jon Sarkin, dessine les possibilités de faire œuvrer
ensemble l’espace de l’écrit et celui de la figure, rejetant l’abîme
mental qui sépare le sensible de l’intelligible. Chez Etty Buzyn, la
main écoute et ses entrelacs aux formes infinies et aléatoires tissent
dans le sensible les liens disjoints de notre monde intérieur.
Échappant à l’orthodoxie des positions
de Dubuffet, l’art brut est devenu une réalité patrimoniale ouverte dont
les contours sont en perpétuelle évolution. Dans son sillage s’est
épanoui un monde artistique hétérodoxe où des artistes, revendiquant
pleinement leur statut, n’en sont pas moins en porte à faux avec «
l’asphyxiante culture ». Préférant la liberté des chemins insolites, des
artistes aux entreprises très différentes, désignées sous les
étiquettes interchangeables d’art singulier, hors-les-normes, outsider,
neuve invention ou sans étiquette du tout, ont fait de leurs œuvres le
lieu d’un véritable théâtre privé, le support d’un récit profondément
personnel, où l’angoisse de la mort n’est nullement incompatible avec la
joie d’exister.
C’est en compagnie de cette tribu créatrice, complexe et plurielle, que la Halle Saint Pierre continue d’avancer."
Martine Lusardy, commissaire de l’exposition
JUSQU'AU 25 FÉVRIER 2024
LE SITE DE LA HALLE SAINT PIERRE
LES GRIGRIS DE SOPHIE ET LA HALLE SAINT PIERRE
(cliquer)
Halle Saint Pierre
2, rue Ronsard – 75018 Paris
Tél. : 33 (0) 1 42 58 72 89
Du lundi au vendredi de 11h à 18h
samedi de 11h à 19h
dimanche de 12h à 18h
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