YVONNE je rêvais de la rencontrer depuis des années !
J'ai croisé ses tableaux et ses dessins magnifiques dans mes périples d'Art Brut, chez des amis, au Hang-Art à Saffré et j'ai eu le bonheur de voir à Nantes en avril le superbe film " Yvonne Robert, une femme qui vient de l'ombre " que Mario Del Curto a réalisé avec Bastien Genoux .
YVONNE nous l'avons rencontrée cet été et elle nous a donné le meilleur d'elle même !
Pétillante, pleine de vie, elle nous a laissé prendre en photo son intérieur et voir ses gouaches et ses dessins .
Nous avons ensuite retrouvé quelques œuvres au Musée de la Création Franche à Bégles dans le cadre de l'exposition "Côtes Ouest" .
Une belle rencontre ... mais surtout une grande leçon de vie car être capable à 92 ans d'un tel enthousiasme, d'un tel intérêt pour les autres est rare assurément !
" Yvonne Robert est née en Vendée en 1922 ; enfance rurale difficile, elle s’installe en 1945 avec son mari agriculteur à Grues dans le marais poitevin. En 1974, aux nouvelles galeries de Luçon, elle achète du papier et des couleurs et depuis elle n’a pas arrêté de peindre, parfois se levant la nuit pour peindre en cachette. Elle peint à l’acrylique, la plupart du temps sur papier, des scènes de son enfance, de sa vie rurale, magnifiant la réalité par des couleurs éclatantes comme si elle ne voulait garder de son passé que les souvenirs les moins malheureux. Les peintures sont souvent accompagnées d’un texte qui aide le lecteur à rentrer dans une œuvre profondément humaine."
Yvonne dans la pièce qui lui sert d'atelier installée pour peindre ....
Le premier tableau d'Yvonne
" En 1974, au rayon papeterie des Nouvelles-Galeries de Luçon, elle achète du papier et des aquarelles. Ses premiers essais sont encouragés par son frère qui vit à l'étranger et qui est un familier du monde de l'art. Quelques mois après, elle achète des couleurs à l'huile et des toiles. C'est le début d'une longue série de tableaux qu'elle peint dans une pièce exiguë et mal éclairée, tenant la toile sur ses genoux. De 1974 à 1984, elle exécute plus de deux cent cinquante œuvres de petit format dont une dizaine rejoindra la Collection de l'art Brut à Lausanne. Longtemps, par humilité mais aussi par méfiance, elle ne voudra pas exposer ses peintures.Yvonne Robert peint également à la gouache et, plus récemment à l’acrylique, les scènes rurales de son quotidien ou de son enfance. Chaque peinture est accompagnée d’une légende-titre écrite dans la partie inférieure du tableau. Son univers met en scène le Marais avec sa noria d’animaux sauvages ou domestiques parmi lesquels le cochon, la vache, l’âne et les animaux de la basse-cour qui occupent son quotidien. Elle raconte aussi, par le biais d’anecdotes mi-figue mi-raisin les évènements qui l’ont marquée et brosse le portrait des personnages qu’elle a connus. L’un des thèmes récurrents dans l’œuvre d’Yvonne Robert est celui des bohémiens sur leurs roulottes dont elle avoue envier la vie itinérante. Au fil du temps, les fonds s’intensifient et vibrent de touches colorées éclatantes de lumière ou encore d’ocelles versicolores."
" Sa vie devient sujet de méditation : ses enfants, la vie à la campagne, la nature qui l’entoure, les animaux, tout est couché sur le tableau dans d’étranges scènes ou cortèges, accompagnés de messages codés où se résument leur histoire : « Le merle attend sa compagne », « J’ai voulu cueillir un iris jaune mais j’ai glissé dans le canal », « Le petit crapaud éclairé par la nuit écoute sa mère »… L’émotion nous happe. Nous découvrons alors un chatoiement de couleurs vives, audacieuses, lumineuse et généreuse qui s’entremêlent. Avec une grande pudeur, Yvonne Robert nous donne à voir ses tourments et rêves."
Voici pour accompagner mes photos un texte d' Alain Arnéodo publiè en 1996 dans Création Franche
n° 12 et présenté sur le site de Hang-Art :
" Sa journée se découpe en vingt-quatre heures de misères et d’angoisses. L’épuisement. Le découragement. Le désespoir. L’acceptation. Elle ne refuse pas son sort mais cesse de grandir. Il existe un trésor dans sa tête, une minuscule étoile qui ne luit que pour elle. Celle-là, personne ne pourra la lui voler, l’écraser du pied, lui cracher dessus. Là, dans la nature, elle recueille de belles images, bien gratuites, bien propres. Jeanne et Bernadette ont vécu de ces extases. Elle qui n’a rien s’approprie des bonheurs : « Mon merle », « Mon vanneau »… Personne ne se doute qu’elle bâtit un monde à l’abri des regards et des mains, à l’abri de la cruauté et des salissures. Dieu, elle ne l’a jamais rencontré. S’il avait existé, aurait-il admis qu’une enfant puisse être privée d’avenir ?
Épouse, mère, elle ne songe guère à se venger, à rétablir l’équilibre. Le destin frappe encore, et encore plus fort. Il faut DIRE, S’EXPRIMER, RESTER VIVANTE. Elle se met à peindre. A cinquante ans, la minuscule étoile préservée fait jaillir des chants de couleurs. Enfin. Elle raconte parce qu’elle étouffait. Elle se revoit : la fillette traverse son passé, ne s’arrêtant plus. Les tableaux surgissent tels des lieux de mémoire. Un vaste théâtre s’ouvre. Scènes codées qui évitent le misérabilisme, scènes titrées qui suggèrent l’émotion contenue. Il ne s’agirait pas de montrer le malheur mis plutôt de mettre en lumière qu’en marchant on peut s’éloigner de lui, le dépasser. S’arrêter, ce serait ressusciter les mauvais fantômes. Aller plus loin, vers une issue. La nature meurt et renaît, la beauté continue : « Aimer la vie jusqu’à la fin »…
Les séquences défilent. Diapositives. Les regrets, l’affliction, l’injustice...
Des amateurs distraits croient distinguer dans ses tableaux des représentations gentiment bucoliques, des pastorales pour des calendriers. En somme, des témoignages naïfs pour les nostalgiques de l’ancien temps, de ce temps où les hommes n’auraient vécu que d’amour et d’eau fraîche. Yvonne Robert peut donner cette impression.
Peut-être conviendrait-il mieux de célébrer son humilité prudente, sa méfiance innée envers les beaux discours, les vaines espérances. Farouchement athée, profondément humaine, incurablement fataliste, elle ne se pose pas en martyre unique, elle sait très bien que beaucoup de gens ont souffert autant ou plus qu’elle. Elle rougirait de se mettre en vedette. Elle dit « Elle » plus facilement que « Je ». Elle se désirera anonyme au sein d’une foule écrasée, elle exagérera les décors de ses tableaux pour apparaître plus infime. Et les amateurs distraits n’y verront que des arbres et des maisons gentiment décoratifs.
L’ambition d’Yvonne Robert se révèle dans son incomparable manière de saisir à la fois, dans une même toile : et la nature et la société, et les bonheurs et les malheurs, et toutes les tensions de l’existence ! Un monde perpétuellement en action, en destruction, en renouveau. Avec des personnages étroits qui marchent pour offrir moins de prise au destin, qui rasent les murs en pleins champs, qui se déroulent. Avec une fillette à l’étoile qui sert de cible."
LE SITE DU HANG-ART
LE LIEN VERS LE CNAP
QUELQUES LIGNES DE JEAN-FRANÇOIS MAURICE
UN LIEN VERS " L'ART TOUT SIMPLEMENT "
COTES OUEST ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
LE LIEN VERS LE FILM DE MARIO DEL CURTO
(cliquer sur les liens)
J'ai croisé ses tableaux et ses dessins magnifiques dans mes périples d'Art Brut, chez des amis, au Hang-Art à Saffré et j'ai eu le bonheur de voir à Nantes en avril le superbe film " Yvonne Robert, une femme qui vient de l'ombre " que Mario Del Curto a réalisé avec Bastien Genoux .
YVONNE nous l'avons rencontrée cet été et elle nous a donné le meilleur d'elle même !
Pétillante, pleine de vie, elle nous a laissé prendre en photo son intérieur et voir ses gouaches et ses dessins .
Nous avons ensuite retrouvé quelques œuvres au Musée de la Création Franche à Bégles dans le cadre de l'exposition "Côtes Ouest" .
Une belle rencontre ... mais surtout une grande leçon de vie car être capable à 92 ans d'un tel enthousiasme, d'un tel intérêt pour les autres est rare assurément !
" Yvonne Robert est née en Vendée en 1922 ; enfance rurale difficile, elle s’installe en 1945 avec son mari agriculteur à Grues dans le marais poitevin. En 1974, aux nouvelles galeries de Luçon, elle achète du papier et des couleurs et depuis elle n’a pas arrêté de peindre, parfois se levant la nuit pour peindre en cachette. Elle peint à l’acrylique, la plupart du temps sur papier, des scènes de son enfance, de sa vie rurale, magnifiant la réalité par des couleurs éclatantes comme si elle ne voulait garder de son passé que les souvenirs les moins malheureux. Les peintures sont souvent accompagnées d’un texte qui aide le lecteur à rentrer dans une œuvre profondément humaine."
Yvonne dans la pièce qui lui sert d'atelier installée pour peindre ....
Le premier tableau d'Yvonne
" En 1974, au rayon papeterie des Nouvelles-Galeries de Luçon, elle achète du papier et des aquarelles. Ses premiers essais sont encouragés par son frère qui vit à l'étranger et qui est un familier du monde de l'art. Quelques mois après, elle achète des couleurs à l'huile et des toiles. C'est le début d'une longue série de tableaux qu'elle peint dans une pièce exiguë et mal éclairée, tenant la toile sur ses genoux. De 1974 à 1984, elle exécute plus de deux cent cinquante œuvres de petit format dont une dizaine rejoindra la Collection de l'art Brut à Lausanne. Longtemps, par humilité mais aussi par méfiance, elle ne voudra pas exposer ses peintures.Yvonne Robert peint également à la gouache et, plus récemment à l’acrylique, les scènes rurales de son quotidien ou de son enfance. Chaque peinture est accompagnée d’une légende-titre écrite dans la partie inférieure du tableau. Son univers met en scène le Marais avec sa noria d’animaux sauvages ou domestiques parmi lesquels le cochon, la vache, l’âne et les animaux de la basse-cour qui occupent son quotidien. Elle raconte aussi, par le biais d’anecdotes mi-figue mi-raisin les évènements qui l’ont marquée et brosse le portrait des personnages qu’elle a connus. L’un des thèmes récurrents dans l’œuvre d’Yvonne Robert est celui des bohémiens sur leurs roulottes dont elle avoue envier la vie itinérante. Au fil du temps, les fonds s’intensifient et vibrent de touches colorées éclatantes de lumière ou encore d’ocelles versicolores."
" Sa vie devient sujet de méditation : ses enfants, la vie à la campagne, la nature qui l’entoure, les animaux, tout est couché sur le tableau dans d’étranges scènes ou cortèges, accompagnés de messages codés où se résument leur histoire : « Le merle attend sa compagne », « J’ai voulu cueillir un iris jaune mais j’ai glissé dans le canal », « Le petit crapaud éclairé par la nuit écoute sa mère »… L’émotion nous happe. Nous découvrons alors un chatoiement de couleurs vives, audacieuses, lumineuse et généreuse qui s’entremêlent. Avec une grande pudeur, Yvonne Robert nous donne à voir ses tourments et rêves."
Voici pour accompagner mes photos un texte d' Alain Arnéodo publiè en 1996 dans Création Franche
n° 12 et présenté sur le site de Hang-Art :
" Sa journée se découpe en vingt-quatre heures de misères et d’angoisses. L’épuisement. Le découragement. Le désespoir. L’acceptation. Elle ne refuse pas son sort mais cesse de grandir. Il existe un trésor dans sa tête, une minuscule étoile qui ne luit que pour elle. Celle-là, personne ne pourra la lui voler, l’écraser du pied, lui cracher dessus. Là, dans la nature, elle recueille de belles images, bien gratuites, bien propres. Jeanne et Bernadette ont vécu de ces extases. Elle qui n’a rien s’approprie des bonheurs : « Mon merle », « Mon vanneau »… Personne ne se doute qu’elle bâtit un monde à l’abri des regards et des mains, à l’abri de la cruauté et des salissures. Dieu, elle ne l’a jamais rencontré. S’il avait existé, aurait-il admis qu’une enfant puisse être privée d’avenir ?
Épouse, mère, elle ne songe guère à se venger, à rétablir l’équilibre. Le destin frappe encore, et encore plus fort. Il faut DIRE, S’EXPRIMER, RESTER VIVANTE. Elle se met à peindre. A cinquante ans, la minuscule étoile préservée fait jaillir des chants de couleurs. Enfin. Elle raconte parce qu’elle étouffait. Elle se revoit : la fillette traverse son passé, ne s’arrêtant plus. Les tableaux surgissent tels des lieux de mémoire. Un vaste théâtre s’ouvre. Scènes codées qui évitent le misérabilisme, scènes titrées qui suggèrent l’émotion contenue. Il ne s’agirait pas de montrer le malheur mis plutôt de mettre en lumière qu’en marchant on peut s’éloigner de lui, le dépasser. S’arrêter, ce serait ressusciter les mauvais fantômes. Aller plus loin, vers une issue. La nature meurt et renaît, la beauté continue : « Aimer la vie jusqu’à la fin »…
Les séquences défilent. Diapositives. Les regrets, l’affliction, l’injustice...
Des amateurs distraits croient distinguer dans ses tableaux des représentations gentiment bucoliques, des pastorales pour des calendriers. En somme, des témoignages naïfs pour les nostalgiques de l’ancien temps, de ce temps où les hommes n’auraient vécu que d’amour et d’eau fraîche. Yvonne Robert peut donner cette impression.
Peut-être conviendrait-il mieux de célébrer son humilité prudente, sa méfiance innée envers les beaux discours, les vaines espérances. Farouchement athée, profondément humaine, incurablement fataliste, elle ne se pose pas en martyre unique, elle sait très bien que beaucoup de gens ont souffert autant ou plus qu’elle. Elle rougirait de se mettre en vedette. Elle dit « Elle » plus facilement que « Je ». Elle se désirera anonyme au sein d’une foule écrasée, elle exagérera les décors de ses tableaux pour apparaître plus infime. Et les amateurs distraits n’y verront que des arbres et des maisons gentiment décoratifs.
L’ambition d’Yvonne Robert se révèle dans son incomparable manière de saisir à la fois, dans une même toile : et la nature et la société, et les bonheurs et les malheurs, et toutes les tensions de l’existence ! Un monde perpétuellement en action, en destruction, en renouveau. Avec des personnages étroits qui marchent pour offrir moins de prise au destin, qui rasent les murs en pleins champs, qui se déroulent. Avec une fillette à l’étoile qui sert de cible."
LE LIEN VERS LE CNAP
QUELQUES LIGNES DE JEAN-FRANÇOIS MAURICE
UN LIEN VERS " L'ART TOUT SIMPLEMENT "
COTES OUEST ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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