SABRINA PARLE DE SON TRAVAIL ...
"Rares sont les personnes qui reçoivent des chats morts par la poste, moi, j’ai ce privilège. Ils sont arrivés couchés sur la paille, au creux d’un carton en provenance de Pont-Aven, telles 2 galettes ils en avaient la couleur. Quand la maison fut ouverte le jour de l’inventaire, ils furent trouvés côte à côte, sur le haut de l’armoire de la chambre fermée depuis le décès de la maîtresse. Quelques jours plus tard je me retrouvais (grâce à Mr Jakez galeriste de son état, qui ne recule devant rien pour encourager ma création) l’héritière des 2 greffiers, heureuse de rendre hommage à la dame et à la bête.
L’oie
de Ninon c’était un chien, sur les talons de la fillette depuis sa
naissance. Mais le renard avait les crocs, et de Cocoua ne laissa que le
cou, la poitrine et le dos.
« Je
voudrais que vous l’honoriez » disait la petite voix sur mon répondeur.
Nous l’avons enterrée Ninon et moi comme il se doit. Aujourd’hui le roi
des gueux la chevauche du moins ce qu’il reste de l’oiseau qui à
retrouvé des pattes et une queue et un bec…
Grandes
ou petites tragédie d’humains d’animaux ou de végétaux, chacune de mes
créatures portent en elle une histoire secrète qui m’est parfois connue
ou révélée, et qui tout doucement se mêlera à la mienne le moment venu.
Ossements, fragments, dépouilles, offertes en plein soleil, prises au
piège ou légués, odeurs de mort, enterrer, déterrer, recomposer,
remettre debout pour jouer et sourire à nouveau."
FLORENT FOUNES AUSSI ...
"Sabrina Gruss hante notre monde de ses créatures d'un autre univers. C'est une danse avec la mort, un jeu de Vanités qui sème un sourire tendre et ironique, un ballet de coquets squelettes parés pour l'ultime fête. Glaneuse du néant, elle extirpe des landes, des lieux abandonnés et des fourrés, racines, crânes d'oiseaux, coquilles vides, os sans sépulcre, dans le secret de son atelier elle se livre à de surprenantes résurrections: rats à tête humaine en tutu, un compère à longue queue surgit d'un coffre où gisent, abandonnés peut-être, des poupons; royale, éternelle Parque, Méduzine dévoile ses charmes sulfureux la tête enrubannée d'un serpent, un rabbin entre en scène, rescapé des tréfonds de son grenier hanté.
Personnages décharnés, parés des vestiges chagrins d'une autre vie, ils brinquebalent leurs os et " presque tous ont quitté la chemise de peau..." tels les pendus de Rimbaud. Mais ils retrouvent un ailleurs : êtres d'écorce ou de fibres extirpés de la terre ensevelissante, ils proclament haut et fort leur vie retrouvée, fût-elle accompagnée d'animaux, ambigus toujours, maléfiques selon, comme rats et serpents... Thaumaturge pudique, Sabrina Gruss nous ramène avec un humour grinçant à un dialogue avec un monde des ténèbres qu'elle charme pour ne pas se laisser envoûter, et n'en finit pas d'exorciser cet autre côté du miroir où se cachent nos peurs, où naissent nos mauvais rêves, où les prémices de notre histoire plongent leurs racines.
Sans doute le plus vieux jouet de l'histoire, on en a retrouvé dans les tombeaux de l'Egypte antique, la poupée de confidente en objet rituel n'en finit pas de recueillir, profane ou sacrés, parfois même maléfiques, bien des secrets inavoués. "Bénie soit la providence qui a donné à chacun son joujou : la poupée à l'enfant, la femme à l'homme et l'homme au diable" conclut Victor Hugo."
LE SITE DE SABRINA
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