« Elle
a promené dans les villes
Le pas qui
tremblait sur les eaux… »
(Joë
Bousquet, La Connaissance du Soir)
Quatre
ans, et Martine Lamy décrochant des cimaises ? Allons donc ! C’était
au contraire le présage d’une générescence inédite pour nous, de lumières
creusées et neuves en maturation et patience. L’offertoire débute par le choix
des matériaux – doux et durs – qui font l’irruption d’un relief tactile,
satiné, qui parlent de féminité sans présupposés ostentatoires. Il est question
de visages et d’arbres cosmiques, de mandalas universels et de chaires
partagées : rappel fondamental que pour obtenir du « Nous », il
faut d’abord passer par les « Autres »…
Les
artistes, les poètes et les cinéastes de la Haute Voix, au nombre desquels j’ai
toujours rangé Martine, ne peuvent se fier qu’à eux-mêmes, car ils sont leurs
propres débiteurs, leurs pilotes au milieu du paysage qui moutonne et se
dérobe. Imbus de volonté, l’intuition agressive ou bien timide, mais quel autre
recours possible ? D’où viendraient l’arôme, le feu, la saveur ? Car
il existe en chacun de nous un projet faramineux, presque indécent, mais
incontournable : plagier sans voir, voir sans plagier.
Le
flou et la distance, mais gauche et droite de l’imagination, sont là pour
brouiller la brutalité du monde ; sinon, impossible de civiliser. Mais
aussi, en contrechant, l’appréhension à désigner, à confondre l’intense et le
grouillant. Car voyez-vous, la modestie véritable n’avance que dans la peine,
mais toujours précédée d’une clarté que l’oubli ne peut supporter.
Martine ?
Faisons-lui hommage de s’en tenir aux limites, déjà larges, du rêve, comme
moyen de résistance au déraisonnable qui parcourt et pollue les canaux humains
de notre époque.
Pour
Martine, l’art n’est pas seulement cet orage qui éclate à la fin de la sieste,
mais la preuve de tout respect amoureux.
Thierry
Delhourme
Bègles/Gradignan,
septembre 2015
LE SITE DE MARTINE
UN LIEN ET DES TEXTES
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