"La solitude peut être quelque chose d'essentiel pour se trouver, pour
penser, pour créer, même si pour d'autres, elle est source vive de
souffrance. L'isolement, c'est de la solitude à la puissance X. C'est
être en cage, chez soi, prisonnier pour n'avoir commis aucun délit.
C'est ne pas voir le peu d'amis qu'il reste, parce qu'il y a la
distance, et parce que bouger, ça coûte. C'est ruminer sa vie à en
devenir fou parce qu'ici, tout le monde vit sa vie sans se soucier de la
vie de l'autre. C'est vivre en colère pour ne pas sombrer dans le
désespoir.
C'est redevenir sauvage, et parfois parler mal quand interaction avec un autre être, il y a. C'est vivre en ne se
reconnaissant plus, en portant sur les épaules le châle du souvenir de
soi.
C'est pleurer sans aucun bras pour vous réconforter.
C'est devenir statue."
Et pour accompagner ma sélection de photos un texte écrit par son éditeur, Krzysztof Styczynski :
DARK LIGHT
Frédérique Longrée
Qu’elle nous guide dans les catacombes ou les abysses, Frédérique
Longrée éclaire les ténèbres de nos craintes, je veux dire celles de la
mort et celles de l’inconnu. Ici l’âme se trouve dans le regard et la
lumière dans les abîmes que ces prédatrices sans squelette, ni cerveau,
ni poumon, parfois mortelles pour l’homme, illuminent. Sur ces deux
territoires, elle exorcise les peurs, bannit les douleurs passées,
résurrection d’elle-même, exorcisme des craintes, la vie reprend, dans
le décharnement des cadavres, dans la bouture femme/méduse, elle dit «
pense à moi, regarde-moi, je vivrai, mais ne bafoue plus ma mémoire».
Dans Frédérique se cache féérique, ses images l’affirment dans l’au-delà
de la noirceur, dans la lumière de la mort.
Sont-ils en train de naître ou se réveillent-ils d’un long sommeil ? Les
morts reviennent à la maison. Ont-ils chaud, ont-ils froid ? « Nous
ont-ils oublié ? » disent-ils. Dans leurs regards renaissants, nous
pouvons voir ce désir terrifiant de revivre après la mort, qu’ont-ils vu
dans l’au-delà imaginé de leurs rêves ? Qu’ont-ils rapporté de ce monde
promis pour apaiser les terreurs de la vie ? Ont-ils serré la main de
l’ange ? Deux yeux, un regard comme un puits dans un désert aride,
parfois des ailes brodées, fragiles comme la vie, un lambeau de vêtement
se confondant aux lambeaux des chairs asséchées, nous sommes et serons de toute éternité les morts qui marchent, les morts qui regardent, les
morts qui frémissent à la beauté, les morts repus d’une vie de passage…
Comètes des profondeurs valsant harmonieusement, les méduses danseuses
nous font découvrir ce refuge loin des hommes, ce territoire non
exploité du fin fond des océans, pour nous rappeler les profondeurs de
notre âme, de notre cœur, de nos peurs, de nos limites. Ici en osmose
avec la femme, épouses de marins perdus, cette autre peur de l’homme
dans les profondeurs de laquelle il plonge et si souvent ne revient pas.
Coupures invisibles, sutures parfaites, la chirurgie de Frédérique
Longrée n’a pas de cicatrices, elle est l’évidence même que le regard
est l’épicentre de nos vies, le soleil celui de nos ténèbres. Rien de
sombre, juste un sortilège avec la lumière, créatrice de vies.
Frédérique Longrée accorde ce qui semble pour l’éternité, incompatible,
la vie et la mort indissociable l’une de l’autre, cette mort que nous
traînons durant toute notre vie, cette mort que le vivant invite à
danser.
FREDERIQUE LONGREE ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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Des tirages originaux, format A4, signés et vendus au prix de 40 euros
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