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Comme tous les gamins, j'adorais percevoir par bribes un sentiment
d'infinitude, que je n'ai jamais retrouvé depuis. Vers trois-quatre ans,
je me laissais aller à imaginer ce que les mots toujours et partout
pouvaient représenter, et parfois je sentais quelque chose... Puis j'ai
perdu l'habitude, et à cinq ans, je suis devenue terre à terre. "
D'ouvrier à sorcière en passant par sexy ou bon bien, Jeanne Cherhal
célèbre les mots qui traversent sa vie dans un glossaire très personnel
et plein d'humour. Comme autant d'autoportraits, ses quarante mots
convoquent le sel de l'enfance et révèlent l'audace, la tendresse et le
féminisme profond d'une artiste en liberté.
Petite, je fantasmais gentiment sur le "facteur cheval", dont le nom m'avait un jour attiré l'oreille et sur lequel je construisais quelques innocentes rêveries. En secret, j'imaginais un beau facteur doté d'une musculature chevaline qu'il lui fallait cacher? Il avait la peau recouverte par endroits d'un somptueux pelage roux, des sabots habilement dissimulés dans des bottes de cuir et une crinière ramenée en queue-de-cheval (évidemment) à l'arrière de son crâne d'homme.
Ce centaure des PTT était à coup sûr un objet de désir et de convoitise chez pas mal de dames qui chaque matin, attendaient en frémissant qu'il vînt les honorer en s'introduisant dans la fente de leur boîte aux lettres lors de sa tournée quotidienne.
Bien plus tard j'ai découvert qui était le vrai Facteur Cheval, et la simplicité de ce petit bonhomme autant que son impressionnante créativité m'ont touchée (il était quand même moins sexy que prévu).
En visitant son Palais onirique et foutraque, j'ai constaté à quel point son nom de famille amusant, naïf, terrien, était devenu une référence absolue de l'art brut. Un nom qu'on n'oublie pas !
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