Depuis des mois je suis fascinée par le travail de PATRICK STRAUB.
Patrick a accepté une interview.
La voici aujourd'hui sur les Grigris ainsi que des photos de son travail.
LAND ART
Patrick STRAUB
Pratiques chamaniques et poésies visuelles
Depuis quand pratiquez-vous le land art ?
Cela fait une vingtaine d’années que je m’intéresse au land art. Au début, j’en faisais épisodiquement, surtout pendant les vacances.
Depuis que je suis à la retraite – 6 ans déjà - je le pratique à plein temps, passionnément !
D’où vous vient cette passion ?
En partie de mon métier. J’étais instituteur puis conseiller pédagogique en arts plastiques. J’ai découvert le land art dans ce cadre-là. Ce sont les œuvres de Nils Udo et d’Andy Goldsworthy qui m’ont ouvert les portes de cet univers fascinant. Cela a été une révélation, un coup de foudre ! C’était comme si cette forme artistique et moi-même, nous nous attendions mutuellement depuis toujours. Une rencontre amoureuse en somme. Une rencontre fondée sur mon besoin de nature et mon désir de créer.
Pouvez-vous nous éclairer sur votre manière singulière de pratiquer le land art ?
La singularité de mon travail, s’il y en a une, est probablement liée au rapport que j’entretiens avec le monde qui m’entoure. Si je devais qualifier ma posture artistique, je dirais que je suis en état de vigilance permanent. Je programme rarement ce que je vais faire : j’attends un signe, le signe d’une collaboration possible entre la nature et moi. Et ça marche neuf fois sur dix !
À l’inverse, quand il m’arrive de m’obstiner sur un projet, c’est tout l’inverse : ça s’écroule, ça s’envole, ça sonne faux…
Et étrangement, c’est au moment où je lâche prise, c’est-à-dire quand j’ai tout remballé et que j’ai téléphoné à ma femme pour lui dire que j’allais rentrer, c’est à ce moment seulement -sinon ce ne serait pas drôle - que je le vois arriver de l’autre côté de l’étang et foncer droit sur moi avec son petit moteur silencieux. Je parle de ce cygne que je n’attendais pas et qui va donner une âme à mon travail.
Si le propos n’était pas trop prétentieux, je dirais qu’il y a une dimension chamanique dans mon travail. N’empêche que, ce soir encore, la soupe sera froide !
Il y a vos réalisations, mais il y a aussi les histoires que vous racontez
Les histoires que je raconte font partie intégrante de ma démarche. Elles invitent le lecteur à rentrer dans mon univers créatif qui est peuplé d’entités imaginaires et qui animent une mythologie personnelle dans laquelle je suis partie prenante. Avec malice, j’entretiens l’illusion entre le vrai et le faux, entre l’envers et l’endroit. Mes travaux sur les reflets illustrent cette approche.
Dans le même esprit, mes mandalas géants sur le sable ou dans la neige sont plus que des performances, ce sont des clés uniques, des portes temporairement ouvertes sur des mondes parallèles.
À ce propos, vous m’avez dit qu’on vous traitait parfois d’illusionniste. Est-ce que cela ne vous dérange pas ?
Non, bien au contraire ! Je mets d’ailleurs en scène ce côté magicien-chamane dans mes réalisations et certaines de mes vidéos. Par contre, je pense que ceux qui me traitent d’illusionniste se trompent sur l’objet même de l’illusion. Tout ce que je montre n’est que du réel ! Les quelques « trucs » que j’utilise tels que le retournement de l’image ou le montage inversé ne sont que des moyens pour amener le spectateur à changer de point de vue et à aborder son environnement avec des yeux nouveaux.
Il y a aussi une dimension poétique dans vos réalisations, vous ne pouvez pas le nier.
Bien entendu ! Et c’est là l’autre volet de mon travail.
Je profite de la beauté des matériaux et de l’écrin que nous offre la nature pour toucher le cœur des gens à travers des compositions qui cherchent avant tout à surprendre et parfois à éclairer une journée qui s’annonce maussade.
De ce point de vue, mon travail sur les « cœurs », sans doute un peu « cliché », m’a fait découvrir que mes travaux pouvaient rendre heureux. Ce constat a été déterminant. Il justifie entre autres ma présence sur les réseaux sociaux.
J’ai mis en ligne – en accès libre - un petit recueil de « haïkus » illustrés intitulé « Cœur à cœur » sur Calaméo qui a eu un certain succès : ICI
À propos d’amour et de cœur, vous m’avez confié que certains de vos travaux sont destinés à quelqu’un en particulier.
C’est vrai ! Certaines de mes réalisations et notamment les grands dessins sur les plages sont dédicacés. Ils sont directement adressés à ma petite-fille qui habite en Russie et que nous ne voyons que trop rarement. Le Covid et maintenant la guerre en Ukraine ne donnent que plus de sens à ces messages d’amour vu du ciel, du point de vue des anges !
Dernière question, au cours de notre entretien vous avez évoqué votre activité éditoriale, pouvez-vous nous dire plus ?
Oui bien sûr, avec plaisir ! Je suis l’auteur de plusieurs livres consacrés à la pédagogie des arts plastiques publiés aux Éditions ACCÈS. Des ouvrages très concrets destinés à accompagner les enseignants dans leurs pratiques de classe. D’ailleurs, mes deux dernières parutions traitent l’un du land art avec les enfants et l’autre des pratiques créatives.
Un mot pour terminer ou quelque chose à rajouter ?
Il y aurait sans doute encore beaucoup de choses à dire… mais je tenais surtout à vous remercier de m’avoir offert l’occasion de cette réflexion et de ce partage sur votre blog.
PATRICK STRAUB ET LES GRIGRIS DE SOPHIE
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1 commentaire:
Bravo pour vos oeuvres qui subliment encore la nature ... C'est toujours un plaisir de découvrir vos créations à travers vos publications ! Belles créations à venir...
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