Tous ceux qui ont vu son installation aux Sarabandes en parlent encore...
Comment ne pas aimer Noémie Boullier !
"Laissez aller votre côté animal se promener dans les toiles. Ce que cela peut vous évoquer à vous-même est aussi important que personnel."
"Un jour quelqu'un m'a dit que je faisais une peinture « aventuriste expressionniste ». J'aime bien cette expression. Parce que c'est vrai que je construis les peintures au fil des heures, comme un jeu de coïncidences entre les actualités qui me passent par les oreilles, et les objets qui me passent sous les yeux (comme un skate, un slip, un ustensile de cuisine etc !!).
Si ces peintures vous semblent venir d' un univers fantastique, elles puisent pourtant dans les actualités réelles et communes à tous. Un même personnage peut être un homme doux pour quelqu'un et une femme révoltée pour quelqu'un d'autre. J'aime bien faire des personnages ambigus… Ils ont souvent la peau bleue car c'est un peu la couleur de tout le monde et de personne. Vous le remarquerez peut-être j'aime bien leur mettre des cornes ou des ailles ou parfois les deux, je ne le fais pas avec une conscience mythologique ni religieuse. En fait, elles poussent toutes seules ! Sachez que pour moi aussi des fois ces créatures sont étranges et bizarres et si elles vous inquiètent, n'hésitez pas à les voir avec humour !"
une révolution
de soi
autour de soi
une foule
amis internes
êtres particuliers
issus d'un hasard circonstanciel créatif
Casser les automatismes
Repousser la domestication culturelle
Se déshabiller des influences
Chaque visage une bataille
apparaît et disparaît
bouge jusqu'à me repousser et se repose
figé
et devient
Impression d'émotions
Certains sont calmes
Certaines couleurs se frôlent et d'autres se salissent
Je les travaille de loin, de près, seul, en groupe, à la lumière
électrique ou du matin,
le jour, tard, tôt
Fatiguée ou fraîche,
je m'y énerve et je m'y calme pinceau à la main
On finit par habiter chez eux, ils envahissent têtes, atelier, maison …
Têtue (dotée d'une tête)
Fascinée par la représentation graphique des têtes et des bêtes
qui se révèlent sensibles et vivants dans le dialogue
Regard primordial
Je m'entête
Démons ?
Démons angéliques sans muselières sur des monts de muses démoniaques
N'ayez crainte de planter vos yeux dans les leurs, ils vous parleront peut-être
Solitude épanouie au milieu de cette foule d'êtres silencieux
Je vous emmène
Je vous embête (= je vous remplis de bêtes ?)
Quand les bêtes qui m'habitent vous invitent
Entrez dans mes bêtes , entrez dans ma fête
Je peins et je vous embrasse
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Noémie
est née en 1980. Très jeune elle fut attirée par l’art plastique,
s’essaya au collage, au dessin avant de s’intéresser aux pinceaux et
toiles. Viennent les influences extérieures et sociétales : l’injustice
même dans l’école républicaine, la compétition, le désastre
environnemental, l’hyper industrialisation, la société de consommation
et l’emprise des médias sur la fabrication de l’opinion.
Puis
le voyage au Mexique qui a ouvert la porte à d’autres grammaires
picturales, l’amour et l’exposition à d’autres cosmogonies et manières
d’être dans la société. Il y a également une place non négligeable
qu’occupent les peintures nées de la révolution, ses héroïnes rebelles
comme Olympes de Gouges, Tina Motodi, ainsi que ces magiciens de l’image
qui sont Jérôme Bosch, De La Tour et d’autres. Et enfin les muses
secrètes, qui maintiennent le fil rouge du travail de Noémie : le monde
rural, la permanence de la nature vivante, les hommes, les bêtes. De ces
influences naissent sa peinture, une interrogation permanente retrouvée
dans chaque tableau, un regard sur les hommes et des hommes dans leur
espace vital.
Peinture
subversive aux traits décalés, couleurs vives qui expriment avec
provocation nos précipices, nos interrogations, nos insuffisances et en
filigrane l’inébranlable lien entre les hommes et les bêtes. Noémie
par sa peinture nous rappelle cette vérité fondamentale que les hommes
et les bêtes ont un destin mêlé, liés par les liens naturels qui sont la
terre, les végétaux, la faim, la soif, le mouvement, la violence, la
compassion.
Cette
permanence de l’anthropomorphisme et de la zoanthropie nous renvoie à
la part d’ombre en nous, révèle les instincts, suggère jalousie et
répulsion, anéantit l’arrogance matérialiste par ce jeu sans cesse
d’alter égo.
En
filigrane Noémie pose en permanence la question de l’évolution
humaine, à savoir si les têtes qui pensent ont-elles vraiment pris la
suprématie sur les bêtes ? Et quelle qu’en soit la réponse à cette
question, le résultat est-il émancipateur ou destructeur ? Noémie ne
donne pas la réponse, n’affirme rien. Mais avec son humour grinçant et
sa technique redoutable d’ombres portées, de regards furtifs et parfois
durs de ses personnages, elle n’en dit pas moins. C’est un ensemble
cohérent, insistant, qui suggère une déconcertante vérité sur la nature
humaine.
Noémie
repose ces questions sous de multiples formes, souvent par le
subterfuge du double ou même du triple sens, des images cachées dans
l’image dominante, des ombres expressives, des contours nuancés pour
donner du volume au personnage, amplifier le sens du message. On se
retrouve donc avec un condensé de message à chaque tableau, des
personnages souvent insaisissables, parfois durs, quelquefois tendres,
mais invariablement des archétypes immortalisés.
Olympe
de Gouges dit ceci de saisissant qui en une phrase résume avec élégance
notre propos : « Je suis, dans mes écrits, l'élève de la nature ; je
dois être, comme elle, irrégulière, bizarre même ; mais aussi toujours
vraie, toujours simple ».
Vous êtes en face d’une œuvre vraie, élaborée avec humilité et sincérité.
Marc SEKPON
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