L'ÉPICERIE DE LIGNEROLLES N'EST PLUS ...
Il y a quelques années j'ai lu un article sur PIERRE MARZORATI et j'ai rêvé de sa gigantesque caverne d'Ali Baba ...
Hélas depuis 2008, elle est présentée aux Muséales de Tourouvre. La nouvelle mise en scène, contemporaine et ludique, vous invite à un voyage autour des commerces et de la publicité du 19e siècle à nos jours. Des petits commerces d’autrefois (épicerie, bar...) ou des grands magasins comme le Bon Marché sont évoqués tandis que les publicités pour des marques familières nous rappellent avec nostalgie des temps révolus...
" L’exposition n’est pas une transposition du musée de Lignerolles dans un nouveau lieu : elle propose une autre approche de la collection, illustrée et didactique. Mais que les nostalgiques du musée de Lignerolles soient rassurés : de très nombreux objets seront exposés, et ils retrouveront l’ambiance du petit commerce d’autrefois"
... et bien moi j'ai été très déçue par cette visite,très peu émue. On est dans une présentation d'objets anciens, dans un lieu sans âme et sans magie et non dans la folie luxuriante d'un accumulateur !
" Boîtes de café, lessive, vieilles pubs: Pierre Marzorati a transformé sa maison en musée.
A priori, Pierre Marzorati est un homme plutôt affable. Pourtant l'énoncé de certains mots a le don de le faire sortir de ses gonds. Ainsi, celui de collectionneur. «Je ne suis pas un collectionneur, je suis un accumulateur, s'échauffe-t-il soudain. Un collectionneur, c'est un passionné. Or la passion est une forme de jouissance. Un passionné, c'est donc quelqu'un qui a des problèmes de libido.» A ces mots, son épouse oppose une moue dubitative. Depuis trente ans que Pierre Marzorati accumule les objets «se rapportant à l'épicerie et au commerce de proximité», Annick a vu se réduire dangereusement l'espace vital familial. Les premières années, l'accumulation tenait dans le vestibule et la salle de séjour de la maison, puis elle a servi de décoration dans la supérette que tenait alors le couple, puis elle a occupé les trois pièces de l'arrière-boutique, puis elle a emménagé dans l'actuelle demeure des Marzorati sise dans l'ancien relais de poste de Lignerolles (Orne). En 1986, Pierre Marzorati a décidé d'ouvrir les pièces concernées au public. Le Musée de l'épicerie d'autrefois (qui couvre peu ou prou la première moitié du siècle) était né (1). Ancien salarié de la grande distribution, Pierre Marzorati dit vouloir ainsi «demander pardon» aux petits commerces, à la mort lente desquels il estime avoir contribué.
Les années suivantes, le nouveau conservateur s'est livré de plus belle à sa passion, pardon, à sa manie de l'accumulation. Les objets ont continué à grignoter sournoisement les lieux réservés à la vie de famille. «Là c'était la cuisine, ici on mangeait, là on regardait la télé», dit Samuel, le petit ami de la cadette des filles Marzorati, en montrant différentes salles du musée. Aujourd'hui, les 20.000 objets ont colonisé tout le rez-de-chaussée, et les Marzorati se sont repliés au premier. Aux dernières nouvelles, le musée occupe 300 m2 dont une ancienne grange située de l'autre côté de la cour.
Trente ans de chine intensive. «Le tout premier objet de ma collection, c'est celui-là, je l'ai trouvé sur une décharge publique, dit Pierre Marzorati en désignant une plaque publicitaire en tôle peinte de la fin du XIXe siècle sur laquelle on distingue encore, malgré la rouille, un gendarme en train de se mirer dans sa botte cirée avec le Cirage Végétal. Il y a trente ans, ce genre de truc passait directement à la poubelle.» Outre les dépôts d'ordures, les Marzorati ont écumé, en trente ans de chine intensive, les brocantes, les foires, les salles des ventes municipales ou d'Emmaüs, bref, tous les lieux susceptibles de receler des trésors" bon marché, la famille ne roulant pas sur l'or. «Un jour, j'ai vu dans "Le Parisien" qu'un type cherchait à se débarrasser de publicités anciennes, ajoute le fondateur du musée. Il en avait vingt cartons remplis à ras bord dans sa cave. Il vendait ça une bouchée de pain. Si j'avais su, j'aurais acheté le lot, mais j'ai pas réalisé, j'en ai pris que quelques unes.»
A force, Pierre Marzorati a accumulé un incroyable bric-à-brac, un gigantesque pêle-mêle, un divin capharnaüm, en clair, un régal pour le visiteur. Les collections de journaux voisinent avec les articles d'épicerie en tous genres: boîtes métalliques de biscuits, de thé, de café, paquets de lessive, savons, pains de sucre, kapok, tortillons de papier glu tue-mouches, articles de mercerie (boîtes à épingles, oeufs à repriser, boutons, bride «supérieure»"), publicités diverses et variées, calendriers, glacoïdes (cartons glacés), tôles émaillées, bustes en plâtre, carafes, albums dans lesquels les écoliers collaient des vignettes, buvards, etc. «Quand les gens entrent, ils sont écrasés, dit Pierre Marzorati avec un rien de satisfaction. Après, ils me disent: "si on avait su, on aurait pas jeté telle ou telle chose". Ou "on va revenir vous apporter tel ou tel objet. Si on m'avait apporté tout ce qu'on m'a promis, Beaubourg serait trop petit. En réalité, je dois recevoir un cadeau tous les deux mois. Une fois, une dame m'a donné le landau dans lequel elle était née"»
Comme toute collection qui se respecte, celle de Pierre Marzorati comporte son lot d'ovnis (objets variés non identifiés). Ainsi, cette machine équipée de deux rouleaux horizontaux qui pourrait être un laminoir de boulanger ou une essoreuse de blanchisserie industrielle. Ainsi, ce manche de bois dont une extrémité est hérissée de picots. «Parfois, je me trompe sur la fonction d'un objet, et ce sont les visiteurs qui me corrigent, raconte le fondateur du musée. Il y a quelques années, par exemple, j'avais placé une boule en verre bleu parmi des flacons de parfum. Et puis un jour, un monsieur m'a dit qu'il s'agissait de l'un des premiers modèles d'extincteurs. Les boules étaient remplies d'eau, puis jetées dans le feu où elles se cassaient"»
Si la boule en question est très jolie, sa présence dans un musée consacré à l'épicerie pose question. De même que celle d'un siège de dentiste, d'un sèche-cheveux de coiffeur, de planches à laver abandonnées par les militaires Américains après la guerre de 14-18, d'une incroyable collection de tableaux pieux, de matériel agricole comme cet étonnant ramasse-pommes" Dévoré par sa soif d'accumuler, Pierre Marzorati a perdu de vue depuis longtemps l'objet initial de sa collection. Ou plutôt il lui donne une définition de plus en plus extensive" Les visiteurs s'en fichent, qui reconnaissent avec bonheur des objets connus. «Martin, regarde la petite épicerie, j'avais la même quand j'étais petite. Oh! la petite hotte, oh! le petit fourneau, oh! les petits ustensiles. Qu'est-ce que c'était mignon», dit une maman à un gamin âgé d'une dizaine d'années. «Oh, regarde, de la peinture Fixalo, je crois que j'en ai encore, dit une vieille dame à son époux. «Ah, les manèges de tampons, j'ai connu ça, et ça c'était pour poser les stylos à encre sans tacher les sous-mains», dit un quinquagénaire à sa femme. Chaque année, 5.000 visiteurs poussent la porte du musée. «50% sont des gens de Paris qui ont des résidences secondaires par ici. Je les vois revenir avec des amis différents», dit Pierre Marzorati. Malgré ce succès que bien des musées lui envieraient, le conservateur tire la langue. Lui qui espérait vivre de cette activité, - à cinquante ans on est loin de la retraite -, a du mal à joindre les deux bouts. La cuisine sacrifiée en salle d'exposition. Faute de subvention, tout l'argent collecté passe dans les frais de fonctionnement. De fait, ni la commune, pourtant intéressée au premier chef, ni le département, ni la région, ni l'Etat, ne lui versent le moindre sou. «Je cherche un pont», dit elliptiquement le maire. En clair, le premier magistrat de ce village de 140 âmes cherche le moyen, ou plutôt le prétexte, qui lui permettrait de subventionner cette activité. Il est vrai que les villageois ne voient pas d'un très bon oeil cet afflux de visiteurs qui dérangent leur quiétude."
Les Muséales de Tourouvre
15 rue Mondrel
61190 Tourouvre
http://www.musealesdetourouvre.com/fr/accueil.html
*** La vie réserve de magnifiques surprises ... En fait c'est en mai 2010 que j'ai visité ce Musée et c'est avec un immense retard que je mets mon article en ligne . J'en ai profité pour faire de nouvelles recherches et ..... j'ai une formidable nouvelle à vous annoncer !
L'ÉPICERIE DE LIGNEROLLES EXISTE DE NOUVEAU sous le nom de L'INZOLITE Pierre Marzorati a réouvert en juillet 2011 dix salles d'expositions.
De la presse du début du siècle aux cabinets de curiosités d'hier, d'aujourd'hui et pourquoi pas de demain, une nouvelle scénographie originale vous attend à Lignerolles !
Bientôt sur LES GRIGRIS DE SOPHIE des photos et une vidéo enthousiasmante !
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